« Monsieur Virapoullé, la manipulation est un très vilain défaut.
Vous semblez confondre, mais vous connaissant, vous faites semblant et c’est là votre manœuvre, SAR, Schéma d’Aménagement Régional et SRADDET, documents similaires mais au périmètre d’application et à la portée très différentes.
Pour rappel, vous vous étiez engagés dans un projet mégalomane de port à Bois Rouge, auquel personne ne croyait du fait des conditions maritimes. Voyant que les règles en vigueur vous l’empêchaient, vous aviez souhaité adapter ces règles.
Parler du SRADDET et du PADDUC de la Corse dans le débat tel que vous le faites est loin de la réalité. Pour rappel, la loi NOTRE impose un document de planification stratégique de l’espace dans l’Hexagone, alors qu’un document existait déjà dans les Outre-mer, le SAR et en Corse, le PADDUC.
N’étant plus parlementaire, vous aviez souhaité imposer, lors des débats sur la loi Égalité Réelle Outre-mer, ce SRADDET à La Réunion. Vous aviez annoncé que votre ancien ami, alors sénateur, Didier Robert allait porter cet amendement au Sénat (JIR du 2 février 2016). Mais le Sénat tout entier, lors du débat du projet de loi EROM, avait pu constater que celui-ci avait surtout brillé par son mutisme. Vous êtes alors passés en misouk mais sans plus de réussite par un élu Guadeloupéen et non pas Réunionnais, car vous saviez que votre demande n’était même pas entendue par vos compagnons politiques !
Vous vouliez ainsi remplacer le SAR par le SRADDET, pour la seule raison que ce document moins protecteur des terres réunionnaises aurait très certainement permis plus facilement de faire que des terres agricoles soient plus facilement affectées à des opérations immobilières lucratives. Peut être que ce document non prescriptif d’affectation des terres vous aurait permis, avec votre ancien ami, aussi président de Région, de mieux dilapider les terres réunionnaises. C’était ce qu’il se cachait sous le slogan fallacieux : Libérez la terre réunionnaise ! Car elle devait profiter surtout aux grands propriétaires.
Oui, le SAR et sa révision nécessite une procédure lourde. Mais oui, notre terre réunionnaise, rare et si précieuse, mérite ce travail herculéen, une réflexion et un débat en profondeur, pour établir leurs meilleures prescriptions pour nos règles communes pour protéger, aménager, créer la ville, construire des logements. Mais aussi préserver l’eau, notre agriculture, notre biodiversité exceptionnelle et notre Parc National que vous n’avez eu de cesse de remettre en cause. L’ancien président de Région voulait en effet faire de notre Parc National un Parc Régional et ainsi affaiblir le niveau de protection de notre très fragile écosystème. Or, notre nature est notre bien commun, l’héritage que nous laissons aux générations futures.
Alors oui, en tant que ministre, je me suis opposée à votre manœuvre qui visait à dégrader le niveau de protection de la terre réunionnaise et nous avons gagné cette lutte. Et j’en suis fière pour nos enfants et arrières-petits-enfants.
L’eau étant un de ces biens précieux, votre démonstration sur la base d’exemples sur le mode de gestion de l’eau potable aux Antilles me laisse pantois quand on connaît les difficultés des familles Saint-Andréennes à avoir accès à une eau de qualité. Quand on peut vous reconnaître un certain talent de tribun utile dans les joutes parlementaires, le résultat de vos mandats successifs à la tête de Saint-André a démontré par bien des aspects, vos lacunes quand il s’agit d’aménagement et de développement de notre territoire.
Pour cela, je défends un projet réunionnais, celui d’un territoire français, européen au coeur de l’Océan Indien, coopérant avec son environnement géographique.«
Ericka Bareigts