Macron pas la ek ça, Le Pen prochaine présidente de la République ?

Pour éviter tout commérage, toute critique stérile, toute attaque gratuite, je tiens à préciser d’emblée que, lors de la dernière élection présidentielle, je n’ai voté ni Macron, ni Le Pen, ni Mélenchon… Même si le vote est secret, je préfère jouer la franchise pour ne pas être taxé de « Macroniste » ou de « Macron-compatible » par rapport à ce qui va suivre. Je suis avant tout un démocrate et je suis pour le respect des textes et de la Constitution de la Ve République.

Reprise de Korbeil d’or ou chronique d’une injustice annoncée envers les candidats réunionnais ?

Avant de parler politique, je voulais en effet vous dire deux mots sur la reprise de la Sarl Korbey d’or, cette société spécialisée dans les services à la personne, qui battait de l’aile depuis quelques temps déjà (au moins depuis 2018) alors qu’elle prend en charge plus de 2000 personnes et fait travailler plus de 600 pères et mères de famille. Un problème de gestion. Il faut savoir que par jugement du 31 août 2022, le Tribunal mixte de commerce de Saint-Denis de la Réunion avait prononcé la résolution du plan de redressement concernant cette Sarl. Le Tribunal avait alors désigné Me Elise de Laissardière en qualité d’Administrateur judiciaire et la Selarl Louis Hirou en qualité de Mandataire judiciaire au service des créanciers. Korbeil d’or accusait plus de 7 millions d’euros de dettes.

Redressement judiciaire en 2018 mais les problèmes continuent. Liquidation judiciaire avec poursuite des activités fin 2022. Des candidats se manifestent pour racheter Korbeil d’Or. Me de Laissardière ne prend pas les offres et elle doit donc administrer l’entreprise. Pour se faire, bien qu’il existe localement environ 300 experts-comptables et 180 commissaires aux comptes, elle décide de faire appel à un cabinet de métropole pour 50 000 € en deux mois. Lequel cabinet gère déjà de gros clients de métropole et va d’ailleurs amener certains de ses clients à se positionner en tant que repreneur potentiel de la société Korbeil d’or.

Nouvelle audience du Tribunal de commerce le 28 février dernier pour examiner les offres de reprise de la Sarl Korbey d’Or. 11 offres au départ, puis 7, puis 6 au final car l’un des repreneurs potentiels s’est désisté au dernier moment. Parmi les 6 qui restent, se trouvent 4 « réunionnais » (SORESAP/SMAPA, PRORESAP/Proxim service, SCOPAD et Patel investissement/Maxadom) et 2 « métropolitains » (DESTIA et ALEFPA).

Les prix proposés pour la reprise par les « réunionnais » sont de 1 025 750 € ; 900 000 € pour Proxim Service ; 250 000 € pour SCOPAD et 1 050 000 € pour Patel Investissement. Les « métropolitains » Alefpa et Destia proposent respectivement 450 000 € et 250 000 €. Les six candidats à la reprise accompagnés de leurs avocats défilent à la barre pour tenter de convaincre les juges du Tribunal de commerce. Jusque là, rien à dire !

Mais là où le bât blesse, c’est que dès le lendemain, 1er mars, alors que la décision finale du Tribunal ne doit tomber que le 31 mars prochain, les deux journaux écrits font chacun  une pleine page de compte-rendu de l’audience avec des titres qui interpellent : « Korbey d’Or : un match Alefpa-Destia » dans le Quotidien qui ajoute même un encadré intitulé « les candidats déjà retoqués », à savoir les quatre « réunionnais ». Pour le JIR, ce sera « La reprise de Korbey d’Or devrait se jouer entre l’Alefpa et la société Destia ». Le journal de l’ile explique que « pour les salariés de Korbey d’Or, l’Alefpa remplit toutes les cases ».

Question légitime des candidats « réunionnais » après la lecture de ces articles de presse : « pourquoi une audience du Tribunal si c’’était déjà plié, si c’était déjà décidé ? ». Une orientation pour le moins suspecte en effet, qui laisserait entendre que l’appel à candidatures lancé par Me de Laissardière n’aura été qu’un simulacre de justice, en sachant que tout était déjà décidé par avance en faveur d’un des deux candidats « métropolitains », à en croire la presse écrite locale ? Les articles des deux journaux ont été agrémentés des photos de Michel Caron, grand patron de l’Alefpa, qui avait fait le déplacement dans l’île, et de Xavier Mura, président de Destia, venu lui aussi de métropole.

