Elisabeth Borne, vous le savez, a été « démissionnée ». Emmanuel Macron n’en voulait plus d’une Première ministre « usée » par 23 « 49-3 » en 18 mois seulement; Une Première ministre essoufflée après avoir porté durement la réforme des retraites et la loi sur l’immigration. Emmanuel Macron voulait donner un autre souffle au gouvernement. Suite à un long suspense qui aura duré plus de deux jours, le Président de la République, Emmanuel Macron, a donc nommé son nouveau Premier ministre, mardi 9 janvier.
Entre Sébastien Lecornu (ministre des Armées), Julien Denormandie (ancien ministre de l’Agriculture), Bruno Le Maire (Economie), il a finalement choisi un jeune prodige de la Macronie, en la personne de Gabriel Attal, qui était ministre de l’Economie depuis juillet dernier, après avoir été respectivement secrétaire d’Etat à la Jeunesse, porte-parole du gouvernement, ministre du Budget et ministre de l’Education national. Le chef de l’Etat a opté, dit-on, pour « l’audace » et le « mouvement » pour redresser la France mais également pour gagner la bataille des Européenes de juin prochain face à un Rassemblement National donné favori à ce scrutin.
Emmanuel Macron veut ainsi redonner de « l’énergie » à son gouvernement. Raison pour laquelle, il a misé sur la jeunesse, sur Gabriel Attal, un ministre populaire, considéré comme le mieux à même pour faire face à un Jordan Bardela (29 ans), du Rassemblement national à l’occasion des prochaines joutes électorales.
Depuis hier, la presse nationale n’en finit plus de tarir d’éloges sur le jeune prodige de la Macronie, Gabriel Attal, issu de la gauche pour avoir été dans l’équipe de Dominique Strauss-Kahn, mais qui doit son ascension politique fulgurante, depuis 2017, à Emmanuel Macron. Le Président de la République compte également sur Gabriel Attal pour construire une vraie majorité, car depuis les dernières législatives, celle ci est relative. Et l’actuel gouvernement a d’ailleurs bénéficié du soutien de l’extrême droite pour sa loi immigration. Macron n’est donc pas confronté à un problème de ministres mais bien à un problème de majorité.
Le nouveau Premier ministre qui a, officiellement fait son entrée à Matignon, hier après-midi (mardi 9 janvier), avant de se rendre tout de suite sur le terrain pour aller voir les sinistrés du Pas-de-Calais, aux côtés du préfet Jacques Billant (ancien préfet de la Réunion), va s’atteler, à présent à former son gouvernement. En étroite collaboration, bien évidemment, avec le Président de la République qui, lui-même, va beaucoup écouté François Bayrou (patron du MoDem) et Edouard Philippe (Horizons), des partis qui comptent respectivement 52 et 32 députés à l’Assemblée nationale. Autant dire qu’en ces temps de majorité relative, ces deux là pèsent lourds dans la balance. Vous l’aurez compris, ils vont participer à la composition du nouveau gouvernement, qui devrait en principe être présenté avant la tenue du prochain conseil des ministres. Celui prévu ce mercredi 10 janvier a été annulé et reporté vraisemblablement à ce vendredi. Ce qui veut dire que la composition du gouvernement devrait être connue avant vendredi.
Un vrai casse-tête qui a déjà débuté depuis hier soir pour Gabriel Attal, Emmanuel Macron, François Bayrou et Edouard Philippe; Lesquels devront donc tenir compte de pleins de critères (politique, parité, la représentation des régions…) avant de nommer les ministres et secrétaire d’Etat. Il va falloir, dans le cadre de l’ouverture, à la fois séduire Les Républicains « LR » sans déplaire à la gauche.
« i change de ministres, comme i change culotte »
Y’aura-t-il un Réunionnais dans le nouveau gouvernement ? C’est une question qu’on est en droit de se poser. Certes, il y en a eu déjà dans les gouvernements précédents : feu Raymond Barre, qui a été ministre du Commerce puis Premier ministre en 1976 sous Valéry Giscard d’Estaing; Margie Sudre (Secrétaire d’Etat à la Francophonie de 1995 à 1997) dans le gouvernement Juppé sous Jacques Chirac et Ericka Bareigts, d’abord Secrétaire d’Etat à l’Egalité réelle dans le gouvernement d’Emmanuel Valls, puis ministre des Outre-mers dans le gouvernement Cazeneuve de 2016 à 2017. Cela dit, les Antillais ont été plus nombreux que les Réunionnais à occuper des postes de ministres au sein des gouvernements successifs.
Rappelons que la Réunion est le plus gros vivier de voix de toutes les régions ultramarines, que le Rassemblement National a fait un tabac lors du premier tour de la dernière présidentielle où Renaissance (ex En Marche) a été relégué à la 3ème position derrière le RN et La France Insoumise. La Macronie envisage sans doute de reconquérir les Réunionnaises et les Réunionnais. Enverrait-il un signal fort à ces derniers en nommant un des leurs à la Rue Oudinot d’autant que l’actuel locataire, le centriste Philippe Vigier, nommé en juillet dernier, a déjà laissé entendre auprès de sa hiérarchie politique qu’il souhaitait « bouger ».
Rappelons aussi que Gabriel Attal, qui n’a jamais caché son homosexualité, est pacsé à Stéphane Séjourné, député européen et patron de Renaissance. Séjourné qui était venu, l’année dernière à Sainte-Rose, « introniser » Michel Vergoz à la tête du Mouvement Politique Trait-d’Union (Renaissance local) est grand pote à Stéphane Bijoux (lui aussi député européen) qui, depuis son élection, a quasiment systématiquement accompagné tous les ministres lors de leur déplacement à la Réunion. Macroniste de la première heure, l’ancien journaliste était également aux côtés de Stéphane Séjourné à Sainte-Rose…. A suivre, donc ! Tout est possible à l’heure où, pour reprendre une expression entendue dans la rue tout récemment, « i change ministre comme i change culotte ».
En tout cas, quel que soit le futur ministre des Outre-mers, le prochain gouvernement (qui ne sera pas resserré étant donné qu’il faudra faire plaisir au plus grand nombre) aura du pain sur la planche en raison des nombreux défis à relever : croissance, emploi… Rappelons que la France a 12 milliards d’euros d’économie à faire. Rien que ça ! Mais le nouveau Premier ministre a promis de prendre en main « le contrôle de notre destin ». Le sien est déjà pas mal car on peut dire, pour reprendre une expression chère à Emmanuel Macron, que Gabriel Attal a bénéficié depuis 2017 d’un bon alignement des planètes.
Une fois qu’on aura dit qu’il est jeune, qu’il est grand, beau et instruit, vous aurez compris que ce ne sont pas les louanges qui vont permettre de remplir la marmite en ces temps d’inflation. Le nouveau Premier ministre, au-delà de la mission de « réarmement » que lui a confié le chef de l’Etat, devra aussi donner des gages quant à sa capacité à gérer au mieux la vie quotidienne des Français, ultramarins y compris bien sûr !
Y.M.