Les élus de la Plateforme Réunionnaise font bloc contre la vie chère et les coupes budgétaires (Vidéos)

Dans un climat de tensions budgétaires, de crise du pouvoir d’achat et d’instabilité internationale, la Plateforme Réunionnaise a lancé sa rentrée politique ce mardi après-midi à La Luna, Montgaillard. Présidée par la maire de Saint-Denis Éricka Bareigts,  la conférence de presse a marqué une prise de position forte face aux urgences sociales et économiques qui frappent La Réunion.

Dès l’ouverture, Éricka Bareigts a exprimé sa déception face au CIOM (Comité Interministériel  des Outre-Mer ) tenu à Paris. Selon elle, les propositions discutées au niveau national ne reflètent ni les réalités du terrain ni les attentes des Réunionnais.

« Ce qui s’est passé à Paris ne correspond pas du tout à ce que nous avons co-construit ici », a-t-elle affirmé.

Elle rappelle que les conférences pays, organisées localement, ont réuni à plusieurs reprises plus de 120 participants issus du monde associatif, syndical, entrepreneurial et citoyen. Ces rencontres ont permis d’élaborer des propositions concrètes, adaptées aux spécificités du territoire.

« On nous oblige à réfléchir à des propositions qui ne doivent rien coûter. Mais sur la santé, sur la jeunesse, il faut que ça coûte, parce que ce sont des urgences».

Relancer l’économie par des leviers locaux

Le maire du Port, Olivier Hoarau, a centré son intervention sur les secteurs clés de l’économie réunionnaise, notamment le BTP et l’agriculture. Il appelle à une mobilisation des collectivités pour soutenir l’embauche et relancer l’activité.

« Les agriculteurs nous disent que leur problème, c’est la main-d’œuvre. Allons-y, apportons des réponses concrètes ».

Il propose de faciliter la commande publique pour dynamiser le BTP et de mettre en place des aides à l’embauche dans le secteur agricole, souvent confronté à un manque de bras. Par ailleurs, il a tenu à exprimer sa solidarité avec le peuple palestinien, dénonçant les violences à Gaza.

« Bombarder des écoles, des logements… c’est un génocide. Il faut le condamner avec la plus grande fermeté ».

Des mesures palpables pour le quotidien des Réunionnais

« Ce que les gens veulent savoir, c’est si ce qu’on fait va leur permettre de payer leur caddie moins cher, de se loger dignement, de se déplacer plus facilement » rappelle la députée Audrey Bélim. 

Les Réunionnais attendent des réponses concrètes, loin des discours technocratiques. Elle alerte sur les risques d’instabilité politique et de restrictions budgétaires, qui pourraient compromettre les avancées obtenues ces derniers mois. « Il faut suivre la mise en œuvre des textes et protéger les acquis ».

La nécessité d’une loi efficace sur la vie chère,  ne doit pas se contenter  de symboles mais doit apporter des mesures immédiates et palpables pour les familles réunionnaises.

S’attaquer aux causes structurelles de la vie chère

Le député Philippe Naillet a critiqué le projet de loi sur la vie chère présenté en Conseil des ministres, estimant qu’il ne va pas au fond des choses. « Ce texte ne s’attaque pas aux causes structurelles. Il faut affronter les monopoles, exiger la transparence sur les prix et les marges ».

Il dénonce également les situations de monopole dans la grande distribution et appelle à une régulation des parts de marché, à une clarification des marges arrière, et à une transparence sur les circuits de distribution. « Entre le producteur et le supermarché, il y a parfois 13 ou 14 intermédiaires. Quelle est la réalité du prix final ? »

Philippe Naillet plaide également pour une bifurcation écologique, estimant que le modèle d’hyperconsommation n’est plus tenable. Il appelle à encourager les circuits courts, à soutenir la production locale, et à changer de modèle économique.

Une rentrée sous tension : l’école aussi menacée

Au-delà des grands équilibres budgétaires, c’est le quotidien des Réunionnais qui est en jeu. Et à l’approche de la rentrée scolaire, l’inquiétude monte. Les élus de la Plateforme tirent la sonnette d’alarme : de nombreuses écoles risquent d’être privées de contrats PEC, ces postes essentiels qui assurent l’accueil, l’entretien, le soutien aux équipes éducatives.

« On parle de vie chère, de logement, de santé… mais si nos enfants arrivent dans des écoles sans encadrement suffisant, c’est tout le socle de l’égalité des chances qui s’effondre », alerte la maire de Saint-Denis.

Dans les quartiers populaires, dans les communes rurales, ce sont les enfants qui paieront le prix des coupes budgétaires. Et les élus le disent sans détour : l’austérité ne peut pas être la réponse à l’urgence sociale.

Alors que les débats parlementaires s’annoncent intenses, la Plateforme Réunionnaise se prépare à défendre ses propositions avec détermination, dans l’hémicycle comme sur le terrain. Ils s’opposeront à toute coupe budgétaire, notamment les 200 millions d’euros annoncés sur la mission Outre-mer, qui pourraient fragiliser davantage les territoires ultramarins. « Ce que nous défendons, c’est l’intérêt général. Pas celui des grands groupes », a conclu Éricka Bareigts.

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