Une rentrée politique faite ce lundi 20 janvier à l’occasion d’une conférence de presse dans les locaux de la Nordev à Saint-Denis. A l’exception de Jacques Técher, maire de Cilaos, qui n’assiste plus depuis quelques temps aux rendez-vous de la Plateforme, même si Ericka Bareigts atteste qu’il en fait toujours partie, tous les autres élus étaient bel et bien présents à ce point-presse : autour de la maire de Saint-Denis Ericka Bareigts (PS), se sont retrouvés Maurice Gironcel, maire (PCR) de Sainte-Suzanne; Patrice Selly, maire (Banian) de Saint-Benoit; Olivier Hoarau, maire (Ansam) du Port; Geneviève Payet (EELV) et Christophe Estève (Place Publique).
Comme l’a rappelé d’emblée Olivier Hoarau qui a fait office d’animateur de la conférence, « la Plateforme réunionnaise n’est ni une confédération, ni un parti politique. Elle a été formée avant les dernières sénatoriales. C’est un groupe d’élus, une organisation, une manière de travailler ensemble, une méthoe de travail ». Maurice Gironcel a ajouté : « chez nous, il n’y a pas de chef, nous sommes ensemble; Ce qui prime, c’est la discussion, le dialogue, la concertation, le débat ».
Olivier Hoarau a précisé que « les défis auxquels sont confrontés la Réunion nous obligent à travailler ensemble : 36% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, 20% de chômeurs, des incertitudes économiques, situation préoccupante à Mayotte, situation politique nationale et internationale qui interpelle… Si nous sommes divisés, nous ferons le jeu de Paris. Nous devons être unis », a insisté le maire du Port.
C’est ce même message « d’union » qu’a tenu Ericka Bareigts, la patronne du Parti socialiste à la Réunion. Ecoutez la maire de Saint-Denis, elle est au micro d’Yves Mont-Rouge :
Patrice Selly, président du parti politique « Banian », maire de Saint-Benoit et président de la Cirest, a rappelé le pourquoi de ces deux récents rendez-vous parisiens à l’Elysée et au ministère des Outre-mer. Comme nous vous l’avions déjà annoncé, Patrice Selly souhaite « des solutions rapides et efficaces » pour « protéger notre vivre ensemble réunionnais » qui, selon lui, « est aujourd’hui en danger » en raison des violences urbaines importées de Mayotte via des mineurs isolés dont le suivi fait défaut. Selon le maire de Saint-Benoit, il faudrait intervenir au niveau du versement des prestations sociales « qui génère un appel d’air ».
Patrice Selly rappelle qu’à l’inverse de Mayotte, ici il suffit à un adulte hébergeant des mineurs isolés de présenter à la CAF une simple déclaration sur l’honneur pour bénéficier des prestations sociales alors qu’à Mayotte, il faut un jugement du tribunal délivré par un JAF (Juge des Affaires Familiales). Selon lui, « il faudrait supprimer les allocations familiales aux majeurs qui n’exercent pas l’autorité parentale, qui laissent des marmailles trainer dans la rue à n’importe quelle heure de la nuit; Il y a une obligation de surveillance des mineurs dont on a la responsabilité ».
Un Observatoire réunionnais sur les efforts du réchauffement climatique
Le maire de Saint-Benoit ajoute : « il n’est pas question de stigmatiser une communauté, qui vit très bien à la Réunion, mais il y a une poignée de jeunes qui discréditent cette communauté. Il faut qu’on puisse évoquer ces sujets de violences émanant des mineurs isolés sans tabou, sans se voiler la face ». Il compte sur le gouvernement et sur les parlementaires de la Réunionnais pour déposer un amendement au PLFSS (Projet de loi des finances de la Sécurité sociale) afin de réformer le Code de Sécurité sociale concernant le versement des allocations familiales à la Réunion aux familles hébergeant des mineurs venant de Mayotte.
Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne, a mis l’accent sur les effets de plus en plus conséquents du dérèglement climatique. « Nous l’avons vu récemment encore avec le cyclone Chido à Mayotte et nous le vivons actuellement avec le phénomène de sécheresse à la Réunion, notamment dans l’Est de l’île ». A l’instar de l’ONERC qui était jadis présidé par feu le sénateur Paul Vergès, Maurice Gironcel préconise la création d’un ORERC (Observatoire réunionnais sur les effets du réchauffement climatique « afin d’élaborer au plus vite une feuille de route climatique ». Il a profité de l’occasion pour inviter les Réunionnaises et les Réunionnais à venir nombreux, le 2 mars prochain, à Sainte-Suzanne afin de participer à la marche pour le climat. Ecoutez Maurice Gironcel, il est au micro d’Yves Mont-Rouge :
Concernant le Chikungunya, Maurice Gironcel a rappelé « qu’il existe un vaccin validé mais pas encore remboursé par la Sécurité sociale. Il faudra se pencher sur ce sujet », a-t-il dit.
