Manif des retraites : et pourquoi pas barrer la mer pour faire « craquer » Macron ?

Ce n’est pas Sainte-Marie qui fait la Une de ce Ti Kozman d’aujourd’hui, vendredi 10 mars. On va changer un peu et monter dans la fraîcheur des hauts, à la Plaine-des-Cafres, plus précisément, pour vous parler de la Sicalait., cette coopérative présidée par Mme Martha Mussard. Nous avions reçu en début de semaine un courrier anonyme expliquant que rien ne va plus au sein de la Sicalait.

La Sicalait, comme une vache sans tête

Au terme d’une petite et rapide enquête que j’ai menée, il s’avère en effet que la Sicalait, un peu comme une vache sans tête, n’a plus de direction depuis environ deux mois. C’est le désordre, pour ne employer un autre mot, plus familier. Les éleveurs, de plus en plus endettés par la Sicalait elle-même, ne savent plus trop où donner de la tête. Sur la cinquantaine qu’il en reste, quelques uns tombent régulièrement en dépression. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, un éleveur, endetté par la Sicalait et « largué » par les banques, a pris sa voiture et son fusil. Direction Bourg-Murat où se trouve la coopérative.

Sa femme a eu le temps d’appeler les gendarmes qui l’ont bloqué au 23ème kilomètre. Nombre d’éleveurs qui livrent leur production à la Sicalait n’en peuvent plus ; Ils en ont gros sur la patate, mais ils ont peur ; Peur de causer ou de manifester car ils sont pris à la gorge « piégés » par leur propre coopérative, d’après leurs témoignages.

Quant au directeur, il aurait été, dit-on, mis à pied par la présidente. Laquelle laisserait entendre dans son entourage qu’il s’agit d’un arrêt maladie. Un directeur qui avait sans doute – d’après les éléments que nous pu recueillir- ras-le-bol de voir des actes de favoritisme en faveur de certains membres du conseil d’administration de la Sicalait ou encore certaines affaires camouflées par la présidente.

Il est notamment question d’une affaire d’harcèlement qui se serait produit durant la manifestation Miel Vert. Info ou intox ? Nous aurions aimé avoir la version de la présidente Martha Mussard qui siège également dans d’autres CA (Fermes et Jardins, Cilam, Urcoopa…), mais impossible de l’avoir au bout du fil. Je l’ai appelée. Zéro réponse. J’ai envoyé un SMS. Quelques secondes après l’envoi du texto, Jonathan Kemma, qui gère la Com’ de la Sicalait, m’a appelé. C’était lundi dernier, le 6 mars. Il m’avait promis « dans le courant de l’après-midi » une réaction de la présidente Mussard concernant le courrier anonyme.

Nous sommes le vendredi 10 mars. Comme Sœur Anne, j’attends toujours une réponse de la présidente Martha. En revanche, je sais qu’elle a pris son téléphone (d’habitude, c’est par mail) et a appelé, un à un, chaque éleveur afin de les inviter à une réunion, ce vendredi 10 mars, à 10 heures au restaurant « Le Tourne Broche » à la Plaine-des-Cafres. Peut-être se montrera-t-elle plus prolixe qu’avec moi ! Il y a des éleveurs qui ont promis de m’appeler après la réunion. De façon anonyme, évidemment. Sinon ils seront « virés » de la Sicalait. C’est un peu le management à la Diacre (comme les Bleues) à la Sicalait !

L’appel « à la sérénité et à l’apaisement » de Nirlo à Ste-Marie sera-t-il été entendu ? Réponse ce soir !

Ne pas commencer par Sainte-Marie ne veut pas dire « zapper » complètement cette commune où son maire Richard Nirlo avait fait, samedi dernier, la Une de tout ce que la Réunion peut compter de médias. Un maire isolé et boycotté par sa propre majorité (à l’exception de 3 ou 4 élus). Des élus de la majorité qui avaient décidé de ne pas assister à la séance du conseil municipal, privant ainsi le maire Richard Nirlo de quorum. Pas de quorum, pas de conseil, et donc pas d’examen des orientations budgétaires 2023. Une position politiquement inconfortable pour Richard Nirlo, élu en 2020, et qui se retrouve aujourd’hui dans la cible de ses propres élus et dans celle aussi des Lagourgue et consorts.

