« Nouvelle-Calédonie, l’Histoire nous regarde » : une tribune d’Ericka Bareigts, d’Audrey Bélim et de Philippe Naillet

Nombre de personnes se sont posées la question de savoir pourquoi André Thien-Ah-Koon, pourtant sanctionné par la cour d’appel de Saint-Denis, jeudi dernier (23 mai 2024) était encore présent ce dimanche 26 mai, jour de la fête des mères, avec son écharpe tricolore, à remettre des cadeaux aux mamans de sa commune.

Rappelons qu’André Thien-Ah-Koon a été effectivement sanctionné par la cour d’appel : 8 mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. « Exécution provisoire » voulant dire que son inéligibilité prend effet immédiatement, qu’il perd de facto tous ses mandats politiques, à savoir maire du Tampon, président de la Casud, président du syndicat mixte de Pierrefonds (aéroport du Sud).

En réalité, malgré les condamnations rappelées ci-dessus et « l’exécution provisoire », André Thien-Ah-Koon ne perdra ses mandats qu’après la réception de la notification des sanctions. Autrement dit, durant encore quelques jours, il reste maire du Tampon, président de la Casud et président du Syndicat mixte de Pierrefonds. Raison pour laquelle, c’est en toute légalité, qu’il a remis les cadeaux aux mamans du Tampon, ce week-end.

André Thien-Ah-Koon n’a pas encore dit son dernier mot en tant que maire du Tampon

Une fois que les condamnations de la cour d’appel lui auront été notifiées, il devra rester chez lui. Pour l’instant, il peut également, tout aussi légalement, participer à la préparation de sa succession tant à la mairie du Tampon qu’au sein des autres instances. Comme je vous l’avais précisé depuis vendredi matin, dans mon « Ti Kozman », tout laisse à penser que c’est son fils, Patrice Thien-Ah-Koon, qui devrait reprendre le flambeau à la mairie.

Patrice Thien-Ah-Koon, adjoint à l’actuel maire du Tampon.

Jacquet Hoarau, son fidèle adjoint et ami de longue date, devrait quant à lui hériter de la présidence de la Casud. Mais en attendant, la nouvelle élection en interne, au conseil municipal du Tampon, c’est Jacquet Hoarau qui assurera l’intérim une fois qu’André Thien-Ah-Koon aura reçu la notification de la cour d’appel. A la Casud, comme je vous l’avais également précisé, vendredi dernier, c’est le maire de l’Entre-Deux, Bachil Valy, qui assurera l’intérim de la présidence.

En laissant le fauteuil de maire du Tampon à son fils Patrice et en laissant à tous les autres élus leurs délégations respectives, André Thien-Ah-Koon se garde une marge de manœuvre, celle de récupérer son mandat de maire au cas où il pourrait être réhabilité dans ses fonctions par la Cour de Cassation. Il faut savoir en effet que, via son avocat Me Djalil Gangate, il s’est pourvu en Cassation afin de contester le jugement considéré comme « sévère » de la cour d’appel de Saint-Denis, surtout « l’exécution provisoire », qui va l’obliger à se retirer brutalement de la vie politique, alors que l’inéligibilité tout court lui aurait permis de mener à bien son mandat de maire jusqu’à son terme, en 2026, en attendant le retour de la Cassation.

Dans son entourage et même au-delà, personne ne comprend cette condamnation avec « exécution provisoire » pour avoir participé – directement ou indirectement ? – à l’embauche d’une connaissance, qui n’est même pas de sa famille; Plus précisément à l’embauche d’une Réunionnaise hyper diplômée et qualifiée à la direction de la Sudec (Sem chargée de la gestion des déchets) et dont Tak était le président.

André Thien-Ah-Koon va donc, après discussion avec les membres de l’équipe municipale majoritaire, laisser la place à son fils Patrice, dans l’espoir de la reprendre plus facilement si la Cour de Cassation casse en sa faveur le jugement de la cour d’appel. En tant que « vieux de la vieille » en politique, il sait que les fidèles parmi les fidèles d’hier ne sont pas forcément les fidèles de demain, surtout quand ces derniers se voient hériter de l’écharpe tricolore. Les exemples de trahison ne manquent pas. Lui-même en sait quelque chose après avoir laissé la place à de ses poulains à la mairie du Tampon par le passé; Idem pour Maurice Gironcel à Sainte-Suzanne, Thierry Robert à Saint-Leu et bien d’autres encore. Patrice Thien-Ah-Koon n’est pas du genre à se rebeller, et surtout pas face à ce père à qui il doit tout, politiquement parlant.

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