Un conseil municipal pas comme les autres en ce samedi 14 octobre à Salazie. En effet, un conseil municipal pour élire un nouveau maire (en l’occurence une maire), pour succéder à Stéphane Fouassin. Ce dernier ayant été élu sénateur le 24 septembre dernier ne pouvait donc plus cumuler avec le mandat de maire (cf. loi du 14 février 2014 appliqué aux parlementaires depuis juin 2017).
Stéphane Fouassin a été maire de Salazie durant 25 ans sans discontinuer en réussissant même l’exploit de se faire réélire à chaque fois dès le premier tour du scrutin. Il reste conseiller municipal.
L’élection partielle pour élire son remplaçant s’est déroulée ce samedi à partir de 14 heures. Sans surprise, une seule candidate du côté de la majorité, en la personne de Sidoleine Papaya, conseillère départementale, qui était 1ère adjointe. Il faut dire que lors des primaires du 26 septembre dernier au sein du groupe majoritaire trois élus avaient candidaté : Sidoleine Papaya, Mario Moreau et Paulin Técher.
Les résultats avaient été les suivants : 11 voix pour Papaya, 11 pour Moreau et 2 pour Técher. Précisons que le conseil municipal de Salazie compte 25 élus de la majorité et 4 de la minorité. A l’issue de ces primaires, Mario Moreau avait décidé de se retirer de la compétition « par souci de cohésion du groupe » et laisser ainsi la place à sa collègue Sidoleine Papaya.
4 élus de la majorité ont voté blanc
Pour revenir à ce samedi, sans aucune surprise, Sidoleine Papaya a présenté sa candidature. C’est même Mario Moreau qui l’a fait pour elle. Personne ne s’est manifestée du côté de l’opposition. Le scrutin a eu lieu à bulletin secret conformément à la loi. Un peu avant 15 heures, le secrétaire de séance a proclamé les résultats : 21 voix en faveur de Sidoleine Papaya et 8 blanc. Autrement dit, 4 élus de la majorité ont voté blanc, refusant ainsi de donner leur voix à Mme Papaya, qui devient malgré tout la maire de Salazie. La première femme a devenir première magistrate du cirque.
Une élection qui s’est déroulée dans une salle archi comble et en présence de nombreux élus venus de diverses communes parmi lesquels des maires de la région Est : Patrice Selly (Saint-Benoit et président de la Cirest); Jeannick Atchapa (Bras-Panon et son binôme au Département, canton 6); Johnny Payet (Plaine-des-Palmistes); Jean-Marc Péquin (1er adjoint de Saint-André représentant Joé Bédier). Présents dans la salle également le député Jean-Hugues Ratenon, le président du Département Cyrille Melchior, la vice-présidente de Région Amandine Ramaye, le maire du Tampon et président de la Casud André Thien-Ah-Koon, des représentants de Saint-Leu et d’autres collectivités locales et chambres consulaires.
Aussitôt élue, Sidoleine Papaya a été applaudie. Elle a fait le tour de la salle en faisant la bise à quasiment tous les élus présents (voir photos ci-dessous). Mario Moreau a l’a ensuite chaleureusement félicité. Ec avant de lui laisser le micro pour son premier discours en tant que maire de Salazie.
Un discours à la fois en créole et en français, prononcé d’un ton très posé, en toute simplicité et en toute humilité aussi, avec une voix émue surtout lorsqu’elle a parlé de ses parents (sa maman présente dans la salle, « maman chérie mi aime à ou » et son papa qui n’est plus là mais « à jamais gravé dans son cœur et dans son âme »), de son mari aussi « qui me porte et me supporte ». La nouvelle maire a versé une petite larme d’émotion et de joie.
Elle a rendu hommage à l’ancien maire « qui a donné 25 ans de sa vie à Salazie » et « qui a décidé de donner une autre partie de sa vie au Sénat », Stéphane Fouassin « nout’ sénateur ». « Un honneur de te succéder », a-t-elle dit. Sidoleine Papaya a également salué la présence de tous les élus, ceux de Salazie mais également ceux des autres collectivités, « mon président du Département Cyrille Melchior », « mon président de l’intercommunalité Patrice Selly », « Monsieur Thien-Ah-Koon, maire du Tampon qui a fait le déplacement à Salazie, i fé plaisir ». Sidoleine Papaya a par ailleurs salué le personnel communal de Salazie ainsi que les militants, « nos alliés ». Sans oublier le député Ratenon et les élus de la minorité.
Une maire consensuelle, simple et humble qui appelle « à la solidarité entre collectivités »
Une maire très consensuelle qui « mesure la tâche immense » qui sera la sienne « dans un contexte difficile » car Salazie compte 48% de chômeurs, 52% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté dont 51% de gramounes, alors que la moyenne est de 30% au plan départemental. Malgré tout, Sidoleine Papaya se veut « déterminée, engagée et motivée » pour mener à bien ce mandat durant les deux ans et demi à venir, avant les prochaines municipales de 2026.
« Nous ne promettons pas la lune et les étoiles mais nous serons disponibles et à l’écoute », a insisté la nouvelle maire du cirque dont le cheval de bataille sera l’eau. Le cirque connaît en effet de grosses difficultés à ce niveau notamment en période d’étiage. Grâce à un dispositif exceptionnel de pompage dans une rivière, soutenu par la Cirest, la commune essaye autant que faire se peut de parer aux problèmes.
Autres projets en bonne voie : l’irrigation avec l’aide du Département pour les agriculteurs du cirque et un transport par câble. La maire mise également beaucoup sur le travail en collaboration avec les associations pour la mise en place d’une politique culturelle et sportive en faveur de la jeunesse « force vitale, qui représente l’espoir ». Sans oublier un futur centre social. En attendant la concrétisation de tous ces grands projets, la maire et son équipe municipale, composée entre autres de 8 adjoints, vont poursuivre le programme de 2020.
Une maire connue pour sa présence sur le terrain et dont l’action sera guidée par trois mots clés qui sont « simplicité, proximité, efficacité ». Sidoleine Papaya, qui n’oublie pas les belles valeurs que lui ont inculqué ses parents, fera tout pour être à la hauteur de la tâche et réussir sa mission ou encore « ce rêve devenu réalité ».
Elle entre dans l’histoire politique du cirque en devenant la première femme maire, et également dans celle de la Réunion en devenant la 8ème première magistrate après feu Marie-Thérèse de Chateauvieux (maire de Saint-Leu de 1965 à 1983), Vanessa Miranville (maire de la Possession depuis 2014), Ericka Bareigts (maire de Saint-Denis, plus grande commune de l’Outre-mer, depuis 2020), Juliana M’Doihoma (maire de Saint-Louis depuis 2020), Yolande Pausé (maire de Sainte-Suzanne de 2009 à 2011 suite à l’inéligibilité de Maurice Gironcel) et Hermine Boyer (maire de Saint-Benoit de mai à juin 2020, suite à la démission de feu Jean-Claude Fruteau).
Rappelons que Sidoleine Papaya, Yolande Pausé et Hermine Boyer sont devenues maire en étant élues par leurs pairs, c’est-à-dire en interne au sein du conseil municipal, contrairement à De Chateauvieux, Miranville, Bareigts et M’Doihoma qui, elles, ont été têtes de liste aux municipales. Ce sera peut-être le cas de Sidoleine Papaya en 2026 à Salazie !