Brasseries de Bourbon fête ses 60 ans : on fait le point avec son directeur (VIDEO)

Force est de constater que, finalement, en présence des ministres de passage dans notre île, nos élus ne sont pas du genre à pleurer. Nos élus mais aussi les hauts fonctionnaires comme la rectrice ou encore le directeur du CHU et bien d’autres hauts « gradés » de la fonction publique. J’en veux pour preuves les récentes visites de la ministre délégué de la santé Agnès Firmin Le Bodo, la semaine dernière; Puis celle de Pap N’Diaye (ministre de l’Education nationale). Des visites durant lesquelles nos élus se sont mis sur leur 31, brushing impeccable et lèvres bien fardées pour les femmes, joli costard pour les hommes, qui toutes et tous ont esquissé de larges sourires « tranche papaye » aux ministres en ne leur montrant que ce qui marche bien, que ce qui fonctionne en matière de dispositifs que ça soit de lutte contre les violences intrafamiliales ou d’inclusion à l’école.

Aucun des élus, aucun haut fonctionnaire, aucun représentant de la justice n’a mis sur la table le problème de manque d’effectifs dans les services. Et pourtant, tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes. Il suffit d’écouter les salariés tant du public que du privé, et dans quel que secteur d’activité que ce soit. Il suffit d’écouter de nombreux parents qui n’arrivent toujours pas à scolariser leurs enfants vivant de handicap faute de place, d’effectifs, d’AESH. Il suffit d’écouter les membres de l’intersyndicale dans l’éducation nationale qui, à un coin de rue et en tee-shirt, n’ont pas hésité à interpeller le ministre pour lui faire part des problèmes de manque de personnel…

Bien peignés, bien sapés, le petit doigt sur la couture du pantalon… ils attendent sagement Monsieur le ministre. De bons élèves…

A aucun moment, la direction de l’hôpital public n’a fait part aux ministres de la souffrance au travail du personnel aux emplois du temps surchargé, du manque de moyens dans les établissements. On dit toujours que « z’enfants i plèr pas i gagne pas tété », mais ce n’est pas en ripolinant les ministres de passage, en repoussant la poussière sous le tapis avec les chaussures vernies, en risquant une hernie discale à force de courbettes chevaleresques, autrement dit en faisant carpette, que le gouvernement sera sensibilisé à nos difficultés. Donc, autant dire que tout va bien et que tout fonctionne à merveille. Au cas contraire , on ne sait jamais, les ministres de passage pourraient croire que les hauts fonctionnaires ou même certains élus ne seraient pas à la hauteur de leurs responsabilités et qu’ils ne feraient pas leur job comme il se doit. Ceci pourrait donc expliquer cela !

Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée à la Santé, suivi du préfet Jérôme Filippini. (Crédit photos : Yves Mont-Rouge)

Je referme cette parenthèse que j’avais ouverte eu égard aux passages récents de deux ministres chez nous. Je prends aussi le pari que toutes les autres visites seront du même acabit. Et je ne cesserai de le redire : les ministres passent, nos problèmes demeurent voire, parfois, ne font qu’empirer. Idem à Mayotte où les problèmes d’immigration, de violences ne font que croître alors que tous les ministres (tout récemment encore ceux de l’Intérieur et des Outre-mer), y compris les présidents de la République, qui y sont passés sont déjà bien au fait de tous ces problèmes. Ce fut un temps, une époque, où les ministres, les chefs d’Etat arrivaient avec des solutions, des moyens. A présent, ils font surtout des «visites de courtoisie », viennent signer des conventions et couper des rubans tricolores avant de coquetéliser ou de dîner « républicainement ». (ça n’existe pas, je sais !).

Pap N’Diaye, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse

Mayotte, vous disais-je continue à être quasi-quotidiennement confronté au problème d’immigration clandestine. La Réunion aussi, à une moindre échelle, mais ça commence, ça continue surtout avec les Sri-Lankais qui, via des passeurs clandestins, semblent avoir trouvé le chemin. Il n’est évidemment pas question de les remettre en mer vers l’inconnue, ce serait inhumain, mais quelle politique faudrait-il concrètement instaurer pour stopper cette immigration clandestine ? C’est bizarre que « ces bateaux clandestins » n’aillent pas accoster à l’île Maurice qui ne se trouve, pourtant, pas loin de la Réunion !

