Ce mardi 18 juin, Johnny Payet, secrétaire départemental du Rassemblement National (RN) à La Réunion, a suscité de vives réactions en déclarant notamment lors de la matinale sur Réunion La 1ère : « on ne doit plus parler d’esclavage, l’esclavage c’est fini, moi, je ne fête pas le 20 décembre ».
La classe politique locale a vivement réagi pour condamner « les propos indignes » de Johnny Payet, qui est également maire de la Plaine-des-Palmistes
Juliana M’Doihoma, maire de Saint-Louis : « « touch pa nout fet kaf ! nout 20 desanm ! »
« Johnny Payet, représentant local du parti d’extrême-droite, le Rassemblement National, est intervenu ce mardi 18 juin midi sur une radio locale déclarant qu’il «ne faut plus parler d’esclavage » et qu’il « ne fête pas le 20 décembre »…
Je suis profondément choquée par de tels propos indignes d’un responsable politique, de surcroît originaire de La Réunion. Johnny Payet est un élu local, responsable d’une ville dans un territoire ultra-marin où le vivre-ensemble est aussi admiré qu’à préserver !
Ce genre de propos qui nie toute une part de notre histoire et des étapes de reconstruction nécessaires à notre société riche de sa diversité sont graves ! M. Payet dit justifier sa position par le fait de ne pas vivre dans le passé…
Je suis sidérée d’un tel manque de considération pour notre héritage et ses richesses…
Les mises à l’honneur de nos mémoires ne sont pas un retour en arrière, mais une vraie chance d’avancer dignement et la tête haute, guérie des blessures passées. Celles et ceux qui s’opposent à ces étapes et veulent revisiter l’histoire, dénigrent et nient celles et ceux qui s’y reconnaissent comme bon nombre de Réunionnaises et de Réunionnais.
S’il s’agit là d’une technique de buzz pour récolter des voix aux prochaines élections ? La déception n’en est que plus forte… Au final, en s’exprimant ainsi, M. Payet met en lumière le fait que son parti, le RN, aura beau tenter de se maquiller par des techniques de dédiabolisation, il reste bel et bien l’héritier du FN et des négations ignobles de soi-disants « détails » historiques. En tant que Maire d’une ville qui s’estime être fièrement le berceau du maloya et où la valorisation de la fet kaf est au cœur de notre politique culturelle, je ne peux que condamner ce genre de propos…Nout péi bato fou : ousa bana y rode rale a nou
Nou viv pa dans le passé… mais par contre, nou doit jamé !
Nou doit pas fé semblant de ne pas voir les conséquences que ces temps esclavagistes néna encore su nout société !
2 é é ! Fetkaf nou lé fier !
é é et nou largue pas nout Kiltir !
Ici, à , M, nou va continuer porte le flambo ! »
Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis : « le 20 Désanm, c’est notre identité »
Phillipe Naillet, député sortant de la 1ère circonscription : « ses dires m’ont profondément choqué et blessé. »
Jean Jacques Morel, candidat RN à Saint-Denis : « l’Histoire, la mémoire et la fierté »
« Le devoir de mémoire est fondamental. Les périodes sombres de notre passé, esclavage, engagisme, resteront à jamais gravées dans le marbre de notre Histoire. Nous devons les garder à l’esprit pour éviter qu’elles ne se reproduisent. Raison aussi de ne pas déboulonner les statues comme sait si bien le faire cette gauche wokiste. Souvenons-nous du passé, de tout le passé. Mais dans le même temps, redressons la tête, soyons fiers d’être ce que nous sommes et projetons-nous vers l’avenir : des Réunionnais au sang-mêlé, ancêtres des Réunionnais de demain. »
Jean Hugues Ratenon, président de « Rézistan’s Egalité 974 »: « des propos qui insultent notre Histoire »
« J’ai été choqué par les propos de M. Johnny Payet ce matin, lors de la matinale de Réunion La 1ère. Le maire de la Plaine des Palmistes a en effet déclaré « aujourd’hui, on ne doit plus parler d’esclavage….qu’il fallait “laisser le passé au passé… Je ne fête pas le 20 décembre, parce que je dis à mes petits-enfants que l’esclavage, c’est fini.». Allant même à inviter « à ne plus célébrer l’abolition de l’esclavage » !!!!
Jean-Hugues Ratenon précise que « ce sont des propos qui insultent notre histoire et nos ancêtres. C’est le passé qui guide nos pas. Célébrer des dates importantes de l’histoire c’est pour ne plus faire les mêmes erreurs. Surtout en ce moment quand on voit tout ce qui se passe dans le monde.
Un responsable politique ne peut pas tenir de tels propos. Célébrer nos ancêtres est extrêmement important. C’est un devoir de mémoire. J’ai toujours dit que le peuple est fâché mais pas facho. Mais là, les propos du représentant du Rassemblement National sont des propos fâcheux et qui sont loin de refléter l’état d’esprit des Réunionnais.