Il serait curieux quand même de voir une société qui propose 250 000 € comme DESTIA ou 450 000 € comme l’ALEFPA damer le pion à des candidats réunionnais dont l’offre dépasse le million d’euros ! Cela voudrait dire que ces sociétés métropolitaines qui misé à minima comptent beaucoup sur les millions d’euros d’argent public qu’injecte le Département dans Korbey d’Or. On me dit que bien avant le 28 février dernier, Michel Caron de l’Alefpa était déjà venu à la Réunion pour rencontrer le Département ainsi que les salariés de Korbey d’Or, qui n’ont de yeux aujourd’hui que pour l’Alefpa.

Alors, les candidats « réunionnais » parfaitement fiables financièrement parlant seront-ils réellement mis sur la touche au profit des candidats « métropolitains » qui le sont moins mais qui ont su faire jouer leurs relations et les loges maçonniques qui vont avec ? Un peu comme c’est déjà le cas à la Réunion dans le domaine du BTP avec les multinationales, les millions de subventions du Département vont-ils également profiter aux « multinationales » du médico-social plutôt qu’aux sociétés réunionnaises qui ont déjà démontré leurs expériences en matière des services à la personne, domaine qui était l’ADN même de Korbeil d’Or ? Réponse des juges du Tribunal de commerce le 31 mars prochain.

Le gouvernement du socialiste Rocard avait été sauvé par 5 voix en 1989. Il avait utilisé le 49.3 à 28 reprises

J’en arrive à la politique à présent. Emmanuel Macron droit dans ses bottes, imperturbable. Macron même pas peur. « L’impopularité, je l’assumerai », dit-il, sans ciller. Cette réforme des retraites, il l’avait inscrite dans son programme électoral présidentiel. 65 ans, le recul de l’âge de départ à la retraite, avait-il préconisé dans un premier temps, avant de faire un petit rétropédalage et de le fixer à 64 ans. Les électrices et les électeurs ont ensuite tranché en leur âme et conscience. Plus de 73% de participation dès le 1er tour de la présidentielle le 10 avril 2022. 12 candidats en lice. Plus de 35 millions de votants sur les plus de 48 millions d’inscrits. Arrive en tête, Emmanuel Macron (9,7 millions de voix) devant Marine Le Pen (8,1 millions), Jean-Luc Mélenchon (7,7 millions de suffrages) etc… Eric Zemmour (2,4 millions de voix) était arrivé en 4ème position. Est-il besoin de vous rappeler les résultats du second tour, du duel qui a opposé Macron à Le Pen ? Macron vainqueur avec 18, 7 millions de voix contre Le Pen (13,2 millions de voix). 71% de participation. Tout cela pour dire que dès le 1er tour, les Français, globalement, ont placé en tête Emmanuel Macron en étant bien conscients de son programme électoral dans lequel figurait entre autres la réforme des retraites et le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans.

Une fois élu, il a nommé une Première ministre, laquelle a formé son gouvernement, lequel gouvernement a présenté, dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) ladite réforme de la retraite. Une réforme qui a été débattue durant 175 heures (sûrement pas assez selon l’opposition), avant d’être finalement amendée et validée par une commission mixte paritaire composée de 7 sénateurs et 7 députés issus des différentes compositions politiques du Parlement, puis définitivement adoptée via le 49.3. Sans doute, le gouvernement a-t-il craint de ne pas avoir la majorité absolue (287 voix) pour la faire passer sans vote. La Constitution mise en place sous la Ve République a tout prévu : le 49.3. Mais ce n’est pas fini. Qui dit 49.3, dit aussi motion de censure. Les oppositions gouvernementales avaient donc la possibilité de renverser démocratiquement le gouvernement d’Elisabeth Borne. Deux motions ont été déposées : la première par le groupe LIOT et la seconde par le Rassemblement National. A la fin de son discours devant les députés, lundi dernier, rappelez-vous, la Première ministre Elisabeth Borne avait conclu de façon ne peut plus claire et un brin courageuse, en disant : « si vous ne voulez pas de cette réforme des retraites (sous-entendu celle qui avait été écrite noire sur blanc dans le programme électoral d’Emmanuel Macron pour lequel une majorité de Français a voté), renversez mon gouvernement ! ». Il n’y a pas plus démocratique.

