C’est un courrier que la Plateforme réunionnaise a adressé le jeudi 6 mars à Manuel Valls, ministre des Outre-mer; Lequel a effectué une visite de deux jours (6 et 7 mars) dans notre île après le passage du cyclone Garance. Rappelons que la Plateforme réunionnaise est composée d’Éricka BAREIGTS (maire PS de Saint-Denis), Maurice GIRONCEL (maire PCR de Sainte-Suzanne), Olivier HOARAU (maire Ansanm du Port), Patrice SELLY (maire BANIAN de Saint-Benoît), Audrey BÉLIM (sénatrice PS), Christophe ESTÈVE (Place Publique), Philippe NAILLET (député PS) et Geneviève PAYET (EELV). Jacques Técher, maire de Cilaos n’en fait manifestement plus partie. Voici ci-dessous le contenu du courrier :
« Monsieur le Ministre d’État,
Après les premières réparations d’urgence qui permettront de rétablir progressivement l’alimentation en eau potable, en électricité, les réseaux de télécommunications, la remise en circulation des routes et des transports, le nettoyage de tous les déchets, l’heure sera bientôt à la reconstruction : logements, réseaux routiers, entreprises,
exploitations, équipements publics…
Un immense chantier s’annonce. Il nous faut impérativement tirer les enseignements de ces phénomènes extrêmes ! Après Belal, Chido, et aujourd’hui Garance, notre bassin océanique a connu des météores destructeurs, laissant derrière eux un paysage de chaos, des dégâts considérables et une population meurtrie. Nous le savons, ces phénomènes météorologiques, vont se reproduire et s’intensifier en particulier du fait du dérèglement climatique.
Face à ce constat, nous devons mieux protéger notre territoire et sécuriser nos populations. La protection des Réunionnaises et Réunionnais est aujourd’hui une priorité collective. Nous devons donc réorienter les budgets des collectivités, ceux de l’État et ceux de l’Europe. Nous devons d’ores et déjà mobiliser des fonds afin de prévenir les inondations. C’est la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI), compétence confiée aux intercommunalités depuis 2018. Cette compétence doit s’accompagner, au- delà des aides de l’Europe, d’un fonds dédié que nous estimons à plusieurs centaines de millions d’euros pour sécuriser les populations exposées aux risques d’inondations par les rivières, ravines et submersion marine.
Est-ce raisonnable de reconstruire le réseau électrique de la même manière ? Peut-on accepter plus longtemps un réseau de distribution vétuste et fuyard ? Comment protéger notre agriculture qui paye un prix fort à chaque épisode cyclonique ? Comment préserver notre agriculture et notre biodiversité des impacts de la violence de ces évènements ?
Comment préserver l’eau, ressource vitale, en période de grande sécheresse comme lors de grands évènements cycloniques ? Nous devons nous emparer de ces problématiques, travailler ensemble afin de trouver les meilleures solutions possibles pour sécuriser ces réseaux dont dépendent directement une partie de l’alimentation en eau et en électricité
Il est urgent de réaliser, d’actualiser un diagnostic précis et partagé des risques encourus par nos populations pendant un phénomène cyclonique. C’est avec ce diagnostic que nous pourrons orienter l’action politique, revoir les conditions d’aménagement de notre territoire afin d’augmenter notre résilience face à ces évènements et mobiliser les moyens nécessaires et ainsi apporter des solutions durables. Ce diagnostic nous permettra de définir les réponses à apporter à la question de plus en plus pressante du relogement des populations exposées au dérèglement climatique.
C’est en travaillant de manière transparente et en faisant preuve de responsabilité et de pragmatisme que nous serons à la hauteur des enjeux. Nous demandons à nouveau une réunion de la Conférence Territoriale de l’Action Publique élargie à l’ensemble des collectivités et aux citoyens pour co-construire une plus grande protection du territoire réunionnais et de ses habitants et contribuer activement à l’inscription prioritaire des voies et moyens nécessaires à celle-ci au sein d’une loi- programme que nous appelons de tous nos vœux, à la hauteur des enjeux et défis de la Réunion d’aujourd’hui et de demain. Cette Conférence Territoriale de l’Action Publique élargie apportera sa contribution au prochain Comité interministériel des Outre-Mer auquel nous souhaitons participer.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre d’Etat, l’expression de notre haute considération ».