Budget 2026 : année blanche, contrôle des ALD, suppression des jours fériés ; réactions

Actuellement en plein travail sur le budget 2026, le premier ministre a fait ce mardi 15 juillet quelques annonces qui ont choqué les français, dont la possible suppression de deux jours fériés : le 8 mai et le lundi de Pâques (pour soutenir l’activité économique et augmenter la productivité).

Il a aussi évoqué une « année blanche » pour 2026, sans hausse des prestations sociales ni des pensions de retraite, le tout pour réduire le déficit qui passerait de 4,6 % en 2026 à 2,8 % en 2029. Ce programme ambitieux repose sur plusieurs axes, dont des décisions symboliques et parfois controversées.

L’effort budgétaire est porté à 43,8 milliards d’euros, contre 40 milliards envisagés. Au registre des économies, un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne sera pas remplacé.

Un gros coup de contrôle sur la partie « maladie » : ALD & arrêts de travail

Dans le cadre de son plan de redressement des finances publiques, François Bayrou a insisté sur la nécessité de mieux encadrer les dépenses de santé, et en particulier celles liées aux arrêts maladie et aux affections longue durée (ALD).

Le gouvernement souhaite renforcer les contrôles afin de limiter les abus et d’assurer une prise en charge plus juste. Plusieurs leviers ont été évoqués :

  • Renforcement des contrôles médicaux sur les arrêts maladie jugés excessivement longs ou fréquents, avec la possibilité de sanctions financières en cas de non-respect des prescriptions ou d’incohérences constatées.

  • Mise en place de procédures de vérification plus systématiques pour les ALD, afin de s’assurer que ces affections correspondent bien aux critères médicaux définis.

  • Incitation des entreprises et des caisses d’assurance maladie à recourir davantage aux contre-visites, y compris en mobilisant des médecins contrôleurs.

  • Accompagnement renforcé des patients en ALD pour favoriser le maintien ou le retour à l’emploi quand leur état de santé le permet, et éviter les ruptures de parcours professionnels.

François Bayrou a justifié cette orientation par l’augmentation régulière du coût des arrêts maladie et des indemnités journalières. Selon lui, la maîtrise de ces dépenses est indispensable pour garantir la pérennité du modèle social et préserver la solidarité nationale.

Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large qui associe la lutte contre la fraude, la responsabilisation des prescripteurs et l’amélioration du suivi médical des personnes concernées.

Le Premier ministre a précisé que ces contrôles devront être conduits « dans le respect de la dignité des patients et avec la vigilance nécessaire pour ne pas fragiliser celles et ceux qui ont réellement besoin d’un accompagnement ».

La taxation des petits colis « chinois » et des hauts revenus

Le Premier ministre a confirmé la création d’une contribution de solidarité ciblant les revenus les plus élevés, et la mise en place d’une taxe sur les petits colis importés, principalement pour protéger le commerce et la production française face à la concurrence internationale.

Dans un discours où il a revendiqué sa volonté de « changer les choses, quoi qu’il en coûte », François Bayrou a insisté sur la nécessité de préserver la souveraineté économique, la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des Français.

Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a rappelé les priorités du gouvernement : la sécurité, la transition écologique et l’investissement dans l’éducation et la recherche.

L’IA sera au coeur de notre pays

Autre levier stratégique, le Premier ministre souhaite accélérer l’adoption de l’intelligence artificielle grâce à un plan baptisé “Osez l’intelligence artificielle”, présenté comme un moteur de productivité et un outil de modernisation industrielle.

Enfin, le gouvernement veut agir contre les retards de paiement, évalués à plusieurs milliards d’euros, en prévoyant un renforcement des sanctions, qui pourraient atteindre jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires des entreprises concernées.

François Bayrou a conclu son intervention par un appel à la mobilisation collective et à la confiance : « Ensemble, nous pouvons redonner à notre pays des raisons de croire en son avenir et de s’estimer. »

Réactions

Cyrille Melchior, président du Conseil départemental : « La cohésion sociale ne peut devenir une variable d’ajustement budgétaire »

Le Président du Conseil départemental de La Réunion, Cyrille Melchior, prend acte des analyses et des propositions budgétaires présentées par le Premier ministre François Bayrou ce 15 juillet 2025. La gravité de la situation financière nationale et la nécessité de redresser les comptes publics sont incontestables.

Toutefois, les mesures annoncées suscitent de légitimes inquiétudes, en particulier dans les territoires ultramarins, quant à l’application concrète de ces mesures dans un territoire aussi fragile que La Réunion. L’annonce de restrictions budgétaires, conjuguée à l’absence de garanties spécifiques pour les collectivités ultramarines, fait craindre une aggravation des inégalités sociales.
La Réunion est confrontée à des enjeux majeurs : un taux de pauvreté particulièrement élevé, une vie chère qui pèse lourdement sur les ménages, et un vieillissement de la population qui entraîne des besoins croissants en matière de santé, de dépendance et de solidarités humaines. À ce jour, aucune réponse structurelle de l’État ne permet de faire face durablement à ces défis.

