Découvrez tout ce qui se trame dans les coulisses à un peu moins de quatre mois des prochaines législatives ! Qui sont les candidats déjà déclarés et les « potentiels » ? Notre journaliste Yves Mont-Rouge vous dit tout, y compris les arrangements derrière la cuisine.
Les élections législatives auront lieu les 12 et 19 juin prochains. Les électrices et les électeurs devront d’abord élire le Président de la République avant de décider de donner (ou pas) à ce dernier une majorité à l’Assemblée nationale pour gouverner la France. A 57 jours de la présidentielle (10 et 24 avril), les soutiens commencent à se concrétiser pour les candidats à l’Elysée. Des ministres arrivent en visite officielle. C’est le cas depuis hier, dimanche 13 février 2022, de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, mais également président des comités à la réélection d’Emmanuel Macron (CREM). Des candidats à la présidence de la République viendront bientôt en campagne dans notre département à l’instar de Jean-Luc Mélenchon (Mouvement Populaire) qui tiendra un meeting à la Nordev le 26 février. Eric Zemmour (extrême droite est également annoncé). Marine Le Pen (Rassemblement National) était venue le 20 décembre dernier. D’autres candidats et candidates devraient fouler le sol réunionnais d’ici à avril. Bref, vous l’aurez compris, la campagne électorale de la présidentielle bat son plein. Parallèlement, une autre campagne se déroule tout aussi activement, celle des législatives.
A la Réunion, les 7 députés élus il y a 5 ans (les 11 et 18 juin 2017) remettront leur mandat en jeu. Ils sont les sortants. Mais qui seront les « sortis » au soir du 19 juin. Chacun et chacune essayent de défendre leur bilan en caressant l’espoir d’obtenir de nouveau la confiance d’une majorité d’électeurs et décrocher ainsi un mandat pour les 5 ans qui viennent. Les négociations ont déjà démarré aussi bien dans que derrière la cuisine. Les états-majors affûtent leurs armes. Des stratégies sont ébauchées en silence. Des accords sont en discussion. Nous allons passer aujourd’hui en revue les sept circonscriptions et vous expliquer qui sont les candidats déjà déclarés officiellement ainsi que les candidats (es) et suppléants (es) potentiels (lles). Nous vous expliquerons également tout ce qui se trame dans les coulisses à un peu moins de quatre mois de ces législatives dont l’enjeu dépasse le seul cadre de l’Assemblée nationale puisque les différents protagonistes et leurs partis politiques respectifs ont déjà un œil rivé sur les élections municipales de 2026 et même après.
Précisons, pour être complet, que ce que nous vous présentons aujourd’hui évoluera évidemment car au fil des jours et des semaines à venir, surtout après la présidentielle d’avril prochain, des candidats se manifesteront et les états-majors pourraient revoir leur stratégie.
Dans la 1ère circonscription : Philippe Naillet (PS) contre Jean-Jacques Morel et/ou Murielle Sisteron, Farid Mangrolia…
A l’exception de deux cantons, cette 1ère circonscription est composée essentiellement de la commune de Saint-Denis. Elle compte un peu plus de 80 000 inscrits. En 2017, pas moins de 17 candidats étaient en lice mais au final la bataille, pour ne pas changer, s’est jouée entre les deux blocs, à savoir la gauche et la droite. La gauche incarnée par Ericka Bareitgs et la droite par Jean-Jacques Morel. Dès le 1er tour, la socialiste Ericka Bareigts devance largement son concurrent de droite Jean-Jacques Morel : 47,23% des suffrages contre 21,68%. Au second tour, le 18 juin 2017, Ericka Bareigts est élue sans surprise avec 65,85% des voix tandis que Jean-Jacques totalise 34,14% des suffrages. En 2020, Ericka Bareigts est élue maire de Saint-Denis. Elle passe alors le relais de la députation à son suppléant Philippe Naillet. Ce dernier l’avait déjà remplacé en 2016 lorsqu’elle était devenue secrétaire d’Etat, puis ministre.
