Présidentielle, législatives ou le « Caloubadia » politique !

Huguette Bello qui appelle à voter Macron au second tour de la présidentielle… Comme Patrice Selly. C’est un raccourci, je sais. En fait dans son long communiqué, la présidente de Région avait précisément : « …C’est pourquoi, je demande aux Réunionnaises et aux Réunionnaises, solennellement, de faire le choix de la République pour faire barrage à l’extrême droite. C’est à un vote lucide et responsable que je vous appelle à ce second tour pour écarter le danger de l’extrême droite ». Implicitement, ça revient bien à la déduction que j’en ai faite, même s’il est vrai que, vu sous cet angle, Huguette Bello ne dit pas « votez Macron », tout en disant « ne votez pas Le Pen » et en appelant « à faire le choix de la République, à un vote lucide et responsable ».  Ratenon est sans doute à demi rassuré mais intérieurement il doit quand même « rager » ! Michel Vergoz, Selly et bien d’autres encore qui font aujourd’hui partie de la « Maison commune » en faveur d’Emmanuel Macron. Et les mêmes élus qui, tout de suite après la présidentielle, vont inévitablement se tirer dans les pages en juin, lors des législatives… Présidentielle, législatives ou le grand « Caloubadia » politique. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que, reconnaissez quand même que cette élection présidentielle, au soir du premier tour, a laissé place à des situations pour le moins comiques quant au positionnement des uns, des unes et des autres en vue du second tour.

En tout cas, elles donnent du grain à moudre aux citoyens, à l’homme de la rue. Comble de l’ironie, Huguette Bello, présidente de Région et présidente de PLR (Pour La Réunion), pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres, va appeler à voter en faveur d’Emmanuel Macron, le candidat qu’elle et sa majorité régionale ont combattu lors du premier tour. « C’est pour faire barrage à l’extrême droite ». Mme Bello fait partie de cette génération d’élus qui savent ce que veut dire l’extrême droite, alors que certains de ses élus, beaucoup plus jeunes, n’en ont que faire de l’idéologie du Parti de Mme Le Pen et, plus encore, de celui du papa, Jean-Marie, et ne veulent plus entendre parler du « front républicain ».

Il y en a beaucoup qui, au sein de la majorité régionale, n’appelleront pas à couler un bulletin Macron le 24 avril prochain. Jls ne tiendront pas compte de la consigne d’Huguette Bello, localement, ni de celle (la même) de Jean-Luc Mélenchon, au national. Jean-Hugues Ratenon, le député de La France Insoumise, ne s’est pas encore positionné. Il attend, dit-il, de consulter encore un peu la population pour donner une consigne. Il a déclaré en début de semaine que « les Réunionnais qui ont voté Marine Le Pen ne sont pas des fachos mais des fâchés ». Pas mal, la formule, il faut le reconnaître, car il serait injuste en effet de taxer de « racistes » les milliers de malbars, de cafres, de chinois, de z’arabes, de yabs, de zoreils, de mahorais (Marine Le Pen a terminé en tête du premier tour à Mayotte) qui ont voté, le 10 avril dernier, en faveur de la candidate du Rassemblement National.

Cette configuration du second tour, à savoir le remake de 2017, le duel Macron-Le Pen, embarrasse nombre d’élus Mélenchonistes. Je reprends l’exemple de Ratenon, député sortant de la 5ème circonscription, candidat à sa succession, qui va devoir croiser le fer avec Ridwane Issa, 1er adjoint de Patrice Selly, maire de Saint-Benoit et président du parti « BANIAN ». Ratenon, le Mélenchoniste, et Selly, le Macroniste ne se sont plus adressés la parole depuis longtemps. Ils s’évitent, se lancent des piques à distance.