Une fois qu’ils sont là, je parle des Sri-Lankais, il faut bien s’occuper d’eux. Je comprends, soit en dit en passant, la position d’Ericka Bareigts qui, via un communiqué en début de semaine, a indirectement indiqué à l’Etat et à tous les autres élus de l’île, que les contribuables de Saint-Denis ne pouvaient porter sur leurs seules épaules toute la misère du monde. Aussi, avait-elle appelé l’Etat, la Région, le Département et l’Association des maires à se bouger le popotin et à ne pas laisser la commune de Saint-Denis – qui n’arrive toujours pas à satisfaire ses administrés dans ce domaine – seule à trouver des solutions de logement d’urgence aux Sri-Lankais. Autrement dit : ok pour la solidarité réunionnaise mais pas question de ne compter que sur la solidarité dionysienne. Un message on ne peut plus clair de la maire de Saint-Denis.

Deux intersyndicales mais les mêmes revendications

C’était la journée de mobilisation nationale (et donc locale) hier. Au menu : pouvoir d’achat et retraite. C’est aujourd’hui (et même depuis longtemps) un secret de polichinelle. Emmanuel Macron veut repousser l’âge de départ à la retraite et prolonger la durée de cotisation. La France se doit de donner des signes à l’Europe en matière d’économies si elle veut toujours avoir la confiance de la Banque centrale. Sauf que pour certains corps de métier, partir à la retraite à 65 ans, c’est comme aller directement dans un centre de rééducation pour y passer le restant de sa vie, quand ce n’est pas se diriger tout droit vers un cimetière.

On ne peut pas traiter de la même façon un salarié qui exerce un métier dit pénible (manœuvre maçon par exemple) et celui qui travaille dans un bureau. Vous l’aurez compris, ce n’est pas un dossier facile. Il était question, concernant cette réforme des retraites, d’un amendement dans le cadre de l’examen du projet de loi des finances et de la sécurité sociale (PLFSS). Mais tout compte fait, ne souhaitant pas une révolte dans la rue de la part de cette « France qui se lève tôt », Emmanuel Macron préfère temporiser en jouant la carte de la concertation et en présentant vraisemblablement un projet de loi d’ici au début de l’année 2023 pour un départ à la retraite à 65 ans à partir de 2031. C’est ce qu’a laissé entendre d’ailleurs la Première ministre Elisabeth Borne au sortir du dîner organisé, mercredi soir, à l’Elysée par le chef de l’Etat en présence de quelques ministres dont le chef du gouvernement et certains responsables de partis politiques comme François Bayrou (MoDem) et Edouard Philippe (Horizons).

A la Réunion, plus précisément au Département, cette journée de mobilisation a pris des allures assez comiques. Mardi, une intersyndicale composée de la CGTR (Virginie Gobalou-Erambrampoullé), de FO (Jean-Marc Cebin), de la CFTC (Gilbert Tandrayen), du SPCD (Madeleine Di Tomaso) tiennent une conférence de presse pour lancer un appel à un rassemblement, ce jeudi 29 septembre (hier), devant le palais de la Source. Un appel qui, manifestement, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque, sans même attendre ce jeudi, des employés syndiqués SNT (Jeanne Toolsy), SAFPTR (Patricia Doxiville-Kichenaman) et SAMFFA (Marie Lebon) se sont retrouvés, dès mercredi 28 septembre, avec leurs pancartes devant le palais de la Source.

Virginie Gobalou-Erambrampoullé (robe rouge)

Vous l’aurez compris, il existe deux intersyndicales au sein de la collectivité départementale. Pour faire court, la première dénonce « la souffrance au travail » ; La seconde aussi. La première souhaite de « meilleures conditions de travail » ; La seconde aussi. La première revendique « le respect de la loi concernant le versement des primes » ; La seconde aussi. En fait, les revendications sont exactement les mêmes, mais les responsables syndicaux n’arrivent pas à s’entendre entre eux – querelles de chapelles sans doute ! – et préfèrent ruer dans les brancards chacun de leur côté, en oubliant au passage que «l’union fait la force ». A ce rythme là, tout laisse à penser que les salariés qui « souffriraient » vraiment dans le cadre de leurs fonctions, devront attendre longtemps pour voir une amélioration de leurs conditions de travail. Suite à la publication de l’article relatif à la conférence de presse tenue par Virgine Gobalou-Erambrampoullé et ses camarades, des élus du Département m’ont interpellé en me disant : « Mme Virginie Gobalou-Erambrampoullé, la syndicaliste de la CGTR/CGT, c’est bien une élue de la majorité régionale, proche d’Huguette Bello ? Et il n’y aurait pas de souffrance au travail à la Région ? Bizarre qu’elle ne soit pas montée au créneau pour dénoncer le non-renouvellement de centaines de contrats par la majorité politique à laquelle elle appartient à La Région ! Donc, il n’y aurait de souffrance au travail qu’au Département où elle est syndicaliste mais pas à la Région où elle est élue de la majorité ! Bonjour la crédibilité… ». Fermez le ban !

