Le dossier de la NRL (Nouvelle Route du Littoral) a été longuement abordé hier (mercredi 9 février) lors de l’assemblée plénière de la Région consacrée notamment aux orientations budgétaires pour 2022.
Comme nous vous l’avions déjà annoncé depuis hier matin, le début de séance a été relativement houleux entre les élus de l’opposition et ceux de la majorité, à tel point que la présidente Huguette Bello a dû taper du poing sur la table pour ramener tout ce petit monde au calme. Les échanges vifs concernaient précisément l’ouverture du viaduc de plus de 5 km déjà réalisé et livré l’année dernière. L’opposition avait présenté une motion demandant l’urgence pour un débat relatif à la livraison « le plus rapidement possible » de ce viaduc eu égard aux aléas de circulation sur l’actuelle route du littoral suite au passage du cyclone Batsirai. Après de vifs échanges, la présidente Huguette Bello a fait procéder à un vote sur l’urgence. La majorité régionale a finalement décidé de renvoyer la motion de l’opposition en commission.
La séance a pu se poursuivre laissant ainsi aux élus de la majorité le soin de présenter les différents axes du projet de mandature 2021-2022. L’occasion surtout pour eux et, plus précisément pour le 1er vice-président Patrick Lebreton, de rappeler « la situation financière catastrophique de la Région, héritage de la précédente mandature ». En clair, pour reprendre l’expression des élus de la majorité, « en 10 ans de gestion, Didier Robert, l’ancien président, a complètement plombé les comptes de la collectivité. Des comptes qui sont dans le rouge car l’encours de la dette est de 1,3 milliard d’euros ». Vous l’aurez compris, et les élus de la majorité le répèteront sans doute encore durant quelques mois, « financièrement, c’est compliqué et il va nous falloir faire des efforts à tous les niveaux ».
La NRL « qui ne mène toujours nulle part » ne serait évidemment pas étrangère à cette situation financière « très préoccupante » de la Région aujourd’hui. « Un investissement hors norme » a dit Patrick Lebreton « qui met en péril tous les autres investissements de la collectivité ».
D’où la nécessité de « faire des économies à tout-va », y compris donc sur la suite du chantier de la NRL. Il reste en effet un peu moins de 3 kilomètres pour terminer cette route. Il s’agit notamment de la partie Grande-Chaloupe/La Possession. Partie qui était prévue en Digue dans le protocole de Matignon 2. Or, il semblerait que cette option soit remise en cause aujourd’hui au profit de l’option tout viaduc « techniquement et financièrement plus fiable » comme l’a laissé entendre, hier, en session plénière la présidente Huguette Bello. Une option qui vient tout chambouler surtout pour les transporteurs qui avaient déjà beaucoup investi dans des camions et autres équipements en matière de BTP afin de travailler sur cette portion de route en prévue en Digue. Inutile donc de préciser que la préconisation par la nouvelle majorité (au pouvoir depuis juin 2021) de remettre en cause la Digue déstabilise les transporteurs. Lesquels se montraient jusqu’ici plutôt rassurés suite à une discussion en décembre dernier avec la nouvelle équipe régionale.
Pas besoin d’être ingénieur pour comprendre que l’option « tout viaduc » risque de repousser à plus tard la livraison globale de cette NRL car, comme le soulignent les transporteurs, « il faudra reconstruire une nouvelle barge ». On vous l’avait annoncé depuis l’année dernière, « Zourit », qui avait servi aux multinationales pour construire l’actuel viaduc, a déjà été vendu aux Pays-Bas.
Tout laisse à penser que les usagers de la route du littoral ne sont pas sortis de l’auberge concernant la NRL. Des grèves sont à prévoir. Les transporteurs qui avaient beaucoup misé sur les travaux de la Digue afin d’amortir leurs investissements en matériels pourraient descendre dans la rue dans les semaines à venir. On serait ainsi reparti pour des grandes périodes de grève et de blocages de route. « Ce n’est pas ce qu’avait dit Huguette Bello durant la campagne électorale. Il n’était pas question de remettre en cause le chantier prévu de la Digue », laissent entendre les transporteurs en colère.
Sentant sans doute monter la colère des transporteurs, le 1er vice-président Patrick Lebreton, invité d’Antenne Réunion, hier soir, a quelque tempéré la déclaration faite le matin par la présidente de Région en expliquant que « rien n’est encore décidé ; Toutes les solutions sont sur la table ; Les discussions se poursuivent ».
Voilà où on en est pour l’instant. A l’heure qu’il est, personne ne peut encore se projeter sur une date précise de la NRL ; Personne ne peut dire si la partie Grande-Chaloupe/La Possession sera faite en tout viaduc ou autrement (avec des caissons en béton, comme il avait été dit lors de la session plénière spéciale NRL en octobre dernier). La seule certitude, à en croire les élus de la nouvelle majorité régionale, c’est que « les discussions avancent avec l’Etat ainsi qu’avec le groupement pour les travaux concernant les accropodes endommagés et les fissures sur les piles ». Autre certitude : « l’actuel viaduc qui relie Saint-Denis à la Grande-Chaloupe sera mise en circulation dans le second semestre de cette année ».
Outre les propos tenus (assez rapidement) par la présidente Huguette Bello laissant entendre une possible « option en tout viaduc » de la partie restant à terminer (2,7 km), voilà ce qui est clairement écrit dans le document de projet de mandature de la nouvelle majorité concernant la NRL : « après une année d’achèvement des travaux de digues et des travaux de finition (réseaux, couche de forme…), l’objectif sera la mise en service anticipée des 8 premiers kilomètres de nouvelle liaison sécurisée avec TCSP au second semestre 2022 et l’achèvement du projet sur les 2,5 km restant à construire avec le concours actif de l’Etat. Elles devraient être posées en 2022 en s’appuyant sur une expertise technique, juridique et financière ».
Y.M.