Les députés sont passés au vote. Le gouvernement n’a pas été renversé. Il manquait 9 voix. C’est certes pas beaucoup, mais ce sont 9 voix quand même qui, démocratiquement parlant, permet au gouvernement de se maintenir. Au début des années 80, Michel Rocard, Premier ministre de François Mitterrand, avait sauvé son gouvernement à 5 voix près, dont celles de Jean-Paul Virapoullé et d’André Thien-Ah-Koon, députés de l’opposition gouvernementale, qui avaient négocié en faveur de la Réunion. 5 voix près pour Rocard, 9 voix près pour Borne. La démocratie, c’est un peu comme une rencontre entre deux équipes de football. Que le meilleur gagne ! Pas besoin d’un score fleuve pour gagner. 1 à 0 suffit amplement pour remporter la victoire. On pourra donc dire que le gouvernement Borne a gagné par 9 à 0. A partir de là, Emmanuel Macron a estimé que le processus démocratique a été respecté (il a été démocratiquement élu au 1er et au second tour de la présidentielle avec un programme connu de tous, le 47-1 et les autres articles fustigés par l’opposition tout comme le 49-3 font partie de la Constitution et, donc, qu’il n’avait pas à retirer sa réforme des retraites (validée par le rejet des deux motions de censure), ni à dissoudre l’Assemblée nationale (minoritaire de 9 voix face à son gouvernement), ni à organiser un référendum, sauf si au moins 10 millions de Français (sur les 70 millions que compte le pays, régions ultramarines y compris) étaient descendus dans la rue.

Nous en sommes déjà à 10 manifestations générales qui perturbent, il est vrai un tant soit peu, la vie quotidienne des citoyens, mais ce n’est pas (encore) la chienlit. Les oppositions pourraient alors rétorquer : et le sondage, et les 70% des Français qui seraient contre cette réforme ? Lors de la dernière présidentielle, des sondages avaient aussi donné un duel Zemmour/Pécresse au second tour. A ce propos, sur les 61 députés de « Les Républicains » (LR), 19 ont voté pour la motion de censure récusant le départ de l’âge légal à la retraite à 64 ans. Or, celui là même qui a porté la motion de censure au nom du groupe LIOT, à savoir le député Charles de Courson avait été à l’origine, il y a quelques années déjà lors du débat sur le passage de 60 à 62 ans, d’un amendement demandant le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Dans le programme électoral de Valérie Pécresse, il était question de 65 ans. Et de 67 ans dans celui de François Fillon.

Enfin, faut-il rappeler que Michel Rocard, Premier ministre socialiste de François Mitterrand avait, entre mai 1988 et mai 1991, engagé à 28 reprises sa responsabilité via le 49.3 ? La socialiste Edith Cresson (mai 1991-avril 1992) l’a fait à 8 reprises. Le socialiste Pierre Bérégovoy (avril 1992-mars 1993) a utilisé par 3 fois le 49.3. Le centriste Edouard Balladur (mars 1993-mai 1995) en a eu recours qu’une seule fois. Ce même article de la Constitution a été utilisé à 2 reprises par le RPR Alain Juppé (mai 1995-juin 1997), par 2 fois par Jean-Pierre Raffarin (mai 2002-mai 2005), 1 fois par Dominique de Villepin (mai 2005-mai 2007), 3 fois par Manuel Valls (mars 2014-décembre 2016)

Après la réforme des retraites, ce sera la réforme du RSA, c’est écrit !

Pour revenir à la mobilisation locale, en ce fameux « jeudi noir » la préfecture a recensé sur les différents barrages érigés sur nos routes, notamment dans les ronds-points stratégiques, environ 600 manifestants. Les syndicalistes ne vont sûrement pas apprécier, mais je mettrai ma main à couper en soutenant qu’il doit en avoir autant voire même beaucoup plus de Réunionnais actuellement en vacances à Maurice. Et, au risque de me répéter, Macron n’en a que faire de ces barrages ou autres opérations escargots. L’opération escargot ! Ça c’est la dernière trouvaille pour manifester pénard : 4 à 5 camarades dans une voiture climatisée escortée par des motards de la gendarmerie jusqu’au point de convergence, tout en écoutant la radio ou en papotant durant le trajet. Pas trop « pénible » quand même de manifester ainsi !

Vous pensez sincèrement qu’en organisant de telles opérations escargot (ou tortue comme on a pu l’entendre à la radio), qu’en coupant le courant électrique dans les foyers (ces pauvres retraités qui n’ont comme distraction que leur feuilleton à la télé) quitte à mettre en péril la vie des ces personnes qui vivent sous respiration artificielle, qu’en bloquant la circulation devant les hôpitaux (ça c’est la meilleure !), vous pensez sincèrement que ça va perturber la vie d’Emmanuel Macron dans son château de l’Elysée ? Pour la petite histoire, il faut savoir que ces manifestants qui coupent le courant aux familles sont ceux là mêmes qui bénéficient d’un régime spécial et ils peuvent partir à la retraite bien avant 60 ans. Je vous mets au courant. Sans jeu de mots !