Paradoxalement, il peut encore compter sur ses opposants de gauche, à savoir Céline Sitouze et Christian Annette. Une situation politique qui devient presque lassante dans le sens où il se passe quelque chose tous les jours dans cette commune. Christian Annette m’excusera. Il a tenu une conférence de presse, hier, jeudi 9 mars. Je n’ai pas pu y aller et, sincèrement, je pense n’avoir rien raté tant nous sommes, concernant cette commune, dans des redits permanents.

Pour vous faire simple et résumer ainsi les épisodes précédents de cette mauvaise série Netflix, un certain nombre d’élus de la majorité réclament la tête de Gaëtan Adam, vice-président du CCAS. Le maire a pris un arrêté. Ces élus montrent du doigt « le formalisme » de l’arrêté. Selon eux, Gaëtan Adam serait toujours en fonction. Or, Gaëtan Adam n’est plus en fonction. Ces mêmes élus réclament également la tête du DGS qui, selon eux, aurait trop de pouvoir sur les politiques. Ça, c’était la semaine dernière. Les choses auraient un peu bougé depuis. Je vous l’ai dit, c’est comme la météo, ça change tous les jours.

Ces mêmes élus seraient à présent conscients du travail réalisé par l’administratif qui, grâce à l’effort de tous, a pu ré-équilibrer les comptes en se conformant aux directives de la Chambre régionale des comptes (CRC). Aussi, les appels « à la sérénité et à l’apaisement » lancés par le maire depuis samedi dernier auraient été entendus par certains des élus de la majorité, qui se laissent par ailleurs beaucoup influencés par le clan Lagourgue.

Des élus qui seraient de nouveau prêts à revenir siéger en conseil municipal dont la deuxième séance est prévue ce vendredi soir, à 17h30. Précisons que cette fois, Richard Nirlo n’a plus besoin de quorum mais que, politiquement, la présence de tout son groupe redorerait bien entendu le blason de la majorité. A moins d’un changement de dernière minute, tout devrait rentrer dans l’ordre ce soir et Richard Nirlo pourrait disposer d’une équipe assez complète pour discuter des orientations budgétaires et montrer, par la même occasion, les économies qui ont pu être réalisées.

Le vœu le plus cher du maire serait que tout le monde, du moins sa majorité, puisse se serrer les coudes et travailler ensemble jusqu’en 2026 en respectant les engagements pris auprès de la population en 2020. Après 2026, ce sera une autre affaire. Les Royalistes pourront à ce moment là devenir plus royalistes que le roi. L’appel du maire à ses élus et à tous les conseillers municipaux est on ne peut plus clair : travaillons et, en 2026, à l’heure du bilan, chacun fera ce qu’il voudra.

Un job dating pour… les fonctionnaires de la Région

En parlant de bilan, la Région a décidé de faire un bilan de compétences d’une centaine de ses agents en organisant un job dating destiné à ses fonctionnaires, ce vendredi 10 mars. En vrai, au départ, il était question de job dating mais nombre d’employés ont fait connaître leur mécontentement en laissant entendre qu’un job dating s’adressait avant tout aux chômeurs et non pas aux personnes qui sont déjà en emploi. Du coup, le job dating est devenu « Carrefour régional des mobilités.

Il se déroulera à la cafétéria de la pyramide inversée, de 14 heures à 17h30. Les fonctionnaires sont priés de se munir de plusieurs exemplaires de leur CV ainsi que d’une lettre de motivation. L’intitulé du Carrefour des mobilités est le suivant : « vous êtes en recherche de mobilité et souhaitez poursuivre votre investissement au sein de la collectivité, participez au Carrefour régional des mobilités et rencontrez les managers à la recherche d’agents motivés ». Un entretien d’une quinzaine de minutes est prévu avec chaque agent.