Quand Ratenon évoque Selly, il parle du « Pied d’bois », en référence à « BANIAN », qui, comme chacun le sait, avant d’être un mouvement politique, est avant tout un arbre, un gros arbre. Mélenchon est arrivé en tête dimanche dernier à Saint-Benoit comme dans 20 autres communes de l’île. Macron est arrivé 3ème à Saint-Benoit comme dans 22 autres communes de l’île. Imagine-t-on Ratenon aujourd’hui demander à ses militants de Saint-Benoit de voter pour le candidat soutenu au premier tour par Patrice Selly, soutien de Ridwane Issa aux législatives des 12 et 19 juin prochains, contre le même Ratenon ? Imagine-t-on Ratenon qui, à l’Assemblée nationale, dans son costume de député de l’oppistion, n’a pas fait de cadeau depuis ces cinq dernières années à la politique gouvernementale de Philippe-Castex-Macron, apporter de l’eau au moulin du Président sortant et, par conséquent, à celui de son adversaire politique à Saint-Benoit, en sachant aussi que dans cette 5ème circonscription de la Réunion, l’un des seuls maires qui pourrait lui apporter un soutien aux législatives, n’est autre que Johnny Payet de la Plaine-des-Palmistes, lequel a parrainé Marine Le Pen à la Réunion ?

« Castex devrait comprendre que le casse-tête actuel des Réunionnais, ce n’est pas la présidentielle, c’est l’huile ! »

Ce qui est valable à Saint-Benoit l’est aussi dans d’autres communes ou circonscriptions de l’île. Vous comprenez mieux pourquoi certains maires, notamment les Mélenchonistes, tardent à se positionner en vue du second tour de la présidentielle. Ils pensent tous pouvoir profiter de l’effet d’aubaine présidentielle aux législatives. Mais à moins d’être naïfs, disons-le tout de suite, ce n’est pas parce que Jean-Luc Mélenchon a fini largement en tête du premier tour localement avec 40% des suffrages que l’on va se retrouver avec 7 députés LFI au soir du 19 juin prochain. Chaque élection a évidemment sa particularité et il ne faut pas tout mélanger. Tout cela m’amène ainsi à parler de « Caloubadia » politique, parce qu’en créole réunionnais, « Caloubadia », veut dire histoire compliquée, imbroglio. Vous l’aurez compris, ce second tour de la présidentielle qui s’annonce serré en métropole, ne sera pas des plus simples non plus, ici, où le front républicain ne sera pas aussi évident qu’en 2017 tant la colère des citoyens est grande.

Les militants de Mélenchon et de tous les candidats qui se sont présentés contre Macron sont quelque peu perdus. Nombreux pourraient s’abstenir car ils sont anti-Macron mais sans adhérer pour autant aux idées de Marine Le Pen. D’autres, en revanche, pourraient aisément couler un bulletin Le Pen dans l’urne. Et une partie fera sans doute barrage à l’extrême droite.

Celles et ceux qui voteront Le Pen considèrent que la candidate du RN, via son programme électoral, est plus sensible à leurs préoccupations quotidiennes telles que le pouvoir d’achat, la vie chère, l’emploi, la sécurité, alors qu’Emmanuel Manuel n’arrive pas totalement à se débarrasser de cette image de « Président des riches » qui lui colle à la peau un peu comme carapates su tété bœuf.

Reste à savoir si Jean Castex, arrivé hier jeudi pour quelques heures de campagne, pourra sauver les meubles. Reste à savoir s’il va pouvoir se montrer plus convaincant que les soutiens locaux du Président sortant qui, en dépit de tous leurs efforts, n’ont pas pu inverser l’ordre d’arrivée d’il y a 5 ans. Emmanuel Macron est en effet resté confiné à la 3ème place derrière Mélenchon et Marine Le Pen. La droite locale, via ses ténors, fait bloc derrière Macron. On les a vus hier à Saint-Denis et dans le Sud. Cyrille Melchior, André Thien-Ah-Koon, Bachil Valy, Nassimah Dindar, Michel Fontaine, patron de « LR » (relaxé la semaine dernière dans l’affaire de la Cité des dirigeants)… « déambuler » (j’aime beaucoup ce mot qui me fait penser à déambulateur) dans les rues aux côtés de Jean Castex, venu non pas en tant que chef du gouvernement mais avec sa casquette de militant d’En Marche, en soutien à Emmanuel Macron, dans le cadre de la campagne électorale du second tour.

