Papillons la lampe

Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie, a finalement cédé à la pression de certains de ses élus qui lui avaient demandé la tête de Gaëtan Adam, vice-président du CCAS. C’est fait ! Il a tout récemment signé l’arrêté qui met fin aux fonctions de Gaëtan Adam dont il était pourtant si proche. Pour ne pas déplaire à un groupe d’élus qui le tiennent par la barbichette, Richard Nirlo n’a donc pas hésité à couper la tête à son bras droit du CCAS. Viré ! A qui le tour à présent ? D’après mes informations, si le maire devait encore capituler face à la pression de ce petit groupe d’élus, les jours du DGS pourraient être comptés. En fonction depuis quelques mois, ce dernier s’est scrupuleusement conformé aux recommandations de la Chambre régionale des comptes (CRC). En bon élève et, surtout en bon fonctionnaire territorial, il ne tolère aucun écart par rapport à la loi. Son credo à lui est simple comme bonjour : la loi, rien que la loi ! Tout doit se faire dans la légalité. Ce que ne semblent pas du tout apprécier un petit groupe d’élus composé notamment de Sylvie Billaud, Thierry Flahaut, Nadia Wu-Tiu-Yen, André M’Voulama, Didier Gopal, James Clain, Marilyne Soubadou et Nicole Fahin. L’une d’entre eux monnayerait même des places dans le cimetière. Une façon de se faire un peu d’argent sur la tête des morts…

En tout cas, toujours selon mes infos, ces élus qui ont beaucoup d’ambitions pour 2026 veulent encore plus de délégations et de moyens pour mener « leur » politique. Sauf que, la Chambre régionale des comptes (CRC) veille au grain et que le DGS a tendance à serrer la vis dans l’intérêt des administrés. Une attitude qui ne plaît pas aux élus qui veulent s’asseoir sur les articles du Code général des collectivités territoriales y compris tant en matière d’urbanisme (déclassement de terrains). Résultat des courses : la tête du DGS a été mise sur un billaud (c’est le cas de le dire).

Les temps sont durs pour Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie, mis à mal par ses propres élus.

Vous l’aurez compris, la guerre fait rage entre un groupe d’élus dont les mauvaises langues diront qu’ils sont avant tout « alimentaires », parmi lesquels, un qui est chef d’entreprise et qui veut absolument avoir la délégation de marchés publics et les administratifs qui ne font qu’appliquer la loi. Sans compter aussi que la nièce du maire, directrice des Ressources humaines, a décidé d’y mettre son grain d’sel en allant pleurer auprès de son tonton maire pour demander la tête du DGS qui ne l’aurait pas soutenu lorsqu’elle fut « harcelée » via des photos porno par un cadre de la mairie, suspendu depuis, en attendant la fin de l’enquête.

En clair, dès lors que la nièce du maire s’emmêle, on peut dire que le DGS est mal barré car, auprès de son tonton, elle finit toujours par obtenir gain de cause. Faites causer l’ancien DGA aux Finances et vous comprendrez ! Que deviendra donc le DGS de la mairie de Sainte-Marie, très apprécié par ailleurs des agents communaux ? Sera-t-il sacrifié sur l’autel des ambitions de ce petit groupe d’élus qui font du chantage au quorum ? En effet, un conseil municipal est prévu ce vendredi 3 mars, à 17h30, à Sainte-Marie. Certains élus de la majorité municipale, celles et ceux que j’ai cités ci-dessus, menacent de ne pas donner le quorum à Richard Nirlo, s’il ne coupe pas la tête au DGS. Ce fut un temps, le nom de Gérald Denage (actuel DGA aux finances) avait circulé pour un remplacement éventuel du DGS, mais il serait sur le départ, me dit-on. Enfin, sur le départ depuis déjà… trois mois, mais il est toujours là.

Nirlo sous la pression d’un petit groupe d’élus qui veulent la tête du DGS

Stéphane Servan, l’ancien DGS, est revenu à la mairie de Sainte-Marie. Il avait été en détachement à SYDNE (Syndicat du traitement des déchets du Nord-Est) en tant que dir-cab de l’ancien président Michel Vergoz, mais depuis fin de l’année dernière, Servan a été recasé à la mairie de Sainte-Marie, à la direction de l’Animation. Un placard doré, en somme ! Nul doute que les élus dits « alimentaires » pourraient toujours compter sur lui ; Il passe pour avoir été un DGS « très généreux » du temps où il se trouvait aux commandes. C’est le profil type recherché par les élus qui demandent aujourd’hui la tête de l’actuel DGS « trop rigoureux » à leur goût. Alors, quorum ou pas quorum ce soir ? Si pas quorum, le DGS pourrait d’ores et déjà préparé ses cartons car entre les élus « très ambitieux » de la majorité – il y en a même un qui avait récemment proposé à l’opposition de s’associer avec le petit groupe pour destituer Nirlo et faire élire Billaud en interne jusqu’en 2026 – et une nièce très capricieuse, Richard Nirlo (le pauvre) maire, n’aura pas vraiment le choix. A moins qu’il ne menace de démissionner à son tour en soutien à son DGS considéré un peu comme son « cerveau » à la mairie de Sainte-Marie !