En clair, depuis que la nouvelle majorité a fermé les « agences » de la continuité territoriale ainsi que certains bureaux qui, à l’époque de Didier Robert, faisaient du social, la Région se retrouve avec une centaine d’employés « flottants ». Ils flottent tellement qu’ils ne savent pas quoi faire de leur journée. Ce Carrefour régional des mobilités serait censé les reclasser en interne, c’est-à-dire les remettre au travail ? « On nous a fait comprendre qu’on pouvait également postuler dans d’autres collectivités et qu’au bout de trois propositions, on pourrait être virés, en cas de refus », expliquent les agents dont certains sont en poste depuis 1998. Autant dire, qu’ils/elles sont un tantinet inquiets/es sur leur devenir au sein de la collectivité. Une collectivité qui, selon le JIR, fait l’objet d’une plainte déposée par deux avocats concernant certaines embauches, notamment « familiales », effectuées par la majorité, par la présidente. Le dossier est sur le bureau de la Procureure de la République, qui doit crouler sous le poids des plaintes en tous genres. Des plaintes qui ne concernent, bien évidemment, pas seulement la Région. Laissons la justice faire son travail en toute sérénité. Sans pression médiatique, ou autres ! En sachant que si elle devait un jour condamner tous les élus (es) de France et de Navarre qui procèdent à des emplois « pistonnés » ou « familiaux », il faudrait commencer, avant de lancer les enquêtes judiciaires, créer beaucoup de prisons.

En quoi bloquer les petites gens dont beaucoup ont voté Mélenchon, puis Le Pen, peut-il faire « reculer Macron » ?

Venons-en à présent au sujet d’actualité. Je veux parler de la réforme des retraites et, plus exactement, des manifestations qui ont eu lieu à la Réunion. Le barrage bloquant de Gillot n’était pas encore levé que Jean-Hugues Ratenon, le député de La France Insoumise/Nupes/Rézistans s’était déjà fendu d’un communiqué pour se féliciter du « succès » de la mobilisation de la journée du 7 mars dernier. « Succès » ? Un peu plus de 2 400 manifestants répartis sur les blocages, parmi lesquels de nombreuses personnes qui ne travaillent pas. Moins de 400 manifestants, ce mercredi. Peut-on réellement parler de « succès » ?

L’intersyndicale sait pertinemment que si elle avait gardé le mode traditionnel de manifestation, c’est-à-dire un rassemblement à Saint-Denis et à Saint-Pierre, ça aurait été un flop. Faute de défilé dans les deux communes de l’île, l’intersyndicale a donc opté pour des barrages plus bloquants que filtrants, prenant ainsi en otages les « gens » (ça ne vous rappelle rien ?). « Les « gens » comme les appelle Jean-Luc Mélenchon. Ces ouvriers, ces travailleurs de la classe moyenne qui « tirent le diable par la queue ». Ces mêmes personnes qui ont voté contre Macron à la Réunion et qui sont aujourd’hui « bloqués » dans des barrages pour soit disant « sanctionner Macron ».

« Macron doit plier », estime Ratenon. « Macron doit reculer », s’exclame l’intersyndicale. « Macron doit craquer », écrit sur son compte Instagram Amandine Ramaye, la conseillère régionale de Rézistans. Soyons sérieux deux minutes ! Pensez-vous sincèrement qu’en bloquant la route à Gillot (Nord), celle de Cambaie (Saint-Paul), le rond-point Mac Do (Saint-Pierre) et celui des Plaines (Est), ou bien alors en allant sauter en l’air dans la mairie de Saint-Pierre, la Réunion va faire « plier », « reculer » ou « craquer » Macron ?

En quoi, le fait d’empêcher « les gens » d’aller travailler ou d’aller faire leurs courses va-t-il impacter Macron ? Je ne sais pas vous, mais en dépit de tous les barrages bloquants qui ont été érigés sur nos routes, je n’ai pas vu Macron « plier », « reculer » ou « craquer » un seul instant. Des barrages sur lesquels d’ailleurs l’intersyndicale s’est faite déborder par des éléments extérieurs ; Lesquels ont même contraint deux routiers à déverser, sous la menace, le chargement de leur camion sur la route de Gillot. Je ne vous parle même pas des barrages sur la route de Saint-Benoit dressés par deux ou trois gamins postés dans un caddie au milieu de la chaussée, sous l’œil presqu’amusé des gendarmes. C’est donc ça qui va faire « plier », « reculer » et « craquer Macron ? Permettez-moi d’en douter ! Et comment peut-on se féliciter de tels mauvais spectacles de rue quant on est députés, quand on a été élus par le peuple, par les « gens » pour aller défendre les dossiers à l’Assemblée nationale ?