Je pense et j’espère qu’il aura la possibilité de clarifier ses propos par respect pour l’histoire de la Réunion. Il faut connaître son passé pour vivre son présent et tracer son futur. Autrement dit, pou connaît ou sa nou sa va fo connaît ou sa nous sorte ! »
PLR : « Le Rassemblement National montre son vrai visage et insulte la mémoire de l’esclavage »
« Nous condamnons avec la plus grande force ces propos qui sont une insulte à la mémoire de nos aînés, victimes de l’esclavage et de l’engagisme et qui ont bâti La Réunion au prix de leur sueur, de leur sang et de leurs larmes. Jamais nous ne cesserons d’affirmer leur existence, de saluer leur résistance et de rappeler l’abomination que furent la traite négrière et l’esclavage colonial qui restent pour l’humanité une tache indélébile !
La position exprimée par le maire de la Plaine des Palmistes, Johnny Payet, dévoile le vrai visage du Rassemblement National. Elle préfigure nettement de la façon dont l’histoire sera revisitée par l’extrême-droite si celle-ci accédait au pouvoir. L’Histoire des Outre-mer et le devoir de mémoire seront jetés dans les fosses de l’oubli. C’est une alerte et un appel à la plus grande vigilance ! Le projet raciste et xénophobe du Rassemblement National est contraire aux valeurs humanistes et solidaires qui sont
les ciments de notre culture réunionnaise.
Le dimanche 30 juin, jour d’élections législatives, sera l’occasion de condamner ces propos et de dire notre attachement à notre Histoire et au devoir de mémoire ! »
Plate-forme réunionnaise : « avec le RN, ce sera la fin de notre singulière richesse réunionnaise… »
C’est un communiqué signé d’Éricka Bareigts (Parti Socialiste), de Maurice Gironcel (Parti Communiste Réunionnais), de Patrice Selly (Banian), de Geneviève Payet (EELV), d’Olivier Hoarau (Ansam) et de Jacques Técher (maire de Cilaos). « Johnny Payet, secrétaire départemental du Rassemblement National, fait une fois encore la démonstration du peu de connaissance et de respect de son parti pour notre histoire réunionnaise à travers des propos choquants. Considérer que « l’esclavage fait partie du passé, qu’il ne faut plus en parler, qu’il s’agissait d’une façon de vivre » et « qu’il ne faut pas commémorer son abolition », est un réel danger pour notre vivre-ensemble.
Non l’esclavage n’était pas un style de vie choisi mais une période de l’histoire subie ! Renier notre histoire coloniale et esclavagiste, en s’opposant à notre devoir de mémoire, c’est nier la libération de plus de 60 000 êtres humains à La Réunion.
L’abolition de l’esclavage est un moment clé de l’histoire qui symbolise la fin de l’une des plus grandes abominations humaines. Célébrer cet événement permet de rendre hommage aux luttes et aux souffrances de nos ancêtres, et de reconnaître leur contribution à la société actuelle. C’est aussi créer des occasions d’éduquer les jeunes générations sur l’histoire de l’esclavage et ses conséquences et de promouvoir des valeurs de tolérance, d’égalité et de
respect des droits humains.
Commémorer le 20 décembre, c’est ne pas nier que l’esclavage a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire et la société de La Réunion. Bien que cette période ait été marquée par des souffrances et des injustices, elle a aussi donné naissance à une riche diversité culturelle.
Les descendants d’esclaves ont contribué à façonner l’identité culturelle unique de La Réunion, caractérisée par un métissage culturel. Les cultures africaines, malgaches, indiennes, chinoises et européennes se sont mêlées pour
former une culture réunionnaise singulière. Ces liens fraternels créent ce sentiment d’unité entre tous les Réunionnais qui sont rassemblés dans la reconnaissance de cette histoire commune.
Notre culture réunionnaise serait en danger si le Rassemblement National devait être aux commandes du pays ! Supprimer notre 20 décembre ne serait qu’une première étape. Avec pour slogan « La France Revient », le RN mettra fin à la singularité de nos langues régionales, à notre « batay coq », à nos marches sur le feu, à nos fêtes de la Eid, à notre fête de Guandi, à nos « sèrvis kabaré ».
Avec le RN, ce sera la fin de notre singulière richesse réunionnaise, symbole de notre vivre-ensemble, qui nous est envié dans le monde envié. L’histoire de l’esclavage nous a montré les dangers de l’inhumanité et de l’importance de lutter contre toutes les formes de discrimination et d’oppression.
Alors M.PAYET, secrétaire du RN, parti qui a voté contre la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité au Parlement européen en 2020, nous montre à quel point il méprise notre histoire et les Réunionnais. Mais il met surtout en lumière le risque de voir effacer notre liberté de pouvoir vivre nos particularités réunionnaises dans le respect de chacun.