La prochaine Conférence péi aura lieu le 26 février au Port
Christophe Estève (Place publique) a pour sa part rappelé que « la France traverse une crise politique sans précédent » et que « la Réunion est confrontée à des défis majeurs ». D’où, selon lui, la nécessité d’initier des démarches novatrices afin de « définir la Réunion de demain » et « prendre en main son destin ». La Conférence péi initiée par la Plateforme réunionnaise en est une (démarche novatrice). Après celle de septembre dernier à Sainte-Suzanne, la prochaine se tiendra le 26 février au Port. « Il s’agit d’un processus participatif, une démarche visant à dépasser les clivages; L’occasion pour les élus et pour tous les citoyens de s’exprimer, de faire part de leurs idées pour tendre vers plus d’autonomie alimentaire, énergétique… ».

Geneviève Payet, au nom d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) a axé son propos sur le changement climatique (cyclone Chido à Mayotte avec ses conséquences). » Le parti Les Écologistes (Europe Écologie Les Verts) La Réunion exprime sa vive inquiétude sur la situation climatique dans notre département où sévissent sécheresse et chaleur, en lien avec un grave déficit de précipitations depuis plusieurs mois. Et le pire est à venir si rien de radicalement plus efficace n’est engagé.
En 1974, il y a donc plus de 50 ans, René Dumont avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur les dangers du réchauffement climatique, du manque d’eau à venir et de la dégradation de l’environnement. Les réalités et les données que l’on observe sur l’ensemble de notre planète lui donnent raison.
L’année 2024 a vu la température moyenne mondiale dépasser les 1,5 degrés, seuil critique annoncé lors de la COP 21. Pour rappel, ce seuil n’était prévu que pour 2030 et il ne devait pas être dépassé. Les engagements climatiques des pays à travers le monde mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement potentiellement désastreuse, pouvant atteindre 2,9°C d’ici la fin du siècle, a averti l’ONU le 20 novembre 2023.
Dans son rapport du 15 janvier, Météo France Réunion, indique que « la sécheresse qui touche La Réunion actuellement résulte d’un déficit de précipitations qui dure depuis déjà plusieurs mois. » et qu’il est prévu « que des périodes très sèches pourront succéder à des épisodes très pluvieux, avec des extrêmes plus marqués. Ce type de schéma serait défavorable à la recharge régulière des réservoirs d’eau souterrains et de surface, et mettrait en tension l’usage de ces eaux pour les activités humaines et l’équilibre des écosystèmes. »
Malgré ces évidences, la question de l’urgence climatique réchauffement climatique et de la nécessité d’agir ne sont que faiblement mentionnés dans le rapport de politique générale du 15 janvier 2025 présenté par le Premier ministre François Bayrou. Pourtant, les ressources financières existent. Deux indicateurs significatifs : d’une part, les superprofits générés en une seule journée par l’industrie des énergies fossiles dépassent de plus de 200 fois l’ensemble des financements engagés jusqu’à présent par les gouvernements pour faire face aux pertes et dommages liés au climat, d’autre part, seulement 100 entreprises sont responsables de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cette inertie conforte la mésinformation et la désinformation diffusées sur les réseaux, et entretient le déni quant au réchauffement climatique qui, malgré tous les rapports scientifiques, est encore partagé par plus de 40 % des Français.
Aujourd’hui, la France a encore les moyens d’intervenir, demain ce ne sera probablement plus le cas. A l’instar de ce que vit la population de Mayotte, l’accès à la ressource en eau pourrait s’aggraver sur notre territoire où il est prévu une nette tendance au réchauffement, un prolongement des périodes sèches, un cycle de l’eau plus irrégulier et une hausse du mercure sur les côtes et même dans les Hauts.
Europe Écologie Les Verts Réunion demande aux collectivités et à nos parlementaires d’adopter une stratégie à la hauteur des enjeux. Les défis à relever sont majeurs en matière de préservation de la ressource en eau comme de l’adaptation de notre modèle pour le développement agricole.
Europe Écologie Les Verts Réunion demande des actions concrètes et immédiates en faveur du climat. Il est encore temps d’agir pour éviter le pire, mais le temps presse … »