Le grand ménage à la SPL Maraina ?

Transition toute trouvée pour vous parler de la SPL Maraina puisqu’il serait question là aussi de « souffrance au travail ». La SPL Maraina a été créée en 2010 sous la mandature de Didier Robert. Elle compte aujourd’hui une vingtaine d’actionnaires (toutes des collectivités locales : communes et EPCI) dont la plus importante étant la Région. Avant l’arrivée aux commandes de la nouvelle majorité de gauche, c’est Fabienne Couapel-Sauret qui en était la Pdg. Elle était rémunérée pour cette fonction. Contrairement à Fabrice Hoarau, conseiller régional, qui a été nommé président. La direction est assurée par Mickaël Rivat, anciennement directeur financier de ladite structure. Une promotion interne avec la bénédiction évidemment du nouveau président. A écouter les témoignages de certains employés de cette SPL, « rien ne va plus à Maraina ». Les salariés tombent comme des mouches. D’une trentaine de personnes, l’effectif est passé à 18, et sur les 18 restants, deux autres ont souhaité partir. Mais que se passe-t-il à la SPL Maraina ? Serait-elle victime d’une épidémie ? Covid ? Variole du singe ? Dengue ? Rien de tout cela.

Selon les employés « qui n’en peuvent plus », le directeur, « le nouveau », serait à l’origine de la crise qui règne au sein de la SPL. Je vous décris la situation de la société vue par les salariés : « 19 départs annoncés en 6 mois, encore d’autres départs à veir, une plainte anonyme pour harcèlement moral, des arrêts de travail à foison, la suppression des 2 jours de télétravail par semaine puis, suite à de nombreuses revendications, la remise d’une journée avec des conditions plus que rigides ». Et ce n’est pas fini ! « D’un point de vue économique, 3,5 millions d’euros de perte sur les 3 dernières années, 1 demi million de perte à prévoir cette année, un coup d’accordéon en cours sur le CA car fonds propres inférieurs à 50% du capital, 800 000 d’avenants en négociation avec l’actionnaire majoritaire, des avances sur les conventions consommées alors que certaines conventions n’ont pas encore débuté, un DG qui va prendre le petit-déjeuner avec de jolie jeune femme pendant ses heures de bureau, un nouveau DG qui prend un mois de congé en pleine restructuration ; Sur le volet politique, on peut ajouter que les élus utilisent la SPL pour régler leurs comptes… » Un tableau pas très reluisant vu du côté des salariés. A noter que l’Inspection du Travail s’est rendue également, il n’y a pas si longtemps, dans les locaux de la SPL, rue Colbert à Saint-Paul, suite à un signalement anonyme.

Tous les bureaux ont été dégagés laissant place à un hall vide.

Alors, la SPL Maraina va-t-elle bientôt mettre la clé sous la porte ? Quid de « la souffrance au travail » au sein de cette structure ? Réponse de Fabrice Hoarau, son président, que j’ai contacté hier matin. « Ils ne travaillent tout de même pas dans un bidonville… Il y a eu en effet quelques tensions dues à la restructuration que la nouvelle direction a mise en place, mais à part ça rien d’exceptionnel ! Comme dans toutes les sociétés, lorsque la direction doit mettre un coup de pied dans la fourmilière, cela entraine quelques rouspétances, mais l’on devait passer par là pour remettre le train sur de bons rails », explique Fabrice Hoarau qui jure que « tout a été fait dans le respect des lois, après concertation avec les salariés qui souhaitaient partir dans d’autres collectivités. Nous avons mis en place des ruptures conventionnelles ». Le nouveau président insiste sur le fait « qu’il fallait changer certaines habitudes dans les méthodes de travail et c’est le nouveau directeur qui a eu ce rôle ingrat. Forcément, il passe pour le méchant mais l’objectif est de rendre viable économiquement cette structure qui, avant notre arrivée au pouvoir en juillet 2021, accusait un déficit de 1,3 million d’euros en 2019, idem en 2020. Fin 2021, après 6 mois de gestion, nous avons pu ramener ce déficit à 900 000 €. Nous visons l’équilibre financier pour 2022. La restructuration ne plaît pas tout le monde car elle passe obligatoirement par un changement du mode de fonctionnement… Nous avons recruté depuis un directeur technique. On prévoit des appels à candidatures dans les mois qui viennent ». Selon Fabrice Hoarau, même avec 18 salariés aujourd’hui, « la SPL n’est pas en sous-effectif et il n’y a pas de surcharge de travail pour celles et ceux qui restent car la direction a mis en place un nouveau mode de fonctionnement ». Vrai ou faux ? La suite au prochain épisode avec les employés qui ne manqueront sans doute pas de réagir !