Une motion de défiance aurait même été déposée par ces élus en début de semaine pour que le maire coupe la tête à son DGS. Or, nombreux sont les agents communaux qui se disent prêts à faire grève la semaine prochaine pour soutenir le DGS contre ces élus « qui foutent la m… » dans la mairie (Je reprends textuellement leur expression). Des agents qui espèrent que ces élus vont « dégager », que « le conseil municipal sera dissout », que « le maire sera destitué » et que de « nouvelles élections pourraient avoir lieu ». Quorum pas quorum ? Quelle sera la posture de Céline Sitouze et de ses six élus ? Que fera Rémy Lagourgue et ses 11 conseillers ? Richard Nirlo a besoin de 21 élus pour tenir son conseil municipal consacré aux orientations budgétaires. Réponse, ce soir !

Manifs contre la réforme des retraites : le bal des hypocrites ?

Nouvel appel à la mobilisation contre la réforme des retraites, le mardi 7 mars prochain. On l’a vu, au fil des semaines, que la manifestation s’était quelque peu essoufflée dans l’île. Les salariés avaient répondu présents lors des deux premiers rassemblements à Saint-Denis et à Saint-Pierre mais ils ont vite changé d’avis après avoir regardé leur bulletin de salaire. Une journée de grève, c’est une journée de salaire en moins. En ces temps d’inflation, pas grand-monde qui plus est, lorsqu’on est père et mère de famille, ne peut s’accorder un tel privilège. Ce qui fait que les dernières manifestations n’ont pas vraiment mobilisé.

Il faut savoir aussi – et ça les syndicalistes ne vous le diront jamais – que, pendant que les leaders syndicaux appellent à la mobilisation pour lutter contre cette réforme qui projette de reculer l’âge de retraite à 64 ans, eux mêmes, notamment ceux qui sont fonctionnaires territoriaux sont nombreux à avoir écrit aux maires (leurs employeurs) pour demander à ces derniers une prorogation de leur carrière dans les collectivités où ils sont en fonction.

En clair, ils appellent les salariés à manifester contre un départ à 64 ans et, dans le même temps, ils font tout pour pouvoir travailler jusqu’à 67 ans. Comprenne qui pourra ! Autrement dit, la devise des syndicalistes pourrait être la suivante : faites ce que je dis mais pas ce que je fais ! J’ai mené vite fait ma petite enquête dans les mairies, croyez moi, de nombreux fonctionnaires, y compris donc vos leaders syndicaux qui, à chaque manifestation vocifèrent dans les porte-voix contre le gouvernement et contre Macron, ne sont pas prêts du tout de prendre leur retraite à 62 ans, ni même à 64 ans. Ils veulent « travailler » (disons plutôt poursuivre leur carrière) jusqu’à la limite d’âge autorisée pour l’instant, à savoir 67 ans. Comme quoi, selon le bon vieux proverbe créole, « sek i donne la roue, i rale pas charrette ! ».

Petite question qui me vient à l’esprit : pourquoi les élus ne prennent-ils pas leur retraite (politique) à 62 ans ? Je pense aux maires, aux conseillers départementaux, régionaux, députés, sénateurs…

Toujours à propos de la journée de mobilisation prévue le 7 mars prochain, j’ai vu sur Facebook que le QG Zazalé appelait à un « blokaz laréopor, lopor… » et un « blokaz » également de plusieurs ronds-points dans les grandes villes de l’île. Le post de QG Zazalé a été partagé plus de 3000 fois quand même !

Dents blanches à Paris, cœur noir à la Réunion ?

Je ne vais pas être très long, cette semaine encore, pour cause de déplacement à Paris, plus précisément au Salon International de l’Agriculture (SIA) qui se tient jusqu’à ce dimanche 5 mars, Porte de Versailles. Une étape incontournable pour le monde agricole. Une belle vitrine pour chaque région française, pour chaque département hexagonal ou ultramarin. L’occasion de montrer le savoir-faire local et de valoriser les produits locaux. La Réunion n’a pas à rougir à ce niveau. Le village des Outre-mer a été très visité. Quelques chiffres pour vous donner une idée de l’importance de ce salon : plus d’un millier d’exposants ; 23 pays représentés par leurs artisans, agriculteurs ; Près de 3 000 animaux exposés ; Plus de 600 000 visiteurs au terme du salon.