Philippe Naillet va, cette fois, se présenter sur son nom. Une première pour celui qui, entretemps est devenu le premier secrétaire fédéral du PS, un parti qui ne pèse plus très lourd. Mais dans ces élections législatives, c’est surtout le poids de la mairie de Saint-Denis qui compte. Même si aux dernières régionales (juin 2021), Ericka Bareigts a perdu dans le chef-lieu (pour l’avoir un peu négligé sa commune au profit des autres localités de l’île durant la campagne des régionales), elle a malgré tout réussi à gagner les cantons de Saint-Denis aux départementales de la même année. Et tout laisse à penser qu’elle a repris la main à Saint-Denis depuis juin 2021 tant elle mène une politique de proximité quasi quotidienne auprès de ses administrés. Philippe Naillet sera en outre, pas seulement le candidat du PS ou de la mairie de Saint-Denis, il bénéficiera également du soutien de la majorité régionale composée de PLR (Pour la Réunion d’Huguette Bello), du PS (Parti socialiste avec le soutien d’Ericka Bareigts et de Gilbert Annette) et du Progrès (Patrick Lebreton). Le mot d’ordre d’Huguette Bello pour ces législatives étant le suivant : soutien aux sortants de la majorité régionale. Philippe Naillet en fait partie.
A droite, le parti « LR/Les Républicains », ne s’est pas encore prononcé concernant les investitures. Jean-Jacques Morel (Objectif Réunion), devenu depuis peu chef de file du groupe de l’opposition à la Région, a fait acte de candidature. Mais il n’est pas le seul. René-Paul Victoria, qui a été maire de Saint-Denis (2001-2008) et député de la 1ère (2007-2012), soutient la candidature d’une jeune femme qui, à l’époque, a fait partie des jeunes POP’S de Sarkozy. Il s’agit de Murielle Sisteron, avocate, inscrite au barreau de Saint-Denis depuis 2016. Une ancienne militante très active du côté de Vauban qui a quitté l’île pour aller étudier le Droit et préparer son diplôme d’avocate.
Elle est ensuite passée par les Antilles pour revenir s’installer dans son île natale. « Une marmaille la cour », comme on dit. Qui aura l’investiture « LR » ? Jean-Jacques Morel, qui a été très proche de Didier Robert (ancien président de Région), également proche de Nathalie Bassire, l’oratrice de Valérie Pécresse, ou Murielle Sisteron, soutenue par René-Paul Victoria, faisant partie du cercle de Michel Fontaine, patron de « LR » à la Réunion ? La Commission nationale d’investiture devrait se réunir d’ici à fin février à Paris. Qu’il obtienne ou non l’investiture, Jean-Jacques Morel a déjà lancé sa campagne. Il réagit sur quasiment tous les sujets d’actualité locale via des communiqués de presse, s’affiche de plus en plus sur les réseaux sociaux, un coup avec son chien « Magie » ou alors avec sa petite fille qu’il accompagne à l’école. Murielle Sisteron, pour sa part, de nature plutôt discrète, attend sagement la décision de la CNI de « LR ». A noter également, dans cette circonscription, la candidature qui sera officialisée ce mercredi de Giovani Payet du mouvement « La Voix citoyenne ».
Sans compter évidemment sur Farid Mangrolia, le premier candidat officiellement déclaré pour l’instant dans cette 1ère circonscription. Farid Mangrolia est à la tête du mouvement « Tous Dionysiens ».
Il est soutenu par Hary Grondin, qui avait été candidat aux départementales à Saint-Denis en juin dernier. Farid Mangrolia a été candidat sans étiquettes aux législatives de 2017 (731 voix) et candidat en 2021 aux départementales sous la bannière de « TOUS DIONYSIENS » ( 11,68 % ).