« Emploi pistonné » ?  Il faudrait créer des prisons « spécial élus ou collaborateurs d’élus » !

Mais avant, faisons un détour par l’Est. On ne peut pas dire que Patrice Selly et Joé Bédier iront passer leurs vacances d’hiver ensemble. Les deux hommes se parlent comme on l’a encore vu lundi dernier lors du lancement de la semaine de la lutte contre les incivilités à la gare routière de Saint-André, mais on a bien l’impression que c’est « dents blancs, ker noir », comme dirait le dicton.

Le premier, qui est maire de Saint-Benoit et également président de la Cirest, n’a pas du tout apprécié le coup de Jarnac que lui ont fait les élus de la majorité municipale de Saint-André, samedi dernier, lors du conseil communautaire de la Cirest en ne votant pas l’application de certaines taxes et l’instauration d’autres taxes.

Selon le protocole de 2020 signé à Bras-Panon entre les maires de l’Est, Patrice Selly devrait son fauteuil de président de la Cirest à Joé Bédier en 2023, mais vu les relations entre les deux communes, pas sûr que cet accord soit honoré. « Lorsqu’il s’agit de mesures en faveur de Saint-André, les élus de Saint-Benoit ont toujours voté comme un seul homme. L’inverse n’est pas du tout vrai. Si demain Saint-André récupère la présidence, on peut se demander tout à fait légitimement à quelle sauce les administrés de Saint-Benoit seront mangés », lâche un élu proche de Patrice Selly. Attendons l’année prochaine pour voir !

Direction le Sud, le Tampon plus précisément. Vous le savez depuis hier, le tribunal correctionnel de Saint-Pierre a condamné André Thien-Ah-Koon, entre autres, à une peine d’inéligibilité de 3 ans parce qu’il aurait « pistonné » la sœur d’une de ses adjointes à la tête de la Sudec, une SPL s’occupant du traitement des déchets. Une femme qui, comme l’a relevé le tribunal, dispose de « diplômes prestigieux » et d’une expérience internationale, mais elle ne serait pas spécialisée dans le traitement des déchets. Du coup, après signalement de la Chambre régionale des comptes, la justice s’est saisie de cette affaire d’embauche « pistonnée ». Selon les termes juridiques, on parle de « prise illégale d’intérêt » mais c’est bien « d’emploi pistonné » qu’il s’agit. Appelons un chat, un chat. Le tribunal correctionnel a donc condamné Tak. N’étant pas un spécialiste du Droit, on peut considérer que la justice a fait son travail. Tak va faire appel de ce jugement. C’est son droit.

Moi je constate tout simplement que Christelle Mondon est, certes, la sœur de l’adjointe Laurence Mondon, mais qu’elle a aussi « des diplômes prestigieux » et jouit d’une expérience professionnelle internationale. Une Réunionnaise compétente en somme. Je ne vais pas commenter une décision de justice, mais ce que je veux dire tout simplement, c’est que le jour où la justice décide vraiment de s’attaquer aux emplois « pistonnés », il faudrait créer, en France, je dis bien en France (car le piston n’est pas une spécificité réunionnaise), des prisons « spécial élus ou collaborateurs d’élus ». Les emplois « pistonnés », c’est vieux comme le monde. C’est comme les emplois par cooptation dans l’administration française, y compris bien entendu à la Réunion, au sein même parfois de l’administration judiciaire. Moi, je le dis et j’assume : en matière d’emplois, je suis pour la préférence régionale. A compétences égales, embauches locales qui plus est dans une île meurtrie par le chômage. Comme disait l’autre, « donn’ travail kréol ». Et je tiens à préciser que ce n’est pas être raciste que de soutenir la préférence régionale.

On reste dans le Sud pour terminer. Aux avirons, jolie petite commune verdoyante où la liberté d’expression ne semble pas être tolérée par le pouvoir en place à la mairie. Le maire vient de déposer plainte contre un jeune qui a osé donner son avis sur un phare que la municipalité a érigé au rond-point se trouvant près du Carmel. Le jeune voulait faire savoir « qu’il y avait sans doute d’autres priorités aux Avirons que de réaliser un phare et de détruire le jet d’eau ». Le maire, Eric Ferrère, par ailleurs auteur de deux livres sur le patrimoine (les mauvaises prétendent qu’il les a écrits sur ses heures de travail à la Région, durant les mandatures de Didier Robert), a vu rouge et a saisi la justice contre un post sur les réseaux sociaux. Mais qu’on se rassure ! Ce n’est pas comme en Iran. Eric Ferrère n’a pas (encore) interdit les réseaux sociaux sur le territoire communal.

Y.M.

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