Le problème, c’est qu’il arrive à un moment où les Réunionnais ont un autre « casse-tête » : ils sont à la recherche de l’huile. En clair, ils sont plus nombreux à faire la queue devant les grandes surfaces pour essayer de dégoter un peu d’huile, qui est aujourd’hui rationnée, plutôt que d’aller écouter les politiques, qui ne disent pas toujours la vérité.

N’est-ce pas Michel Vergoz ? Le maire de Sainte-Rose, soutien historique du Président sortant, a déclaré hier que « Jean Castex est un citoyen comme tout le monde, qu’il a payé son billet d’avion pour venir faire campagne pour Emmanuel Macron à la Réunion ». Oté Michel !

Certes Michel Vergoz est l’un des rares maires à avoir été suivi par la majorité des votants dans sa commune. C’est la seule commune où Emmanuel Macron a fini en tête au soir du premier soir. Mais pour autant, est-ce ce « bon » résultat lui donne le droit de raconter n’importe quoi en allant jusqu’à dire que Castex a payé de sa poche son billet d’avion pour venir à la Réunion ? Dit comme ça, on serait presque tenté de lancer une cagnotte letchi pour permettre au « pauvre » chef du gouvernement-militant d’En marche-soutien de Macron, de payer son billet d’avion, ou encore à faire une demande auprès de Ladom (ou de la Région) pour qu’il puisse bénéficier de la continuité territoriale qui est à présent accordée une fois tous les 3 ans, tandis que les élus eux, voyagent gratis, plusieurs fois par an dans le cadre de leurs missions. Soyons sérieux Michel Vergoz, camarade socialiste de LREM ! Je pense que le billet de M. Castex sera pris en charge par le Parti présidentiel. Et c’est tout à fait normal !

« Des politiques, dont certains millionnaires, qui font la manche aujourd’hui; On aura tout vu ! »

A ce propos, je vous disais plus haut que cette présidentielle donne dans du comique, mais aussi dans le pathétique. Je veux parler de la quête lancée depuis dimanche soir par les partis politiques traditionnels que sont « LR » de Valérie Pécresse, « EELV » de Yannick Jadot, « PS » d’Anne Hidalgo ou encore « PCF » de Fabien Roussel. Des candidats qui n’ont pu passer le cap de 5% et qui se retrouvent « plumés » avec une main devant, une main derrière. Ils font pitié. Ils sont « oki » ; Na pu l’arzent, pauvres tite bête ! Faudrait lancer un appel à la générosité des Réunionnais sur radio Free Dom pour renflouer les caisses de ces partis politiques et de leurs ténors, parmi lesquels Valérie Pécresse dont le patrimoine personnel est estimé à 10 millions d’euros. Rien que ça ! Des politiques qui font la manche, on aura tout vu ! Allez, messieurs, dames les allocataires du RSA ou bénéficiaires des allocations chômage, faites un geste pour ces partis qui se retrouvent, au lendemain du premier tour de la présidentielle, sur le bord du chemin.

Pourquoi ne pas demander un petit chèque à l’ancien responsable de la Cité des dirigeants, condamné, la semaine dernière, par le tribunal correctionnel de St-Denis à un peu de prison avec sursis et à 10 000 € d’amende (seulement) pour avoir fait disparaître dans la nature 1,4 million d’euros d’argent public dans la nature ? Il doit bien être planqué quelque part cet argent de nos impôts ? Rappelons que les deux élus concernés par cette affaire – de près ou de loin ?- à savoir Gérald Maillot, ancien président de la Cinor et Michel Fontaine, toujours président de la Civis, ont été quant à eux relaxés.