Pas la peine de vous faire un dessin. C’est véritablement une vitrine mondiale. Les 32 exposants venus de la Réunion (tous secteurs confondus) ne regrettent évidemment pas leur déplacement dans la capitale. Le Village Réunion qui s’étale sur 800 mètres carrés attire chaque jour un public nombreux et a vu passer plusieurs ministres dont Elisabeth Borne, la cheffe du gouvernement, Marc Fesneau (Agriculture). Sans compter également Jean-François Carenco, ministre délégué des Outre-mer. Ou encore Edouard Philippe, ancien Premier ministre et vraisemblablement futur candidat à la présidence de la République en 2027 avec son parti « Horizon ». Emmanuel Macron n’a pas non plus dérogé à la règle.

Nos élus ont également fait le déplacement pour être aux côtés des exposants : Cyrille Melchior (président du Département), Huguette Bello (présidente de Région), Patrick Lebreton (président de l’IRT), Serge Hoareau (1er vice-président du Département), Jean-Bernard Maratchia (Région), Emmanuel Séraphin (maire de Saint-Paul et membre de l’IRT), Jeannick Atchapa (vice-président du Département), Olivier Hoarau (maire du Port, qui était de passage dimanche dernier), et bien d’autres encore. Sans oublier Frédéric Vienne (président de la Chambre d’agriculture) ainsi que des syndicalistes agricoles.

Les élus réunionnais, toutes tendances politiques confondues, main dans la main à Paris.

Pour cette 59ème édition, et à l’instar de l’année dernière, Département, Région, Chambre d’agriculture, l’IRT ont travaillé de concert afin d’offrir un espace conséquent d’exposition aux agriculteurs et artisans locaux. Nos élus ont travaillé main dans la main dans l’intérêt des Réunionnais. Le but de ce salon était avant tout, comme je vous l’ai dit, de valoriser l’excellence réunionnaise.

Bien entendu, cela ne doit pas pour autant cacher les difficultés auxquelles sont confrontés nos agriculteurs dont nombreux croulent sous les charges en raison de l’augmentation des intrans (engrais et produits). Ils n’arrivent plus à faire face aux dépenses, à payer leurs factures. Une situation qui aboutit parfois à des drames comme ce fut le cas récemment à Saint-Benoit. Il ne faudrait pas, en effet, que l’éclat des médailles agricoles à Paris fasse oublier la dure réalité qui frappe nos agriculteurs.

D’où le travail que doivent mener ensemble nos élus locaux, comme l’a d’ailleurs rappelé, lors de son passage au Village Réunion, le ministre Jean-François Carenco qui, une fois de plus a prôné « l’union sacrée « . En clair, parler d’une même voix et « porter ensemble » les problématiques réunionnaises auprès du gouvernement, plutôt que de jouer aux « papillons la lampe » à Paris pour ensuite casser du sucre sur le dos de ce même gouvernement.

Au salon de l’agriculture lors du passage d’Elisabeth Borne au Village Réunion. (Crédit photo : YM)

A Paris, tous les élus réunionnais, toutes obédiences confondues (droite, gauche, centre…) sont très contents (es) de rencontrer les ministres. Ça se voit à leur sourire tranche papaye et leurs yeux qui pétillent. On l’a vu lors du passage d’Elisabeth Borne et de Jean-François Carenco au Village des Outre-mer. Borne avait à ses côtés Melchior et Bello. Pour caricaturer, je serai presque tenté de dire que nos élus locaux sont tous Macronistes quand ils sont à Paris. Mais une fois descendus de l’avion à Roland-Garros (Gillot), les Mélenchonistes fustigent la Macronie et certains « Macron-compatibles » se cachent. En fait, ils vont chacun de leur côté à Paris avec leurs petits dossiers sous les bras, alors que le gouvernement leur demande de travailler avec beaucoup plus de cohérence dans l’intérêt de leur département.

Cyrille Melchior, président du Département, était en réunion de travail sur le CIOM (Comité interministériel) cette semaine, à Paris, avec Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.

« Ils ont demandé la recentralisation du RSA, le gouvernement a dit OK ; Idem pour le financement de la NRL et Air Austral. Ce qui représente des centaines de millions d’euros, pour ne pas dire le milliard d’euros. Et malgré tout ça, ils nous dégomment sans cesse. Ou bien, alors, même les Macron-compatibles, se font tout timides voire carrément silencieux lorsqu’il s’agit de défendre la politique gouvernementale », observe un conseiller ministériel.