Dans la 2ème circonscription : Karine Lebon face à Audrey Fontaine, Virginie Perron…
Un peu comme Philippe Naillet dans la 1ère circonscription, Karine Lebon sera la candidate de la majorité régionale. C’est la petite protégée d’Huguette Bello, laquelle a été députée durant plus de 20 ans. Le 11 juin 2017, Huguette Bello aurait pu devenir députée dès le 1er tour, mais le taux de participation n’a pas été suffisant. Au second tour, avec 73,59% des suffrages, elle bat Cyrille Melchior (26,41%). Rappelons que cette circonscription composée de Saint-Paul, Le Port et La Possession, a toujours été la sienne.
En 2020, Huguette Bello est élue maire de Saint-Paul battant ainsi au second tour Alain Bénard à qui le maire sortant Joseph Sinimalé avait cédé la tête de liste. Le suppléant à la députation d’Huguette n’est autre que le maire du Port, Olivier Hoarau, mais ce dernier ne souhaite pas lâcher sa commune. D’où de nouvelles élections législatives partielles en septembre 2020 avec 14 candidats en lice. Là aussi, faute d’une participation suffisante (seulement 15,15%) au premier tour, Karine Lebon va devoir attendre le second tour pour récupérer le mandat. Au second tour, le 27 septembre 2020, elle est largement élue (71,96% des voix) face à Audrey Fontaine, la candidate de la droite. Les 12 et 19 juin prochains, ce sera bis-repetita.
La bataille va de nouveau se jouer entre Karine Lebon pour la gauche et Audrey Fontaine. Cette dernière devrait avoir l’investiture de « LR ». Mais elle ne sera sans doute pas la seule candidate à droite. Virginie Perron, ancienne élue de Joseph Sinimalé à Saint-Paul, tout comme elle, pourrait être de la partie, avec le soutien, entre autres, des adjoints de l’ancienne majorité municipale dont Fabrice Marouvin. Audrey Fontaine compte sur son statut de chef de file de l’actuelle opposition municipale (face à Emmanuel Séraphin) pour tenter de faire la différence… à droite. Mais il va sans dire que cette circonscription est, électoralement parlant, quasiment taillée sur mesure pour la candidate de la majorité régionale.
Dans la 3ème circonscription : Nathalie Bassire contre Patrice Thien-Ah-Koon, Monique Bénard…
Cette 3ème circonscription se compose d’une partie de la commune de Saint-Louis, puis de Cilaos, de l’Entre-Deux et du Tampon. Saint-Louis et Cilaos ne sont plus à droite. Saint-Louis est « indépendante » (c’est-à-dire M’Doihomaiste, qui se gère elle même) et Cilaos, avec Jacques Técher, est passé à gauche et fait aujourd’hui partie de la majorité régionale. Comme d’habitude, c’est l’ampleur de la mobilisation de l’électorat tamponnais qui fera la différence dans cette circonscription. En un mot, c’est le Tampon qui « fait » le ou la député (e) dans cette circonscription. 11 candidats s’étaient alignés sur le départ au 1er tour des législatives 2017. Le sortant était le socialiste Jean-Jacques Vlody. Didier Robert, homme fort de la droite à cette époque, avait soutenu Nathalie Bassire tandis qu’André Thien-Ah-Koon, le maire du Tampon, avait poussé son fidèle ami Jacquet Haoarau. Avec les gros moyens de la Région et le soutien de Cilaos et de l’Entre-Deux, Nathalie Bassire (56,44%) a été élue face à Jacquet Hoarau (43,56%).
