Elections européennes : voici la position du Parti Croire et Oser !

C’est un communiqué du PCO (Parti Croire et Oser) « Lespri lé ankor la ». Il est signé Alexandre LAI-KANE-CHEONG (notre photo de Une), qui est également membre de la plateforme « Le Meilleur pour la Réunion ».

I – Etat de l’art :
Les élections européennes tendent à être décrites comme incontournables et majeures à l’approche du
scrutin. L’acte républicain, érodé qu’il est aujourd’hui, après des années d’usure du droit de vote, face à l’atonie du
choix, à la léthargie démocratique, et à l’aseptisation du processus électif, nous pousserait à appeler au
moins au vote.
Mais la conscience politique et humaine dont nous devrions être garants, nous pousserait quant à elle à rappeler aux candidats que si le vote est un droit, le didactisme, pierre angulaire du ré-intérêt politique, est pour eux un devoir auxquels ils se dérobent allègrement.
Face à la perte d’intérêt des électeurs – désintérêt déjà observé à l’échelle locale – pour un système démocratique délestant progressivement son inhérente représentativité à laquelle il aspirait, ainsi que l’impression d’une implication active de ses citoyens à la vie publique, doit-on exiger de ces derniers une participation machinale, dénuée de sens ?
Doit-on faire peser sur les électeurs, le poids d’une anomie gangrénant l’idéal démocratique et la propension qu’on lui prêtait, de régler au mieux et pour l’intérêt du plus grand nombre, les affaires intéressant leur quotidien ?
Et de quel quotidien parlons-nous précisément ? De quels intérêts devrait se soucier, l’échéance démocratique du 9 juin prochain ?
Renversons le prisme et cessons de prédiquer la morale à ces électeurs désorientés, à ces votants désarmés, à ces abstentionnistes désœuvrés. Parce que nous nous impliquons rarement pour ce que nous ne saisissons pas. Aussi intuitif que puisse être un instrument, son efficacité ne peut se révéler que si l’on en saisit les mécanismes à l’œuvre.
Autrement, contraindre par la pression morale d’un droit si durement acquis, les électeurs à voter alors qu’ils n’y consentent plus, revient à profaner le corps électoral dans sa chair et son esprit. A quand, une élection où les candidats entretiennent l’ardente volonté de tendre le lien de corrélation entre enjeux de l’élection et problématiques quotidiennes des électeurs ?
Mettons les électeurs en mesure de consentir par une didactique visant démontrer en quoi, un député européen, et à plus forte raison, le Parlement Européen, sont à même de contribuer, voire de juguler, tout ou partie des problématiques systémiques et récurrentes d’un électorat donné.
Cela suppose alors, dans un premier temps, un effort de compréhension et d’intelligibilité des rouages éminemment complexes de l’Union Européenne. Que l’on nous explique les relations ainsi que la répartition des compétences et pouvoirs entre les institutions, organes et instances de l’Union Européenne.
Que l’on situe, à sa juste place, le Parlement Européen dans ce paysage non seulement riche, mais surtout, en constante évolution.
Que l’on rappelle ensuite que les actes normatifs de l’Union Européenne, quoique naviguant jusqu’aux paysages internes des Etats-membres avec l’assurance du principe de primauté du droit de l’Union Européenne, pénètrent difficilement les frontières pourtant abolies, et se heurtent au mur hyalin de la souveraineté et résistance nationales.
Qu’on lève le voile enfin sur ces milliards déversés tous les 7 ans, dans le cadre des POE et leur circuit d’attribution. Nous avons été capables à maintes reprises de mettre en place des ateliers de transparence (formation des prix du carburant, prix des produits de grande consommation, marges des grandes surfaces…), mais à quand des états généraux sur les fonds européens dans les RUP ?

II – Des cas d’étude concrets, en situation insulaire :
Dans un second temps, cela suppose une fine analyse des intérêts et des problématiques des électeurs, re-situés dans l’insularité qui nous caractérise. Par voie de conséquence et sans prétendre à l’exhaustivité, nous identifions dans la conjoncture actuelle, au moins trois thématiques que nous avons vues abordées nulle part, alors qu’elles façonnent directement et sensiblement notre rapport au monde :
1°/ Le rapport des insularités à l’UE, quand l’éloignement géographique nous extrait à l’identité européenne, mais que notre destin administratif et politique se conjugue à l’européenne, est-il abordé ?
2°/ Le déploiement de la PAC à des territoires ultra-marins, éminemment intéressés à la question, et notamment par celle ayant agité les médias ces dernières années, à savoir la prolifération d’organismes nuisibles à la Réunion et l’interdiction subséquente d’exportation de certains de nos fruits et légumes sur le territoire de l’UE.
Sans compter les questions incidentes qui s’amoncellent : une entreprise réunionnaise, première et seule entreprise européenne à disposer d’un procédé de traitement à même de relancer l’exportation et de lever l’interdiction, évincée d’un financement national destiné à mettre à profit ce procédé aux agriculteurs de notre île, alors même que, le droit de l’Union Européenne, prônant la fin des monopoles, aurait instamment conduit à ce que cet entrepreneur soit largement soutenu et aidé au national, ne constitue-t-elle pas une situation que l’appartenance à l’UE aurait dû régler ?
3°/ La question migratoire à l’épreuve de territoires insulaires comme le nôtre, et des enjeux géopolitiques et géostratégiques dans lesquels les Etats-membres ont des intérêts certains, se pose sous des aspects sensiblement différents que la position binaire des listes au national.
Nous postulons que le braquet doit être orienté sur ce qui caractérise notre insularité, celle dont les cieux ont récemment été témoins à une semaine d’intervalle, d’un côté, la stupéfaction de l’opinion publique face à la relaxe générale d’une ancienne machine régionale pour des faits a priori graves – collectivité territoriale
au demeurant guichet quasi monopolistique des enveloppes européennes –, et de l’autre, l’étonnement de
cette même opinion face à la condamnation sans appel d’un seigneur local, devenu Granmoun, pour prise illégale d’intérêts, sans que ces deux mouvements de justice ne donnent à voir, une ligne directrice à même de faire sens.
Que ces quelques lignes ôtent le voile de culpabilité et la chape de plomb que les électeurs accusent, qui les précipitent entre le marteau et l’enclume d’un processus électoral décrépitant, et leur ouvrent alors l’espace
de liberté dans lequel, ils interrogent le sens de l’élection, la cohérence des candidats, et la portée de leur volition électoraliste à l’aune de leurs préoccupations immédiates ».

 

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