C’est un communiqué des maires de Saint-Louis, Etang-Salé et de Saint-Leu. Il s’intitule : « De la fin d’un cycle à l’amorce d’une nouvelle démarche réunionnaise ». Voici ci-dessous le communiqué de presse dans lequel ils font part d’une analyse des résultats du 1er tour des législatives d’abord dans la 7ème circonscription, puis à l’échelle de l’île toute entière : « Dans la continuité de notre prise de parole commune du 16 juin dernier et dans la lignée de notre position de jeunes maires réunionnais, nous souhaitons aujourd’hui partager notre analyse des résultats du 1 er tour de ces élections législatives anticipées sur chacune de nos communes et les leçons que nous en tirons à court et moyen terme.
« Le rejet des condamnés et des irrespectueux du scrutin législatif »
Alors que nous avions, nous, fait le choix de rester centrés sur le mandat municipal que la
population nous a confié en 2020, nous avons abordé ces échéances notamment en dénonçant celles et ceux qui déconsidéraient ce scrutin législatif au point de vouloir le détourner via leurs candidatures à des fins municipales.
A la suite du 1 er tour, nous constatons donc avec joie que la grande majorité des électeurs
de nos communes ont clairement rejeté dans les urnes les candidat(e)s que nous avions nous-mêmes disqualifiés d’emblée :
– parce qu’ils s’étaient trompés d’élections,
– et/ou parce qu’ils avaient déjà été condamnés dans l’exercice de leur mandat.
Les électeurs ont su démasquer ces pratiques d’un autre âge qui oublient l’éthique et la
responsabilité. Celles et ceux qui, prétendant(e)s au fauteuil de maire, ont voulu surfer sur
cette élection à enjeu majeur pour le pays pour « compter les voix » en vue des prochaines municipales, ont reçu dès le 1 er tour une belle claque électorale.
Sur la 7 ème , les deux fanfarons – Thierry Robert et Cyrille Hamilcaro – qui espéraient
un retour triomphal n’atteignent même pas le 2 nd tour. L’offre politique qu’ils
représentaient a été soit boudée dans les urnes, soit complètement refusée en générant
une part d’abstention considérable.
A Saint-Louis, comme à Saint-Leu, nous avons même constaté – au-delà d’une base
électorale qui s’est rétrécie (C. Hamilcaro recueille quasiment 2000 voix de moins qu’au 1 er tour des municipales sur le canton de Saint-Louis, tandis que Thierry Robert perd près de 1200 voix entre le 1 er tour des législatives de 2017 et celui de 2024 ) – un cercle de soutiens qui s’est réduit à peau de chagrin. En effet, les deux anciens maires candidats à la députation n’ont même pas réussi à trouver assez d’assesseurs pour tenir les bureaux de vote, et cela même en recrutant en dehors de la circonscription…
Autre score notable : celui très faible enregistré à l’Etang-Salé par l’ancien maire (ayant
déjà fait l’objet de condamnation) et son équipe qui ont tous pris position pour l’ancien
maire de Saint-Louis (condamné lui aussi à plusieurs reprises). Avec uniquement 377 voix
en faveur de Cyrille Hamilcaro, le déclin politique de Jean-Claude Lacouture, qui n’est
plus audible ni suivi, est désormais acté.
Enfin, sur la 3 ème circonscription, dans les bureaux de la Rivière et de Bois de Nèfles
Cocos, sans même avoir pris son envol, le candidat suppléant cette fois-ci, Rémy
Bourgogne est déjà en perte de vitesse. Après avoir pour ce scrutin fait un grand écart
idéologique sur fond de caprice de ne pas avoir été choisi par la France insoumise (une
fois de plus) au bénéfice d’Alexis Chaussalet, ce prétendant au fauteuil de maire récolte une centaine de voix de moins qu’en 2022 dans son quartier ( Le Tapage ) et n’atteint pas
sur l’ensemble du territoire riviérois 550 voix.
Face à la montée du populisme et la menace pour notre vivre ensemble, l’espoir d’une refondation de la politique locale
Par ailleurs, en quittant le terrain de nos communes pour mener une réflexion à l’échelle
de notre île, nous prenons acte de cette montée de l’extrême droite dans les urnes. La colère de bon nombre de Réunionnaises et de Réunionnais a pour résultat de propulser au second tour de ces élections législatives anticipées des candidats sans ancrage de proximité mais portant juste l’étiquette du Rassemblement national (RN).
Or, les récentes déclarations du RN local, tendant à nier le symbole du 20 décembre à La
Réunion, démontrent si besoin en était, combien certaines idées de ce parti peuvent heurter notre histoire, notre identité et les valeurs de notre-vivre ensemble réunionnais.
Désormais, « crier au loup » ne suffit plus. Il importe pour les responsables nationaux, comme pour les élus locaux que nous sommes, d’entendre avec humilité cette colère persistante d’un nombre considérable d’électeurs et d’en tirer les leçons les plus pertinentes.
Ici à La Réunion, c’est clairement le signal d’un besoin de refonte en profondeur des appareils politiques classiques qui n’ont pas su préparer la relève et qui sont considérés par un trop grand nombre de citoyens comme déconnectés des réalités de leur quotidien.
Certes, nous n’avons pas une grande expérience en politique, mais nous voulons justement en tant que jeunes maires – élus sans l’appui des ténors et en combattant les méthodes du passé – apporter notre pierre à l’édifice de la transformation des modes d’action politique locale.
En ce sens, nous poursuivrons nos échanges avec toutes les bonnes volontés qui se reconnaîtront dans cette démarche de sursaut réunionnais afin de faire émerger collectivement un mouvement politique novateur dans ses idées comme dans ses pratiques.
S’agissant du RDV de ce dimanche 7 juillet, comme au 1 er tour, nous n’irons pas vers les
consignes de vote infantilisantes qui irritent les électeurs. Nous partagerons simplement
notre souhait de voir le plus grand nombre de Réunionnaises et de Réunionnais faire des
choix « qui reflètent {leurs} espoirs, plutôt que {leurs} peurs » (Nelson Mandela)