La question du logement à La Réunion est plus que jamais au cœur des débats. Entre pressions locales, politiques nationales et enjeux sociaux, le territoire se retrouve dans une situation de blocage préoccupante. Vincent Defaud, Référent Outre-Mer & Réunion de Génération Écologie, appelle à une réappropriation de la politique du logement et de l’aménagement du territoire par les élus locaux, dans un contexte marqué par la recentralisation des décisions.
Une crise de confiance et de responsabilités
La gestion du logement social à La Réunion a progressivement échappé aux élus locaux. Depuis le rachat des principales sociétés de bailleurs sociaux (SIDR, SEMADER, SODIAC, SEMAC, SHLMR) par des organismes d’État comme CDC Habitat et Action Logement, les maires ne disposent plus de levier direct sur ces structures. Cette recentralisation, amorcée dès 2018 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, a été vivement critiquée par les écologistes, qui dénoncent un abandon stratégique de la part des collectivités locales.
Les maires, soumis à la pression des administrés refusant l’accueil de nouveaux résidents, se dédouanent désormais en adoptant un discours populiste parfois proche de l’illégalité. Pourtant, des dispositifs comme la loi DALO (Droit Au Logement Opposable) montrent qu’il est possible d’agir en faveur des plus fragiles, notamment des femmes victimes de violences intrafamiliales. Mais l’inertie et l’absence de contrôle local rendent ces initiatives difficiles à mettre en œuvre.
Un discours populiste contreproductif
Les discours xénophobes et les menaces, comme celle de certains maires refusant de délivrer des permis de construire pour des résidences sociales, ne font qu’envenimer la situation. Ces positions, bien qu’illégales, reflètent une perte de contrôle totale sur la gestion du logement. Les tensions actuelles ne seront pas apaisées par des mesures superficielles ou des tables rondes, mais par une négociation ferme et ambitieuse avec le gouvernement.
Pour une souveraineté foncière et une politique locale
La clé réside dans un transfert de compétences aux collectivités locales, permettant une gestion autonome et adaptée aux réalités réunionnaises. La priorité est de redonner aux maires et aux élus locaux la capacité de gérer les enjeux de logement et d’aménagement. Cela implique également de préserver l’identité créole réunionnaise, fondée sur le vivre-ensemble et la solidarité, en évitant les dérives discriminatoires.
Vincent Defaud invite à un changement de cap :
« Il est temps d’élire des dirigeants municipaux capables de mener des négociations fermes avec l’État pour reprendre le contrôle de notre politique du logement social et foncier. »
Un appel à la responsabilité et à la solidarité
Face aux polémiques actuelles et aux tensions sociales, une vision responsable et inclusive du logement doit émerger. Il ne s’agit pas seulement d’attribuer des logements, mais de bâtir une société où chaque Réunionnais trouve sa place, dans le respect des lois et des valeurs de solidarité qui caractérisent l’île. Pour cela, les élus locaux doivent se mobiliser collectivement et engager des discussions claires et déterminées avec l’État.