Relaxé également Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph, qui était poursuivi par son opposant du conseil municipal, Jeannot Lebon, pour « injures et insultes raciales ». Je fais volontairement ce petit clin d’œil pour vous dire que si le maire de Saint-Joseph, à l’instar de son homologue de Sainte-Rose, fait partie des seuls maires à avoir été suivi par son électorat. En 2017, il appelle à voter en faveur du socialiste Benoit Hamont. C’est ce dernier qui arrive en tête. C’est d’ailleurs la seule commune qui vote Hamont à ce moment là. En 2022, il appelle à voter Mélenchon, il est toujours suivi par les électrices et électeurs de Saint-Joseph. Pour le second tour, il demande à l’électorat de Saint-Joseph, à la manière de Mélenchon, de « faire barrage à Marine Le Pen ». Sans pour autant demander à voter Macron. Autrement dit, ils peuvent aussi voter blanc, nul ou s’abstenir. Un petit clin d’œil à Cyrille Melchior qui a mené une campagne très active en faveur de Macron, qui arrive à la deuxième position à Saint-Paul, terre politique du président du Département. Il reste encore une dizaine de jours de campagne, un grand débat télévisé mercredi prochain entre les deux finalistes, pour bien réfléchir et voter en son âme et conscience. Comme dirait l’autre, » si ou vote pas dimanche 24 avril, pas besoin rouvre out bouche lundi 25 » !

Quelques mots sur les législatives pour clore ce chapitre politique. Je vous l’avais annoncé depuis longtemps, bien avant tous mes confrères, la candidature de Ridwane Issa dans la 5ème circonscription et de sa suppléante Catherine Mangar, une militante proche des Virapoullé, qui a été élue municipale. (Voir photo ci-dessous).

Catherine Mangar et Ridwane Issa.

Je vous l’avais annoncé également : la candidature de Nadine Gironcel, la fille du maire de Sainte-Suzanne, dans la 6ème circonscription. Une candidature qui devrait être officialisée ce samedi. Idem pour la candidature de Frédérik Maillot, vice-président de la Région, dans cette même circonscription, qui aura comme suppléante Leila Langenier, fille de feu Lucet Langenier, ancien maire de Sainte-Suzanne, sans qui Maurice Gironcel ne serait devenu ce qu’il est aujourd’hui dans cette commune. Toujours dans cette circonscription, je vous avais également annoncé, depuis très longtemps, la candidature d’Eric Leung (En Marche). Aux dernières nouvelles, sa suppléante pourrait être une journaliste de Réunion La 1ère, qui faisait un peu de présentation durant le week-end. A suivre !

Enfin, pour terminer, et cela n’a rien de politique, même s’il s’agit d’une élection : j’ai eu connaissance qu’un recours a été déposé auprès du tribunal administratif de Saint-Denis concernant l’élection du nouveau secrétaire général de la CGTR Educ’ Action, à savoir Joël De Palmas, à la place de Patrick Corré. Une élection qui s’est déroulée le mardi 12 avril dernier dans les locaux du CREPS. Elle aurait été marquée, semble-t-il, par toute une série de vices de procédure. Restez connectés sur freedom.fr, je vous en dirai plus très prochainement.

Je vous parlerais également des terrains de l’arrière port, chasse gardée des grands patrons de la Réunion qui les exploitent depuis des décennies pour une bouchée de pain. Il est beaucoup question dans les coulisses d’une autre campagne électorale, celle de l’élection qui aura lieu du 4 au 17 mai à la Chambre de commerce et d’industrie de la Réunion (CCIR). Je m’arrête là pour aujourd’hui car on me reproche souvent d’écrire trop long. Portez-vous bien et pas trop d’huile dans les caris s’il vous plaît, c’est pas bon pour la santé !

Y.M.

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