La donne a considérablement changé 5 ans plus tard. Didier Robert n’est plus dans le circuit. La Région a basculé à gauche. En 2020, Didier Robert a soutenu Tak aux municipales du Tampon, larguant ainsi Bassire en rase campagne. Et Tak le lui a bien rendu aux régionales de 2021 sur le Tampon. Pour ces législatives, Nathalie Bassire, oratrice de Valérie Pécresse à la Réunion, a d’ores et déjà le soutien de la candidate « LR » à la présidentielle. Elle devrait également obtenir l’investiture de « LR ». Mais l’investiture de « LR » national ne veut strictement pas dire soutien de la droite locale et, encore moins, celui de Michel Fontaine. Il n’y a certes encore rien d’officiel mais André Thien-Ah-Koon va sûrement pousser son fils Patrice à la députation face à Bassire. L’actuel adjoint au maire du Tampon, notaire de formation, connaît bien l’Assemblée nationale pour avoir été aux côtés de son père de 1986 à 2006, lorsqu’il faisait ses études de notariat. Il connaît le job. A gauche, Huguette Bello a confié à Patrick Lebreton, son 1er vice-président, le soin de trouver le ou la meilleure (candidat-e) possible. Une tâche pas facile.
Le nom de Monique Bénard, qui était colistière de la liste du Progrès aux dernières régionales revient souvent. La compétition s’annonce rude dans cette circonscription entre la droite et… la droite. Du côté de la majorité municipale, le maire attend la fin de la présidentielle pour positionner son candidat. Une formalité pour André Thien-Ah-Koon qui est à l’aise aussi bien avec Valérie Pécresse (il a chaleureusement reçu Christian Jacob le patron national de Les Républicains au Tampon, en décembre dernier) qu’avec la Macronie. Vous remarquerez au passage que Sébastien Lecornu, en visite dans notre île depuis hier, consacrera une grande partie de sa visite au Tampon et à Saint-Pierre. Emmanuel Macron a besoin de soutien. La droite n’est pas entièrement sourde à cet appel. Ceci explique donc cela ! On n’en dira pas plus pour le moment.
Dans la 4ème circonscription : une formalité pour le sortant David Lorion ?
Une circonscription composée des communes de Saint-Pierre, Petite-Ile et de Saint-Joseph. Petite-Ile avec son maire Serge Hoareau est En Marche certes, mais En Marche aussi avec Michel Fontaine. Si Petite-Ile fera Macron à la présidentielle, Serge Hoareau fera à fond campagne pour David Lorion aux législatives. A Saint-Pierre, pas besoin de vous faire un dessin. Sans compter que David Lorion, le fidèle à Michel Fontaine, est aussi le responsable de campagne de Valérie Pécresse à la Réunion. Parmi les 12 candidats en lice au 1er tour des élections de 2017, David Lorion a fini premier, au second tour, avec 54,39% des voix face à Virginie Gobalou (45,61%). Depuis juin 2021, Virginie Gobalou fait partie de la majorité régionale, élue au départ sur la liste PS conduite par Ericka Bareigts. Qui défendra les couleurs de la majorité régionale dans cette circonscription ? Il en revient à Patrick Lebreton de décider ! Mais quel que soit le candidat ou quelle que soit la candidate, David Lorion est un député « qui tient la route » ; Un universitaire qui connaît très bien ses dossiers et qui est surtout reconnu et apprécié par ses pairs à Paris, y compris par « LR » national. Sans compter qu’il occupe beaucoup le terrain dans sa circonscription.
Un candidat s’est déjà déclaré officiellement. Il s’agit de Stéphane Albora de « La Réunion plus verte », mouvement mené par Emmanuel Doulouma, qui veut « dégager » Michel Fontaine de la mairie de Saint-Pierre.
Dans la 5ème circonscription : un deal Selly-Virapoullé pour barrer la route à Ratenon-Bédier ?
Patrice Selly n’est pas candidat aux législatives, mais c’est tout comme. Idem pour Jean-Marie Virapoullé. Cette bataille comptera beaucoup pour le chef de file de l’opposition à Saint-André même s’il ne sera pas directement impliqué. Dans cette grande circonscription qui va de l’Est à l’extrême Sud-Est et qui se compose 7 communes (Saint-André, Salazie, Bras-Panon, Saint-Benoit, Plaine-des-Palmistes, Sainte-Rose et Saint-Philippe), la bataille électorale va être palpitante pas seulement entre La France Insoumise de Jean-Hugues Ratenon et la droite mais surtout au sein de la majorité régionale. Vous le savez, le mot d’ordre de la présidente Bello aux législatives est clair comme l’eau de roche : « le soutien aux députés sortants ». Aucun problème dans la 1ère (Philippe Naillet), idem dans la 2ème (Karine Lebon).