« Craquer » je ne sais pas, « faire crac-crac » peut-être !

Pendant que « les gens » étaient bloqués des heures durant dans les barrages, qu’ils n’ont pu se rendre sur leur lieu de travail, ou à l’hôpital pour rendre visite à leurs proches malades, pendant qu’un médecin se faisait démonter sa bagnole à Paris par des casseurs, Macron se trouvait en Afrique, en RDC (République Démocratique du Congo) à déambuler, en petite chemise blanche, la nuit, dans les rues de Kinshasa, aux côtés du chanteur congolais Fally Ipupa, avec une bière à la main.

En tout cas, je ne sais pas si Macron a « craqué » (faire crac-crac en Afrique, peut-être !) mais j’imagine que l’intersyndicale, manifestement associée directement ou indirectement à « QG Zazalé », s’est mise à dos des milliers de Réunionnaises et de Réunionnais coincés, parfois avec des enfants, dans les embouteillages.

Attention, je ne suis pas en train de dire que je suis pour la réforme des retraites telle qu’elle est présentée par ce gouvernement, je ne suis pas un défenseur du recul de l’âge de la retraite à 64 ans, j’ai observé comme vous le vote des quatre sénateurs de la Réunion en faveur de la réforme… Ils sont grands, ils assumeront. L’histoire se souviendra que les sénateurs de droite ont voté la réforme des retraites y compris la fin des régimes spéciaux (cheminots, gaziers…) alors qu’eux mêmes sont les mieux lotis de la République en la matière. Sur le fond, cette réforme est incontestablement discutable.

Mais sur la forme des manifs, je trouve que « bloquer » les « gens » dans des barrages est certes la solution la plus facile mais pas la plus courageuse.

Je suis pour la liberté de manifester, pour la liberté de grever. Mais je suis aussi pour la liberté de travailler. Chacun fait comme bon lui semble. Je n’ai jamais entendu parler du « droit de bloquer ». Il faut savoir aussi que les journées de certains meneurs qui bloquent les routes, je pense notamment aux leaders syndicaux (en détachement depuis des lustres) et aux élus (députés et autres) ne sont pas coupées, contrairement à celles des « petits » travailleurs. Vous l’aurez compris, je suis pour le respect de la liberté de tout un chacun. De celui qui souhaite manifester mais également de celui qui ne souhaite pas bloquer les routes. De celui qui souhaite gréver devant des grandes surfaces, mais aussi de celui qui souhaite profiter de son samedi (seul jour de la semaine où il ne travaille pas) pour aller faire ses courses.

J’ai une idée pour faire « plier », « reculer » et « craquer » Macron ? Pourquoi pas barrer la mer, cette « route » qui permet à ses amis, les armateurs, notamment CMA CGM, de réaliser des bénéfices colossaux en ces temps de Covid et de guerre en Ukraine ? 23,5 milliards d’euros de bénéfices pour l’année 2022. 19 milliards d’euros de bénéfices en 2022 pour TotalEnergies ; 14 Milliards d’euros de bénéfices pour Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH… 142 milliards d’euros de bénéfices pour les 40 plus importantes entreprises françaises en 2022. Elle est pas belle la vie !

Un petit mot pour finir sur ce qui se passe à Saint-Leu où le maire Bruno Domen a décidé de « nettoyer » la ville en « dégageant » les chiens errants ainsi que « les squatteurs » du pont afin de faire respecter le pavillon bleu qu’a obtenu la ville dans le domaine du tourisme. Il n’aura « aucune tolérance », a-t-il laissé entendre lors du conseil municipal, envers ces gens qui ont fait ce « choix de vie ». Parce qu’être SDF, sans-abri, se retrouver à la rue est, vous l’aurez compris, un « choix de vie ». Souhaitons tout simplement au maire de ne jamais être confronté un jour à un accident de la vie, qui peut arriver à n’importe qui.

Y.M.

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