Qui a le plus à perdre de ces manifestations, de ces blocages, de ces opérations escargot, selon vous, mesdames, messieurs les manifestants.es ? Est-ce vraiment l’âge de départ à la retraite qui pose problème ? Pour certaines catégories de travailleurs (ceux qui se lèvent tôt et battent le ciment qu’il pleuve ou qu’il vente, oui). Cela ne fait aucun doute ! Mas n’est-ce pas plutôt le montant de la pension de retraite qui pose problème, qui plus est à la Réunion et dans les régions ultramarines en général où nombre de travailleurs n’avaient jamais été déclarés à une certaine époque, ou alors déclarés en retard ? Une chose est sûre, tant qu’il n’y aura pas au moins 10 millions de personnes dans les rues de France et au moins 25 000 ici (comme lors des manifs relatives à la suppression de la sur-rémunération des fonctionnaires), pas sûr qu’Emmanuel Macron changera son fusil d’épaule.

D’où sa posture de mercredi dernier, à 13 heures, lors de son intervention télévisée. Il a été légitimé par le peuple lors d’un processus électoral démocratique, il agit ainsi en tant que Président de la République élu par une majorité de Français sur la base d’un programme clairement annoncé avant le scrutin. Aujourd’hui, c’est la réforme des retraites. Dans pas longtemps, ce sera la réforme du RSA. C’était l’autre point fort de son programme électoral. Il ne l’a jamais caché. Conditionner le versement de l’allocation à une activité. En clair, remettre les gens au travail, hormis évidemment ceux qui, médicalement ou en raison d’un handicap, ne sont pas aptes à exercer une activité. Comment expliquer que dans une île qui compte près de 100 000 allocataires de RSA, nombre de secteurs économiques (hôtellerie, restauration, bâtiment, agriculture…) se plaignent toujours d’un manque récurrent de main d’œuvre ? Une réforme qui, à n’en pas douter, va encore donner lieu à des débats passionnés, en espérant que les oppositions gouvernementales ne s’inscriront pas dans une perspective d’obstruction électoraliste ou d’affrontements politiciens.

Macron, lui, dont c’est le dernier mandat, n’est pas là ek ça. Il profitera de son dernier quinquennat pour concrétiser son programme électoral pour lequel il a été élu, sauf si la rue rend la France ingouvernable. Ce qui n’est pas le cas actuellement, en dépit de quelques manifs et autres coupures de courant de part et d’autre, car il est plus facile d’appuyer sur un bouton pour couper l’électricité, plus facile de bloquer une route que de mobiliser réellement le peuple dans la rue.

On l’a bien compris. Il mettra en œuvre son programme, en tentant d’ici là de « grapiller » deux ou trois députés « LR » sur les 40 qui n’ont pas voté les motions de censure pour consolider son gouvernement. C’est la mission qu’il a confiée à Elisabeth Borne. Après 2027, ce ne sera plus son affaire. Outre les privilèges de la République auxquels tout ancien Président de la République aura droit, il sera vraisemblablement recasé dans une société du CAC 40 d’un de ses amis dont les sociétés réalisent chaque année des dizaines de milliards d’euros de bénéfices nets que le gouvernement se gardent bien d’ailleurs de taxer.

D’ici à 2027, pas sûr que le prix de la boite de petits pois ou du sachet de pâtes aura baissé. La colère des Français sera encore plus grande face surtout à une inflation galopante (pour l’instant, elle est la plus basse d’Europe). Eux qui ont déjà « pratiqué » la droite et la gauche plus d’une fois, Macron (ni de droite, ni de gauche) deux fois, n’hésiteront pas à essayer, cette fois-ci, le Rassemblement National avec Marine Le Pen comme présidente. S’ils voulaient vraiment de Mélenchon, ils l’auraient choisi depuis bien longtemps déjà. Voilà pourquoi j’écris « Macron lé pas la ek ça, Marine Le Pen prochaine présidente de la République ». Ce n’est pas un souhait de ma part, c’est un pari que je prends, malgré moi, et qui s’appuie sur la base du constat réaliste d’une situation politique, sociale et économique de plus en plus tendue. Ce n’est pas moi, à mon humble niveau, qui vais vous apprendre que, de nos jours, le vote ne s’opère plus par adhésion, par conviction, ni par idéologie mais par mouvement d’humeur, par contestation dans le but de sanctionner, de régler son compte à l’autre.