« Emploi public en Outre-mer : une préférence pour les métropolitains ? »

Il va sans dire que lorsque nos élus se donnent la main, les dossiers avancent plus facilement. Air Austral en est un exemple flagrant. C’est bien connu, l’union fait la force. Il y a un temps pour les élections et un temps pour le travail. A ce titre, notons que Cyrille Melchior et Huguette Bello signeront cet après-midi, à 15 heures, au palais de la Source une convention de partenariat relative à la continuité funéraire et à la mise en place du numéro unique. « Travailler ensemble », c’est le maître-mot de Paris aux élus locaux. Carenco n’a cessé de le répéter. C’est ce qu’il devrait dire également Calédoniens auxquels il rend visite cette semaine aux côtés de son ministre de tutelle Gérald Darmanin.

Michel Vergoz (à gauche), nouveau patron du Parti de la majorité présidentielle à la Réunion. Ici aux côtés de Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance. (Crédi photo : Y.M.)

Pour finir, je voudrais revenir sur la convention de partenariat signée vendredi dernier à Sainte-Rose par Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance et Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose et président du Mouvement Politique Trait-d’Union (MPTU). Une convention inédite signée par un parti national, qui plus est celui de la majorité présidentielle. Lequel, contrairement aux grands partis nationaux comme « LR », le PS », a préféré délégué la gestion politique, non pas à une fédération de Renaissance, mais à un parti local, le MPTU, tout en lui confiant la gestion du projet politique. Et pour couronner le tout : la national fournira même les finances nécessaires au bon fonctionnement de Trait-d’Union.

Le message de Paris est on ne peut plus clair : plutôt que d’avoir affaire exclusivement avec des « grands » « Macron-compatibles » qui se cachent, le national préfère travailler avec des « petits » Macronistes qui assument pleinement la Macronie à visage découvert et qui n’hésitent pas, comme l’ont fait par exemple Michel Vergoz ou encore le vice-président de MPTU, Laurent Virapoullé (dimanche dernier sur Réunion La 1ère), à défendre la politique gouvernementale. Le MPTU aura surtout pour mission de préparer et de proposer un projet réunionnais au gouvernement. Un projet qui concerne tous les secteurs d’activité de notre économie, à commencer par l’emploi, qui a fait récemment l’objet d’un article dans « The Conversation », média en ligne, indépendant et sans but lucratif, proposant notamment du contenu issu de la communauté universitaire. L’Outre-mer était au menu, le 8 février dernier, via un article signé de Marine Haddad, sociologue à l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED). Un article intitulé : « Emploi public en outre-mer : une préférence pour les métropolitains ? ». Sur cette thématique, tous nos élus, sans exception, qui prônent « la préférence régionale à compétence égale », s’y sont cassés les dents. L’auteure de l’article nous apprend que « le recrutement des métros outre-mer serait l’indice d’une persistance du colonial ». (… il n’est alors pas surprenant que ces métros du secteur public occupent des postes d’encadrement », indique Marine Haddad avec graphique à l’appui.

Elle poursuit : « Pourtant, leur seul niveau de diplôme (ndlr : aux métros) ne suffit pas à expliquer l’ampleur des écarts avec les personnes nées dans les DOM. Si l’on se réduit aux personnes dotées d’un diplôme de niveau bac+3 ou bac+4 en emploi dans le secteur public, les métros occupent jusqu’à deux fois plus souvent des postes d’encadrement que les personnes nées dans les DOM et les écarts sont significatifs comme le détaille le graphique suivant… ». Elle conclut : « … à certains niveaux de diplôme comme la licence, les personnes nées dans l’Hexagone occupent plus souvent des postes d’encadrement que celles nées dans les DOM, soulevant la question d’une préférence métropolitaine ». Autrement dit, il y a de plus en plus de jeunes Réunionnais diplômés (Bac + 3 + 4 et même plus) et, malgré tout, leur recrutement ne semble pas être une priorité. Le débat est (de nouveau) ouvert.                            Et, cette fois, on ne pourra pas me taxer de raciste. L’auteure de l’article est une sociologue « z’oreil ». Voilà un des dossiers sur lequel pourrait plancher le MPTU pour son projet réunionnais ! Je termine avec une bonne nouvelle : on roule enfin sur le viaduc de la Nouvelle Route du Littoral. 10 ans après. On dit merci qui ? A Didier Robert, qui l’a commencé. A Huguette Bello qui va la finir. Et à l’Etat qui finance en grande partie. Ensemble on va plus loin !

Y.M.

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