C’est devant le collège Émile Hugot que Monique Orphé et les conseillers départementaux socialistes ont tenu une conférence de presse pour dénoncer les effets des restrictions budgétaires sur les politiques éducatives ce mardi matin. Le choix du lieu n’avait rien d’anodin. À quelques jours d’une rentrée scolaire sous tension, les élus ont voulu marquer les esprits : les collégiens sont les grands oubliés des choix politiques du Département.
Une rentrée sous le signe de l’austérité
Intitulée « Silence, on coupe : le Département face aux restrictions budgétaires », la conférence de presse a mis en lumière les conséquences concrètes des arbitrages financiers sur les collectivités locales. À l’approche du vote de confiance au Parlement, les élus redoutent un budget non adopté, synonyme de paralysie pour les territoires.
« Ce contexte d’incertitude met en difficulté nos collectivités, et en première ligne, nos établissements scolaires », a souligné Monique Orphé.
Collégiens en marge : une politique éducative à reconstruire
Alors que la rentrée scolaire 2025/2026 débute, les élus dénoncent l’absence d’ambition du Département pour les collégiens.
« Le collège est le cœur du parcours éducatif, là où l’enfant se construit, choisit son orientation, et où le décrochage scolaire s’installe », ont rappelé Virgil Kichenin et David Belda .
Si les communes et la région affichent certaines initiatives, le Département, lui, reste cantonné à des missions techniques : gestion des bâtiments, restauration… mais rien sur l’épanouissement ou la réussite éducative.
Handicap, décrochage, restauration : des urgences ignorées
Les élus socialistes ont vivement dénoncé l’inaction du Département face à plusieurs urgences éducatives qui touchent directement les collégiens. Parmi elles, la scolarisation des enfants en situation de handicap reste un point noir : les familles attendent parfois des mois pour obtenir des accompagnants ou du matériel adapté, quand elles ne sont pas tout simplement laissées sans réponse. Cette lenteur administrative, doublée d’un manque criant de moyens humains et financiers, compromet gravement l’égalité des chances.
Autre sujet de préoccupation : le décrochage scolaire. Alors que de nombreux élèves perdent pied dès le collège, aucune stratégie départementale cohérente n’a été mise en place pour les repérer, les accompagner ou les réintégrer dans un parcours adapté.
« On ne peut pas traiter l’échec scolaire sans une continuité éducative, de la maternelle au lycée. Et le collège est le maillon oublié », déplore Monique Orphé, soulignant que c’est précisément à cet âge que l’élève se construit, forge ses ambitions et choisit son orientation.
Enfin, la restauration scolaire, pourtant essentielle à la réussite éducative et à la santé des élèves, souffre elle aussi d’un désengagement progressif. Les élus regrettent l’absence d’un plan départemental ambitieux pour garantir à tous les collégiens, notamment ceux issus des quartiers populaires, un repas équilibré à un tarif accessible.
« L’éducation ne se limite pas aux murs d’une salle de classe. Elle passe aussi par des conditions de vie dignes et un environnement scolaire bienveillant », ont-ils rappelé.
L’intervention de Bayrou : une « forme de démission » selon Monique Orphé
Interrogée sur la prise de parole de François Bayrou la veille, Monique Orphé n’a pas mâché ses mots. Pour elle, cette intervention ressemble à « une forme de démission politique ». Elle estime que le président du MoDem ne cherche pas tant à participer au débat qu’à obtenir un aval clair pour que ses propositions soient adoptées sans discussion. Une posture qui, selon elle, illustre le malaise ambiant au sein de la majorité.
Quant à une éventuelle mobilisation le 10 septembre prochain, les élus socialistes restent prudents : « Nous ne savons pas encore si nous allons nous mobiliser, mais nous observons avec attention l’évolution de la situation », a-t-elle confié.
« Le nord laissé pour compte »
Au terme de cette conférence, un constat s’impose : les interventions du Département et de la Région semblent se concentrer exclusivement sur les communes de l’ouest, laissant le nord dans une forme d’oubli institutionnel. Pour Monique Orphé et ses collègues, cette inégalité territoriale est inacceptable.
« Nos collégiens du nord méritent autant d’attention, de moyens et d’ambition que ceux de l’ouest. L’éducation ne peut pas être à géométrie variable selon la carte électorale », a-t-elle martelé.
Les élus socialistes appellent à une réorientation urgente des priorités, pour que chaque enfant, quel que soit son lieu de vie, puisse bénéficier d’un parcours scolaire digne et équitable.