On ne peut même pas parler coup de foudre car les coups de foudre ne durent jamais, paraît-il. Non, là, entre ces deux élus, à savoir Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose et conseiller régional élu en juillet 2021 sur la liste de Didier Robert, et Huguette Bello, présidente PLR (Pour La Réunion) de la Région, il s’agit du grand amour politique !
Il y a des gestes, des mimiques, des clins d’œil, des attitudes (on se touche les bras, on se regarde dans les yeux…) qui ne trompent pas. Michel Vergoz, après avoir été Giscardien à ses débuts, puis socialiste (il le serait toujours, semble-t-il) durant des décennies, proche puis hostile à feu Paul Vergès, ancien patron du PCR (Parti communiste réunionnais) et ancien président de Région (ils n’étaient pas du tout d’accord sur le projet de bidépartementalisation et le tram-train), colistier de Didier Robert (adversaire de Paul Vergès et d’Huguette Bello), ne jure plus aujourd’hui que par Huguette Bello, la nouvelle patronne de la Région Région. Notre journaliste Yves Mont-Rouge a posé la question à Michel Vergoz. Ecoutez sa réponse :
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« Vous êtes ici à Sainte-Rose, chez vous chère Huguette, chère présidente », a-t-il déclaré, lors de son discours de mardi dernier, à son nouveau mentor politique. C’était lors de l’inauguration des infrastructures sportives (terrain de tennis, de padel et piscine rénovée) de la petite commune. Huguette Bello avait fait, en personne, le déplacement jusqu’à Sainte-Rose pour apporter un cadeau de Noël de 3,5 millions d’euros (fonds européens) à son camarade Michel Vergoz. C’est bien connu, quand on aime, on ne compte pas ! Peu de temps auparavant, la Région avait également financé d’autres équipements à Sainte-Rose.
En guise de réponse à cette générosité régionale à l’égard du maire et de la population de Sainte-Rose, Michel Vergoz a répondu sans ciller : « Sainte-Rose vous le rendra madame la présidente, vous pouvez compter sur moi, sur nous ! ». Huguette Bello ne doute pas une seule seconde. Faut-il rappeler qu’en juillet dernier, Michel Vergoz a choisi le camp du NFP (Nouveau Front Populaire) porté localement par Huguette Bello face au camp de la Plateforme réunionnaise de la socialiste Ericka Bareigts.
Lors de ces législatives, c’est le député sortant LFI (La France Insoumise) Jean-Hugues Ratenon, soutenu par le NFP, qui a largement devancé à Sainte-Rose la candidate Anne Chane-Kaye-Bone, poussée par Patrice Selly, président de la Cirest, maire de Saint-Benoit et faisant partie de la Plateforme réunionnaise. Tout laisse à penser en effet que Michel Vergoz et son staff ont fait campagne pour Jean-Hugues Ratenon, celui que le maire de Sainte-Rose qualifiait, il y a peu, de « député anti-tout » en raison du positionnement systématiquement hostile de ce dernier à la politique d’Emmanuel Macron.
Au cas où vous l’auriez oublié, jusqu’à juillet dernier, ou un peu avant, Michel Vergoz n’avait d’yeux que pour la Macronie et il ne ratait pas une occasion de fustiger Mélenchon et l’extrême gauche, y compris donc toutes celles et tous ceux qui, localement soutenaient La France Insoumise. Depuis les législatives de juillet dernier, pourtant intronisé un peu plus d’un an auparavant par Stéphane Séjourné (ancien secrétaire général de Renaissance) comme étant le référent local pour faire « le trait-d’Union » entre la Réunion et la Macronie, Michel Vergoz a changé de camp. Au plan national, ce ne sera plus Macron. Et, au plan local (régional), ce ne sera plus Didier Robert, mais Huguette Bello, même si dernièrement, il s’est abstenu sur le projet de budget primitif de 2025.
A la Région, Michel Vergoz a pris ses distances avec Jean-Jacques Morel qui défend aujourd’hui les couleurs du Rassemblement National de Marine Le Pen. Jean-Jacques Morel a rejoint son collègue Johnny Payet. Michel Vergoz, pour sa part, a créé un groupe politique à la Région avec Jean-Louis Lagourgue. L’opposition est complètement fragmentée avec les élus de Saint-Paul, qui se sont rapprochés de la majorité régionale. Idem pour les élus tamponnais. Quant à celles de Michel Fontaine (Saint-Pierre), elles brillent souvent par leur absence. A noter par ailleurs que Michel Vergoz ne milite plus en faveur du parti présidentiel. C’est Ramata Touré, élue municipale de Maurice Gironcel (communiste) à Sainte-Suzanne, conseillère nationale, qui a hérité de la responsabilité de « faire vivre » Renaissance à la Réunion. Une tâche qui lui a été confiée par Elisabeth Borne, la présidente du Parti et par son secrétaire général Gabriel Attal.
En rejoignant – parfois directement, parfois indirectement – Huguette Bello, Michel Vergoz sait qu’il pourra au moins compter sur les subsides de la Région pour l’aider à développer sa commune et se présenter en position de force aux municipales de 2026. D’autres élus, du Sud notamment (pas forcément des copains de Vergoz) qui, autrefois avaient été accusés d’avoir « tracé un axe Sud-Nord » avec Ericka Bareigts, depuis les dernières sénatoriales, seraient aujourd’hui à deux doigts de faire également du pied à la présidente de Région afin de bénéficier de l’aide régionale pour le développement de leur commune.