C’est la question que se pose le maire de Saint-Joseph, Patrick Lebreton, qui a tenu une conférence de presse ce lundi 4 août – « date de l’abolition des privilèges le 4 août 1789 » – à Saint-Denis, en compagnie d’Emeline K’Bidi, députée de la Réunion (élue dans la 4ème circonscription). Prenant l’exemple de sa commune, Patrick Lebreton tire la sonnette d’alarme. « Nous attendions 114 PEC pour nos 26 écoles qui accueillent 4 500 élèves, nous en aurons 68 pour la rentrée d’août ». D’où la colère du maire de Saint-Joseph : « le compte n’y est pas », dit-il. « Depuis 40 ans, l’Etat a conclu un pacte sociétal et moral avec les collectivités locales; Or, nous constatons que, de plus en plus, l’Etat se défausse de ses compétences régaliennes à savoir l’école, l’environnement (emplois verts), la justice, le logement social », souligne Patrick Lebreton, qui ajoute : « les CCAS (centre communaux d’actions sociales) sont en train de devenir des antennes du ministère des Affaires sociales ».
Patrick Lebreton rappelle que ces contrats aidés ont été créés dans les années 80, les TUC (travaux d’utilité collective) sous Laurent Fabius, le RMI sous Rocard, puis il y a eu les CES et CIA, ensuite les CEC; Dans les années 2000, sont arrivés les CAE et CUI et aujourd’hui on a les PEC »; Et le maire de Saint-Joseph de poursuivre : « sauf que les PEC avec ce gouvernement Macron-Bayrou se réduisent en peau de chagrin. La Réunion en avait 12 000 contrats de 11 mois financés à 65% par l’Etat. Aujourd’hui, l’on se retrouve avec 10 000 contrats à 10 mois financés à 50% ».
Patrick Lebreton signale que « sur les 10 000 contrats promis par l’Etat pour cette année, 3 000 ont été débloqués. Au mois d’août et pour jusqu’à la fin de cette année, pour les quatre mois qui viennent, il en reste 7000 à consommer par les collectivités et les associations ». Question du maire de Saint-Joseph : « mais où sont-ils ? ». Avec la députée K’Bidi, ils sont persuadés que « l’Etat fait exprès de de ne pas les débloquer tout de suite pour pouvoir dire d’ici à la fin de cette année que les communes n’ont pas pu utiliser les 10 000 contrats et, à partir de là, ils réduiront le nombre de PEC à 7 000 l’année prochaine. C’est une démarche idéologique de ce gouvernement de casse sociale ». Ecoutez Patrick Lebreton, il est au micro d’Yves Mont-Rouge :
Patrick Lebreton espère que les maires de l’île « vont se bouger ». Il rappelle « qu’à l’époque, lorsqu’il y avait une menace qui pesait sur les contrats aidés, les maires communistes et socialistes se liguaient pour faire pression sur le gouvernement. Aujourd’hui, les relais politiques locaux de ce gouvernement font la sourde oreille et ne trouvent rien à redire face à cette baisse des quotas de PEC ». Le maire de Saint-Joseph ainsi que son 1er adjoint et le vice-président du CCAS ont écrit au sous-préfet de Saint-Pierre pour lui demander de « reconsidérer la dotation » prévue pour leur commune.
Patrick Lebreton et Emeline K’Bidi ont également adressé un courrier au préfet de la Réunion. « Dans un souci de transparence totale, il serait nécessaire que la répartition de cette enveloppe de 10 000 contrats puisse être portée à la connaissance de la population », écrivent-ils.

« En tant que députée, je reçois de nombreuses associations dont Emmaüs Grand Sud qui ne savent pas comment elles vont faire », explique la députée qui dénonce « un coup de canif sur les contrats PEC ». Avant de s’interroger : « aujourd’hui, c’est sur les PEC et demain ». Elle craint « d’autres coupes budgétaires de ce gouvernement dans le but de saigner l’Outre-mer ». Elle poursuit : « quand on connaît le taux de chômage à la Réunion, qui est de 16,5% contre 7,4% dans l’hexagone, on ne peut pas se satisfaire de cette baisse des contrats aidés ». Ecoutez la députée Emeline K’Bidi :
Quid des PEC utilisés à des fins électoralistes ? Patrick Lebreton et Emeline K’Bidi balayent d’un revers de main cet argument en précisant que « l’attribution des PEC est faite par France Travail qui est un service de l’Etat ». Patrick Lebreton rappelle que « quand il s’agit des contrats aidés en faveur des privés, comme les caissiers des grandes surfaces, l’Etat parle d’emplois mais quand il s’agit de contrats aidés dans les collectivités, l’Etat parle d’assistanat ». Patrick Lebreton regrette que l’Association des maires de la Réunion (AMDR), présidée par Serge Hoareau, maire Macron-compatible de Petite-Ile, « ne joue plus son rôle comme par le passé ».