Dans un contexte de tension internationale, de hausse des prix des matières premières, notre île est confrontée aujourd’hui à des enjeux d’approvisionnement de première importance. En effet, les acteurs économiques sont de plus en plus nombreux à exprimer leurs inquiétudes devant les retards de livraison accumulés, dus à
l’allongement des délais d’approvisionnement. Ce problème grave mérite d’être exposé. En effet, plusieurs acteurs maritimes sont de plus en plus réticents à desservir La Réunion du fait des difficultés de congestion que rencontre notre site portuaire.
Pourtant, ces mêmes acteurs du transport maritime participent de cette situation de congestion en n’évacuant que partiellement les stocks de conteneurs vides à l’origine de cette même situation. De sorte que notre complexe industrialo-portuaire se trouve aujourd’hui confronté à un étrange paradoxe. Certains acteurs
maritimes hésitent à desservir La Réunion à cause de la saturation de son port et de l’absence d’espaces disponibles alors même qu’ils contribuent à cette situation de saturation du fait de la non évacuation des conteneurs vides qui occupent un espace qui devrait être consacré au déstockage des conteneurs qui arrivent au Port.
Cette situation est inacceptable. D’abord, parce que le coût du stockage des conteneurs vides non évacués est laissé à la charge des acteurs économiques locaux dans un contexte de raréfaction du foncier à destination des entreprises. Nos acteurs locaux n’ont pas à payer le prix d’une situation de saturation dont ils ne sont
aucunement responsables. Ensuite, parce que cela nuit à la compétitivité de notre enceinte portuaire en ce que certains de ces acteurs maritimes lui préfèrent désormais les ports de King Abdullah en Mer Rouge, de Colombo au Sri Lanka ou encore de Port-Louis à Maurice. Enfin, parce que, et c’est là l’élément le plus
préoccupant, cette situation de congestion contribue à un risque d’augmentation des prix au consommateur final du fait de l’accumulation de tensions et de perturbations sur l’ensemble de la chaîne logistique. En tant que Présidente de Région, je ne puis accepter que les Réunionnais demeurent captifs de cette situation
logistique préoccupante.
J’en appelle donc à la responsabilité des acteurs du transport maritime en leur demandant d’intégrer dans leurs modèles économiques l’évacuation des conteneurs vides de manière à maintenir la compétitivité de notre outil portuaire et afin de ne pas contribuer à l’augmentation des prix sur notre territoire. J’en appelle également à la mise en place d’un dialogue entre les acteurs en présence afin de trouver les solutions les plus pragmatiques et pérennes pour La Réunion.
En tant que membre du Conseil de surveillance du Grand Port Maritime de La Réunion, je veillerai à préserver les intérêts des Réunionnaises et Réunionnais et de notre territoire.