Au sein de la plateforme réunionnaise, nous ne resterons pas passifs face à la montée de l’extrême droite et de ses propos irresponsables et dangereux pour notre vivre-ensemble ».
Génération Ecologie : « le Rassemblement National veut effacer notre Histoire »
C’est un communiqué signé de Jessica Sarpedon Référente Adjointe Sud de Génération Ecologie La Réunion : « dans le refus du maire de La Plaine des Palmistes de participer aux commémorations de l’abolition de l’esclavage à Génération Ecologie La Réunion nous y voyons dans sa décision la volonté de minimiser ou d’effacer une partie sombre de notre histoire, ce qui s’inscrit dans une politique plus large de révisionnisme historique ou de focalisation sur son AGENDA POLITIQUE.
En effet ses motivations, derrière cette prise de position, semblent viser à séduire les collaborateurs du Président du RN. C’est un secret de Polichinelle que certains d’entre eux veulent rejeter ce qu’ils perçoivent comme une « culpabilité historique » ou promouvoir une vision nationaliste qui ignore les aspects négatifs de l’histoire nationale. Peut-être que Johny Payet se voit déjà à un poste de ministre sous un éventuel gouvernement Bardella.
Le fait qu’un maire d’une île où de nombreux administrés ont des ancêtres esclaves refuse de participer aux commémorations de l’abolition de l’esclavage est préoccupant, surtout que cette date est un jour férié sur notre territoire. A Génération Ecologie La Réunion nous dénonçons ces tentatives d’effacer cette partie de l’histoire de l’humanité. Jean-Marie Le Pen avait déjà accusé Nicolas Sarkozy de céder à la repentance.
En 2014, le maire nouvellement élu sous l’étiquette FN de Villers-Cotterêts avait également refusé de participer aux commémorations de l’abolition de l’esclavage dans sa ville. Bien que Marine Le Pen ait déclaré à l’époque qu’elle n’aurait pas agi ainsi, elle poursuivait un objectif précis : dénoncer l’esclavage actuel pratiqué, selon elle, au Qatar, non pas pour commémorer l’abolition de l’esclavage, mais pour pointer du doigt des pays avec lesquels elle souhaitait que la France prenne ses distances. « Le président de la République [Nicolas Sarkozy] s’honorerait à rompre les relations avec le Qatar, petit pays par la superficie mais grand pays par l’esclavage », avait-elle déclaré selon Le Figaro. L’argument de Marine Le Pen sur l’esclavage moderne au Qatar, nous semble être utilisé une manière de détourner l’attention des commémorations historiques en France. En focalisant sur des pratiques actuelles dans d’autres pays, elle tente de rediriger la discussion loin du passé colonial et esclavagiste de la France.
En minimisant l’importance de ces commémorations, Johny Payet risque de priver la population réunionnaise d’un espace de réflexion et d’éducation sur ces atrocités. Cela pourrait même conduire à une forme de « lobotomisation » où la population serait moins consciente des luttes passées et actuelles pour les droits humains.
Génération Ecologie La Réunion dénonce de telles tentatives d’effacement historique. L’histoire de l’esclavage fait partie intégrante de notre histoire et de celle de l’humanité. Elle doit être reconnue et commémorée pour honorer les victimes et prévenir de futures injustices. Génération Ecologie La Réunion se mobilisera toujours pour s’assurer que ces événements restent dans la mémoire collective et que les leçons tirées du passé continuent d’informer les actions présentes et futures ».
Cyrille Melchior, président du Conseil départemental : « je dénonce les propos du maire de la Plaine-des-Palmistes »
Erick Fontaine, candidat dans la 2ème : « j’appelle à une prise de responsabilité immédiate de la part du maire de la Plaine »
J’appelle à une prise de responsabilité immédiate de la part du maire. Je demande une rétractation publique et des excuses sincères envers tous les Reunionnais blessés par ces propos inacceptables.
En cette période où la reconnaissance et la réconciliation sont plus que jamais nécessaires, je réaffirme mon engagement à combattre toutes formes de négationnisme et de révisionnisme historique. Il est de notre devoir collectif de maintenir la mémoire vivante et d’honorer la vérité historique pour construire une société plus juste et équitable. »
Les élus du Département condamnent à l’unanimité les « propos affligeants » de Johnny Payet sur le 20 décembre
C’est à l’unanimité que les Conseiller départementaux, réunis en séance plénière ce 19 juin 2024, ont fermement condamné les propos de Johnny Payet, maire de la Plaine-des-Palmistes et représentant du Rassemblement national, remettant en cause la commémoration de la fête de la Liberté.
« Je salue l’unanimité de notre honorable assemblée pour condamner ces propos affligeants reniant le passé, ignorant le présent et insultant l’avenir » a déclaré le président Cyrille Melchior après la lecture et le vote de deux motions, présentées par Monique Orphée et Sophie Arzal.