En revanche, attention, « bèsement dans la case » dans la 5ème circonscription. Patrice Selly, patron du jeune mouvement « BANIAN » passera outre ce mot d’ordre « présidentiel régional » et présentera un candidat contre le député sortant Jean-Hugues Ratenon qui, rappelez-vous, à la grande surprise générale, alors qu’il avait terminé loin derrière le candidat de la droite unie Daniel Gonthier au 1er tour du scrutin de 2017 (17,38% contre 30,51% à l’ancien maire de Bras-Panon), avait réussi l’exploit d’inverser la tendance au second tour en battant le candidat de la droite : 52,88% contre 47,12%. On ne va pas vous refaire le film, ni remuer le couteau dans la plaie de la droite. Daniel Gonthier qui s’y voyait déjà qui pleure, Ratenon, le rescapé, qui rit. « Merci Jean-Claude Fruteau ». On se rappelle comme si c’était hier de ces images des deux hommes de gauche (le maire socialiste de Saint-Benoit et l’ancien communiste) se donnant chaleureusement l’accolade devant la mairie de Saint-Benoit.
En matière de députation, il faut dire que Jean-Claude Fruteau a toujours été un faiseur de roi. Jean-Paul Virapoullé en sait quelque chose. Quant à Paul Vergès et Claude Hoarau (au moins une fois pour ce dernier), ils en ont fait l’amère expérience. Depuis, la configuration a changé. Jean-Claude Futeau n’est plus à la mairie. C’est Patrice Selly qui l’a remplacé. Lequel Selly est un relativement jeune politique lettré (avocat de profession) mais surtout ambitieux au point qu’il a su s’installer aussi bien dans la majorité régionale d’Huguette Bello via son élu Patrice Boulevard (vice-président) que dans celle départementale de Cyrille Melchior via ses quatre nouveaux conseillers départementaux (le binôme Bruno Robert/Amandine Hoareau et le binôme Augustin Cazal/Sophie Arzal). Il semble maîtriser son électorat à Saint-Benoit (il en a encore fait l’expérience lors des régionales) et ses candidats ont gagné les départementales tant à Saint-Benoit qu’à Saint-Philippe en passant par Sainte-Rose et la Plaine-des-Palmistes. Selly ne parle pas la langue de bois. Il cause sans tabou. Témoin, sa dernière sortie suite aux « violences gratuites » à Bras-Fusil. Il a également l’oreille de la Macronie à Paris. Il présentera son 1er adjoint Ridwane Issa (chef de service à la Région) et dont le papa feu Younousse Issa a été durant de longues années le 1er adjoint de Jean-Claude Fruteau, aux législatives dans la 5ème circonscription où le sortant n’est autre que Jean-Hugues Ratenon, le petit protégé d’Huguette Bello qu’il avait soutenue de toutes ses forces à la Région, et grand supporter de Jean-Luc Mélenchon. Un député « marmaille la kour, ancien Rmiste) qui a fait son chemin à l’Assemblée nationale et qui a su s’imposer même s’il est dans l’opposition gouvernementale et que ses interventions font avant tout le buzz.
Il est dit que dans cette circonscription, un deal pourrait être passé entre Patrice Selly, le maire de Saint-Benoit et président de la Cirest avec Jean-Marie Virapoullé. L’objectif étant de dégommer Ratenon à la députation et Joé Bédier, soutien de Ratenon, à la Cirest. Selon les accords passés entre les maires de l’Est en juillet 2020, la présidence devait se faire à moitié par Selly et par Bédier. Chacun 3 ans. Le mandat de Patrice Selly à la tête de la Cirest s’achève en 2023, date à laquelle, il devra passer le flambeau au maire de Saint-André. Mais il y a de un peu d’eau dans le gaz entre les deux élus. Selly pourrait vouloir garder la main, en comptant sur les voix de l’opposition Saint-Andréenne. D’où le deal en question. D’ailleurs, la suppléante de Ridwane Issa serait Catherine Mangar, une proche de Jean-Marie Virapoullé, ancienne élue de la majorité municipale du temps de Jean-Paul Virapoullé.
