C’est une des demandes faites, hier, par Cyrille Melchior, président du Département, à Emmanuel Macron, président de la République, lors de la visio-conférence consacrée à la situation sanitaire préoccupante dans notre île. Voici son intervention :
« La situation actuelle génère une inquiétude légitime de la population et du monde économique. Dans ce contexte, je tiens à souligner la qualité de la stratégie locale. Je veux notamment saluer la gestion de cette pandémie par le Préfet, en lien avec l’ARS, le rectorat et les élus, menée dans le cadre d’une concertation large et régulière. Je veux souligner le sens des responsabilités de la population réunionnaise qui a globalement respecté les restrictions et qui a su faire preuve d’exemplarité dans le cadre de la campagne de vaccination. Je veux ainsi saluer la force de résilience de notre territoire.
En ce qui concerne le Conseil départemental, chef de file de l’action sociale, nous nous sommes pleinement mobilisés, dès le début de la crise, dans un accompagnement renforcé des publics les plus fragiles et dans la garantie de la continuité des services publics.
Un pacte de solidarité et d’urgence sociale a été élaboré et mis en œuvre dès Mars 2020, afin d’accompagner au quotidien les publics vulnérables.
A titre d’exemple :
– La livraison, chaque semaine, de plus de 15 000 paniers de fruits et légumes frais à domicile pour les personnes les plus vulnérables.
– Le versement d’une aide exceptionnelle forfaitaire d’un montant de 150 euros aux personnes à faible retraite.
– La distribution de masques afin de garantir la sécurité des professionnels et des personnes accueillies.
– Le « passe bien-être » au bénéfice de nos publics fragiles impactés psychologiquement en même temps qu’il contribue au soutien des activités artisanales.
Mais malgré tout, nos populations restent en souffrance notamment pour ce qui concerne leur pouvoir d’achat. La hausse des prix consécutive aux perturbations sur le réseau de transport marchand en est la principale cause. En 2021, la hausse des prix constatée à La Réunion est de 3,3% contre 2,8% en France métropolitaine.
Le Département s’est aussi engagé pour soutenir l’emploi notamment dans le BTP, les services de proximité et le secteur agricole.
Ainsi nos investissements sont passés de 120 à 180 M€ en 2021 et nous comptons maintenir cet effort.
Cette forte implication Départementale à l’effort collectif n’aurait pu être possible sans la recentralisation de la dépense du RSA, fruit de votre écoute attentive, Monsieur le Président.
Cette crise sanitaire nous a amené à une prise de conscience encore plus forte de la grande fragilité de nos territoires insulaires en matière médicale, sociale et économique
Sur le plan sanitaire, il apparaît qu’un indicateur est particulièrement préoccupant et déterminant ; c’est celui de nos capacités hospitalières qui arrivent à saturation, malgré le renforcement humain obtenu avec le déclenchement du plan blanc.
Contrairement à la Métropole, la situation insulaire de La Réunion limite nos possibilités de mutualisation de nos moyens de santé avec des territoires voisins.
Je formule donc la demande d’un renforcement significatif et structurel de nos capacités hospitalières, afin d’éviter tout nouveau confinement.
Par ailleurs, l’hospitalisation à domicile (HAD) fait partie des solutions déjà engagées mais devant être renforcées.
A titre de comparaison, le taux de HAD est de 7% à La Réunion alors qu’il est de 30% au niveau national.
Sur les plans sociaux et économiques, la territorialisation des aides de l’État doit être améliorée pour répondre efficacement au contexte local de la crise notamment face aux difficultés d’approvisionnement et au renchérissement des coûts des matières premières et du fret.
L’autonomie alimentaire est aussi une question de santé publique. Aussi je propose la création d’une aide alimentaire sous la forme d’un « chèque primeur » qui permettra aux bénéficiaires de se fournir en produits frais issus de la production locale, dans un souci de développement des circuits courts et des filières locales.
Pour finir, je voudrais, formuler cette proposition très concrète.
Je retire de l’expérience de cette gestion collective, l’importance des conditions de logement dans la propagation de l’épidémie.
La prévalence locale d’un nombre significatif d’habitats privés et collectifs très dégradés dans lesquels vivent des familles en sur occupation, constitue un facteur aggravant.
Je milite donc pour un véritable plan Marshall en faveur de l’amélioration de l’habitat impulsé par l’Etat en lien avec les principaux bailleurs sociaux et les collectivités locales. Il s’agira pour cela de mieux adapter les conditions de mobilisation des crédits de la LBU.
Cette politique volontariste participerait à la relance économique, notamment pour les petites et moyennes entreprises du secteur BTP et contribuerait au renforcement de l’apprentissage et de l’insertion professionnelle.
Comme vous le savez Monsieur le Président, les Outre-Mer contribuent au rayonnement et à la puissance de la France et de l’Union Européenne ; ils ont, en cette période difficile, encore plus besoin de l’expression de toute la solidarité de notre nation ».