Le diacre et le bracelet rouge

Que ça plaise ou pas, Macron fait ce qu’il a dit, ce qu’il a écrit. J’en connais qui, une fois élus, s’asseyent carrément sur leurs promesses électorales en commençant par virer les contractuels qui n’étaient pas du même bord politique pour les remplacer par des militants, les amis et membres de leurs familles ou, alors, en choyant les adversaires au détriment de leurs propres militants (ça existe aussi dans certaines collectivités). J’en connais aussi qui, pour faire populaire ou disons plutôt populiste, avaient promis de ne voyager qu’en classe éco mais qui ne quittent plus la classe Business depuis qu’ils y ont goûtée ; J’en connais également qui ont vite compris que la politique n’a pas que des inconvénients et qui s’y accrochent comme carapates su tété bèf.

En parlant de bœuf, de vaches, je vous ai promis des nouvelles fraîches comme le lait pur sur la Sicalait. Mais emploi du temps un peu bousculé ces derniers temps par l’actualité (avec toutes ces manifs, cette réforme des retraites, ces faits-divers tragiques…). Patience, ça viendra, peut-être, la semaine prochaine ! Pour revenir à la réforme des retraites et aux manifestations, il faudra attendre maintenant la décision du Conseil Constitutionnel pour savoir si le mode opératoire employé par le gouvernement a été anticonstitutionnel ou pas… Après toute cette tension, gageons que tout rentrera dans l’ordre jusqu’à l’arrivée prochaine dans notre île d’un ministre du gouvernement Borne devant lequel tous nos politiques locaux, « Macron-compatibles » ou pas, courront « carté », toutes dents dehors, pour l’accueillir chaleureusement avec petits fours et champagne. Ainsi va la vie politique !

Encore un petit mot pour répondre à toutes celles et tous ceux qui m’ont interpelé concernant les paroles manifestement « maladroites » prononcées par un diacre (serviteur du prêtre au sein de l’église catholique) lors d’une messe, dans un quartier de la région Est de l’île. Un homme pourtant très sympathique, très investi dans l’Eglise, dont les prêches sonnent souvent très justes. Mais malheureusement, samedi dernier, il a quelque peu dérapé en concluant ainsi : « je ne comprends pas ces gens qui viennent à l’église avec un bracelet rouge au bras ».

Oui et alors ? Qu’est-ce qui pose problème ? Le bracelet ou la couleur rouge ? Nous sommes nombreux à porter des bracelets, qu’ils soient en or, en argent, en plastique, en tissu ou fabriqués avec du fil. Pour les couleurs, c’est comme les strings et les caleçons, ça dépend du goût de chacun. Il y en a qui préfèrent le rouge, d’autres qui aiment bien le bleu, le vert, le jaune etc…

Un bracelet rouge, je trouve personnellement que ça fait un style, un effet de mode. Nombreuses sont les personnes, connues ou pas connues, stars ou pas, qui en portent. Moi j’aime bien le rouge, couleur de l’amour mais aussi du sang qui symbolise l’énergie, la vie, comme le Précieux sang de Jésus Christ.

Cela dit, je crois savoir ce qui se cache derrière la petite phrase du diacre, mais je le rassure. Des bracelets, rouges ou autres, sont portés par des personnes de toutes les couleurs, pas forcément par celles qui fréquentent aussi les temples tamouls. Prenez exemple sur votre évêque qui, lui, fait preuve d’humanisme en cultivant la tolérance dans une île où, fort heureusement, il n’existe pas de guerre de religions. De grâce s’il vous plaît ! Dans ce monde de plus en plus violent, prônez l’amour, la paix, la fraternité, la solidarité, l’empathie, le partage, l’entraide… et non la division en stigmatisant, en diabolisant les porteurs de bracelet rouge.

Dans une église, il y a de tout Monsieur le diacre : ceux qui portent des bracelets rouges (ou d’autres couleurs), ceux qui vont également parfois dans les temples tamouls (comme la grande majorité des malbars de la Réunion), il y a des franç-maçons, des baptisés, des non baptisés, des mariés, des pacsés, celles et ceux qui vivent en concubinage, des célibataires… Des blancs, des noirs… Des politiques, des acteurs économiques, des citoyens lamdas… Des gentils, des méchants, des honnêtes gens mais également des menteurs, des voleurs, des hypocrites, des infidèles (hommes et femmes)… des pêcheurs tout simplement, mais tous, sans exception, n’en demeurent pas moins des enfants de Dieu (avec un grand D). Si je peux me permettre, en toute humilité et bienveillance, j’invite le diacre à méditer ces quelques mots : « nous recevons le même pain, nous buvons à la même coupe… Heureux qui regarde le cœur. Et ne juge pas l’apparence… ». Bonne semaine et bon ramadan à nos frères de confession musulmane !

Y.M.

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