Quid du candidat de la droite Stéphane Fouassin aux législatives ? Il a déjà rencontré le maire de Bras-Panon Jeannick Atchapa et celui de la Plaine-des-Palmistes, Johnny Payet (qui soutiendra Marine Le Pen à la présidentielle et siège au sein du groupe de droite de l’opposition à la Région). Il n’a pas encore vu Jean-Marie Virapoullé. Le rendez-vous a été reporté à deux reprises déjà. Les deux médecins sont surbookés manifestement en cette période de Covid. Stéphane Fouassin souhaiterait avoir Herwine Boyer, l’ancienne maire (durant quelques mois) de Saint-Benoit, comme suppléante. Stéphane Fouassin (UDI.Objectif Réunion) a demandé l’investiture de « LR », mais Michel Fontaine ne le porte pas spécialement dans son cœur. Le maire de Saint-Pierre aurait préféré un jeune et nouveau visage, du genre Laurent Virapoullé. Daniel Gonthier, l’ancien maire de Bras-Panon, a déjà fait savoir via Facebook qu’il ne soutiendra pas Fouassin. Les souvenirs de 2017 remontent à la surface. Que fera Sabrina Ramin, la conseillère régionale de droite ? Michel Vergoz, le maire En Marche de Sainte-Rose, pourrait lui aussi se lancer dans la bataille. Ou alors un de ses lieutenants. Et Eric Fruteau ? Une circonscription qui s’annonce très animée !
Dans la 6ème circonscription : Nadia Ramassamy face à Frédéric Maillot, Monique Orphé, Eric Leung, Nadine Gironcel, Emmanuel Virin…
Comme dans la 5ème, la 6ème s’annonce palpitante. Voyons d’abord à droite ! La sortante Nadia Ramassamy, médecin de profession, a déjà le soutien de Valérie Pécresse mais pas encore l’investiture de « LR ». Ce sont deux choses différentes. Emmanuel Virin, délégué « LR » de cette circonscription a aussi fait acte de candidature. Il a le soutien de Jean-Louis Lagourgue et celui des cadres locaux de « Les Républicains » qui souhaitent positionner un jeune et nouveau visage. Donc, même si elle obtient au final l’investiture « LR », il n’est pas dit que Nadia Ramassamy aura le soutien de Jean-Louis Lagourgue à Sainte-Marie, ni celui d’ailleurs de Rémy Lagourgue et encore moins celui de « LR » Réunion.
Rappelons que cette circonscription est composée des communes de Sainte-Marie et de Sainte-Suzanne ainsi que d’une partie de Saint-André et de Saint-Denis. Pas moins de 16 candidats avaient postulé au 1er tour du scrutin de juin 2017. Au second tour, c’est la candidate de droite Nadia Ramassamy, fortement soutenue par Sainte-Marie et Saint-André, qui avait gagné face à la socialiste Monique Orphé (52,61% contre 47,39%).
La donne a changé. La gauche veut récupérer ce mandat. Il y a surtout la majorité régionale qui pourrait pousser le binôme Frédéric Maillot/Karine Nabénéza. Monique Orphé (candidate de Gilbert Annette) qui, en 2017 avait gagné sous les couleurs d’En Marche, va se présenter cette fois avec l’étiquette du PS. Eric Leung (CPME) pourrait faire équipe avec Ramata Touré (présidente du comité de soutien de Macron) et adjointe de Gironcel à la mairie de Sainte-Suzanne. Et ce n’est pas fini !
