Au nom de « l’union de la gauche comme seule alternative », Claude Hoarau, secrétaire général d’APR (Action Populaire de la Réunion), appelle à « une candidature unique de la majorité régionale » dans les 7 circonscriptions de la Réunion aux législatives des 12 et 19 juin prochains. Voici sa tribune :
« Voilà six mois maintenant, soulevant l’enthousiasme et l’espoir, la liste d’union des forces populaires, rassemblant toute la gauche réunionnaise sous la direction d’Huguette BELLO était élue à la direction du Conseil Régional.
Cette victoire a été le fruit d’un travail de rassemblement engagé de très nombreux mois auparavant, entre toutes les formations politiques qui se reconnaissent dans l’idéal de gauche. Autour de la table à de nombreuses reprises nous étions jusqu’ à neuf formations politiques.
La volonté d’union était telle, que même quand nous avons pris acte qu’il y aurait plusieurs listes au premier tour, chacun réaffirmait que tout serait fait pour être ensemble au deuxième tour. Effectivement le déroulement de la campagne du premier tour a montré le souci de tous de ne rien faire qui rendrait impossible le rassemblement qui devait avoir lieu impérativement pour le second tour.
Parce que nous avons fait cela, à l’issue du premier tour, en quelques heures l’accord était conclu entre les trois listes de gauche, et la structure de la liste d’union était adoptée.
Parce que nous avons fait cela , Nous avons gagné !
Aujourd’hui, Huguette BELLO est à la tête de la Région Réunion avec une majorité de 29 membres appartenant à 8 partis différents.
Si on peut s’enthousiasmer de cette situation, il faut garder à l’esprit la difficulté que cela représente.
Chaque formation doit garder durant toute la mandature, la même envie d’être ensemble pour que l’édifice ne se fracture pas.
Cela impose à chacune d’elle le respect des sept autres.
Cela fait obligation à chacune d’elle de renoncer aux tentations hégémoniques qui provoqueraient la crispation aujourd’hui et des tensions demain au sein de la majorité.
C’est, je le crois en fonction de cette préoccupation que nous devons appréhender les deux scrutins qui s’annoncent en avril et en mai.
S’agissant les élections présidentielles, il est à mon sens totalement légitime que chaque formation composant la majorité régionale se détermine librement dans le choix entre les différents candidats de la gauche française.
Certes, la Présidente de Région , Huguette BELLO , a pris une position sans ambiguïté en faveur de Jean Luc Mélenchon. Cette position ne fait pas , pour autant, obstacle aux positionnements divers des différentes composantes de la majorité Régionale.
Il me semble cependant qu’une ligne rouge ne devrait pas être franchie, c’est celle du soutien d’une composante de la majorité au président sortant dont la politique, lors de son mandat qui s’achève , a été combattue sur tous nos bancs.
S’agissant les élections législatives qui vont suivre les présidentielles, il est de tradition que c’est à la faveur de ces élections que les forces politiques mesurent leur influence respective. La loi a d’ailleurs retenu ces résultats pour attribuer aux différents partis l’aide publique de l’État.
« Dans plusieurs circonscriptions les candidatures se multiplient. La division reprend ses droits. Elle nous conduit directement à des déconvenues »
Il serait donc légitime que chaque parti présente des candidats dans chaque circonscription. Cependant, le niveau important de l’abstention auquel nous sommes arrivés, et la règle des 12, 5 % des inscrits ouvrant le droit au maintien au deuxième tour, font que lors des dernières législatives en 2017, dans aucune circonscription de la Réunion il n’y a eu de triangulaire. Plus grave encore, dans toutes les circonscriptions, il a fallu procéder au repêchage de candidats pour qu’il y en ait au moins deux au deuxième tour. Il y a même 3 circonscriptions sur 7 où les deux candidats du deuxième tour étaient des repêchés. En fait, sur les 14 candidats du deuxième tour, 10 ont été repêchés.
Dans ces conditions des candidatures multiples de la majorité régionale, au lendemain d’une présidentielle qui n’annonce pas malheureusement une victoire de la gauche, peuvent avoir pour conséquence l’absence d’un candidat de la gauche au deuxième tour dans plusieurs circonscriptions.
C’est pour cette raison que lors de la première réunion des partis de la majorité régionale l’an dernier j’ai fait la proposition de déterminer dans chaque circonscription un candidat de la majorité régionale. Ce dernier serait assuré d’être présent au deuxième tour, et les chances de l’emporter seraient alors considérables dans au moins 5 circonscription sur 7.
On mesure combien le soutien de 5 parlementaires pourrait être essentiel dans toutes les démarches du nouveau pouvoir Régional auprès de l’État ou dans les sphères européennes.
On mesure également l’autorité que conférerait un tel résultat à l’équipe que nous avons portée à la direction de la Région l’an dernier.
Lors de cette réunion, sur proposition de la Présidente de Région, Huguette BELLO, il a été acté que la majorité régionale soutiendrait dans les circonscriptions 1, 2 et 5 les députés sortants de gauche : Philipe NAILLET, Karine LEBON et Jean Hugues RATENON.
J’ai soutenu cette démarche, comme une première décision allant dans le sens de ce que j’avais proposé.
Il restait bien entendu à organiser les discussions pour atteindre la candidature unique dans les quatre autres circonscriptions.
Depuis cette rencontre, force est de constater que l’on ne s’est pas orienté vers une démarche en faveur de l’union dans toutes les circonscriptions.
Dans plusieurs circonscriptions les candidatures se multiplient. La division reprend ses droits. Elle nous conduit directement à des déconvenues, et il serait illusoire de croire que ces dernières seront sans conséquences sur les résultats de nos trois sortants, et sur la cohésion de la majorité régionale.
Comment en effet, demander aux partis qui n’ont pas de sortant, de soutenir les sortants PLR, PS et LFI, quand ces trois partis vont, par ailleurs, soutenir des concurrents dans les autres circonscriptions ?
C’est pour cette raison que je réitère la proposition de déterminer dans chaque circonscription un candidat unique de la majorité régionale de telle sorte que chacune des formations principales de cette majorité ait la reconnaissance de son existence et de sa contribution à la toute récente victoire commune.
Si cette idée était abandonnée, et que la division et les confrontations s’installent, alors je proposerai qu’Action Populaire de La Réunion, que j’ai l’honneur de diriger se tienne en dehors des territoires où s’affrontent des candidats de la majorité régionale.
Il n’y a rien de plus précieux à mes yeux, que la réussite de la mandature régionale engagée l’an dernier sous la responsabilité d’Huguette BELLO, et cette réussite ne passe pas par l’affrontement entre les partis de gauche qui composent la majorité ».