Le maire communiste de Sainte-Suzanne n’a pas encore dit son dernier mot. Il souhaiterait pousser la candidature de sa fille Nadine Damour-Gironcel, l’actuelle conseillère de la majorité régionale. Ça va être une belle pagaille au sein de la majorité régionale. Sans compter qu’Endemik de Mickaël Sihou, également élu de la majorité régionale sur la liste d’Ericka Bareigts, pourrait soutenir une candidate, à savoir l’ancienne de « Croire et Oser », Vanessa Payet-Pignolet. Ça va être rock n’ roll dans cette 6ème circonscription ! On ne parle même pas du sempiternel candidat Johnny Adécalom. D’autres noms circulent : Didier Gopal (qui avait fait 4,97% des suffrages en 2017), voire même Mathias Dassot, le tout nouveau référent local des Jeunes Avec Macron (JAM)… A suivre !
Dans la 7ème circonscription : le retour de Thierry Robert face à Jean-Luc Poudroux, Claude Hoarau…
Dans cette circonscription qui comprend les communes de l’Etang-Salé, de Saint-Leu, des Avirons, Trois-Bassins et une partie de Saint-Louis et de Saint-Paul, ces législatives auront l’odeur de la revanche. De celle de Thierry Robert, le député « exclu comme un malpropre» par ses pairs de l’Assemblée nationale en 2018 pour une histoire d’impôts pas payés (ou en retard de paiement). En 2017, Thierry Robert, alors maire de Saint-Leu, élu très largement en 2008, puis 2014, également député, élu tout aussi facilement en 2012, est l’homme fort de cette circonscription. En 2017 en effet, il gagne avec plus de 60% des voix face à Fabrice Marouvin. Il y avait 16 candidats au 1er tour dont Emmanuel Séraphin, Sandra Sinimalé, Perceval Gaillard… Election annulée en 2018. En septembre de cette même année, la balle est remise au centre. C’est Pierrick Robert, le frère de Thierry, qui porte les couleurs du LPA (La Politique Autrement) présidée par Bruno Domen. Pierrick Robert est battu par Jean-Luc Poudroux, le candidat de la droite unie, au second tour. Retour triomphant pour l’ancien maire de droite de Saint-Leu (1989-2008) et ancien président du conseil général (1988-2004) sorti brusquement de sa retraite politique.
Pour 2022, le septuagénaire Jean-Luc Poudroux a demandé l’investiture « LR » en passant directement par le bureau national. Il veut repartir au combat. Il a repris goût à la politique même s’il n’a pas vraiment eu le temps de « briller » à l’Assemblée nationale. Jean-Luc Poudroux avait appelé à voter pour la gauche, en l’occurrence pour Huguette Bello et donc contre Didier Robert, le candidat des droites, aux régionales de 2021. Aura-t-il le soutien de la majorité régionale ? Huguette Bello n’a encore rien déclaré à ce niveau. Face à lui, ce ne sera plus Pierrick mais Thierry Robert qui, ces derniers temps, via les réseaux sociaux, s’affiche régulièrement tout sourire avec Eric Ferrère et Daniel Pausé, respectivement maire des Avirons et de Trois-Bassins, tous deux proches de Didier Robert. Thierry Robert n’a qu’un objectif : plus que les législatives, il veut surtout récupérer la mairie de Saint-Leu qu’il avait confiée à son ex « ami de 30 ans » Bruno Domen. Le courant ne passe plus du tout entre les deux ex-amis. Mais dans cette circonscription, il faudra sans doute aussi compter sur d’autres candidats comme Claude Hoarau (de Saint-Louis), père de Fabrice, conseiller de la majorité régionale, qui s’était beaucoup investi dans la campagne des régionales en faveur d’Huguette Bello. Il faudra par ailleurs attendre l’issue des municipales partielles
de l’Etang-Salé, les 20 et 27 février prochains, pour savoir si d’autres candidats pourraient débarquer. La victoire pourrait donner des ailes à certains jeunes ou « élus de la nouvelle génération ».
Y.M.