L’annonce d’une enveloppe de 300 millions d’euros destinée aux Départements en difficulté constitue un signal d’écoute. Mais encore faut-il que cet effort soit réparti de manière juste et proportionnée, en tenant compte des réalités propres à chaque territoire, et en particulier de l’Outre-mer.

Pour Cyrille Melchior, dans ce contexte, il est essentiel que La Réunion soit traitée avec discernement, dans le respect du principe d’égalité réelle. Les efforts attendus au nom de l’intérêt national doivent être mis en œuvre de manière équitable.
Le Président du Département réitère que « la cohésion sociale ne peut devenir une variable d’ajustement budgétaire ». Le Gouvernement doit ouvrir un dialogue approfondi avec les collectivités locales, en particulier en Outre-mer, pour élaborer des solutions adaptées, justes et durables.
Le Département de La Réunion se tiendra vigilant et engagé, dans le respect de ses compétences et des principes de justice sociale et de solidarité territoriale, au service des Réunionnaises et des Réunionnais ».

Frédéric Maillot, député de La Réunion : « les Outre-Mer oubliés, encore une fois »

« Sous couvert de « responsabilité budgétaire », François Bayrou confirme une politique d’austérité qui sacrifie les péi dits d’Outre-mer. Derrière les discours d’« effort partagé », ce sont encore les plus fragiles qui paieront. Réduire les déficits en supprimant des postes dans la
fonction publique, en supprimant des jours fériés, en comprimant les dépenses sociales et en exigeant des efforts de « tous » sans jamais toucher aux privilèges fiscaux des plus riches ou aux profits massifs de certains secteurs ? Parler de « responsabiliser les patients » alors que
l’accès aux soins est inégal, c’est mépriser la réalité des habitants de la Guyane, de Mayotte, ou encore de La Réunion. Ce n’est ni juste ni soutenable. Cette logique du « chacun doit faire un effort » oublie que nous ne partons pas du même point.

Dans nos péi où pauvreté, chômage, crise sanitaire et inégalités d’accès aux droits sont criants, ce budget n’apporte aucune réponse : pas de plan de rattrapage, pas d’investissements massifs, seulement des ajustements comptables. Les 300 millions annoncés sont une goutte
d’eau face aux besoins immenses de nos territoires.

Comparer l’État à un ménage, comme le fait M. Bayrou, est une grave erreur : l’État a le devoir d’investir là où la République est en souffrance. Et en Outre-mer, nous devons voir émerger des solutions rapides, efficaces et sur le long terme. Ce budget ne propose ni justice sociale, ni équité territoriale et censure les peuples dits d’Outre-mer, la censure arrivera en temps voulu. Il confirme une chose : les Outre-mer restent les grands absents de la stratégie nationale. Nous demandons un véritable changement de cap. Les Outre-mer ne sont pas une variable d’ajustement, ils sont l’avenir du pays. Le combat continue ».

Perceval Gaillard, député de la Réunion : « François Bayrou vient de déclarer la guerre sociale »

« La suppression de 2 jours fériés (lundi de Pâques et 8 mai) rapportera moins que le rétablissement de l’ISF et de la Flat Taxe. Et je ne parle même pas de la Taxe Zucman sur les ultrariches qui à elle seule pourrait rapporter 20 milliards.
L’ANNÉE blanche, qui impactera directement les plus pauvres, cela rapporte deux fois MOINS qu’un MOIS d’année blanche des aides aux multinationales. Une année blanche pour le budget c’est concrétement :
– moins 350 euros pour un retraité,
– moins 180 euros pour un chômeur,
– moins165 euros pour un indépendant,
– moins 105 euros pour un salarié.
Après le Président Emmanuel Macron qui est venu nous vendre la guerre de Trump pour mieux acheter des armes aux États-Unis, le Premier ministre nous annonce maintenant une guerre sociale de grande ampleur. Sans aucune légitimité pour le faire. Après avoir perdu les élections, menti devant le pays, protégé des pédocriminels.
Attaques sur les ALD (affections de longue durée) et les franchises médicales, gel des pensions, prestations et barèmes, non remplacement d’un fonctionnaire sur 3 partant à la retraite, gel du point d’indice, suppression de deux jours fériés, vente de participation de l’Etat : la liste des horreurs ultralibérales est sans fin. Il s’agit d’une attaque en règle contre l’État, les fonctionnaires, la sécurité-sociale, la santé, les collectivités territoriales, les retraités, les prestations sociales, les salariés, les TPE-PME : 34 des 44 milliards annoncés seront directement pris dans notre poche.
Ce qui reste évasif par contre ce sont les 10 milliards annoncés concernant la fraude et l’évasion fiscale, les niches fiscales, l’impôt sur les hauts revenus, la taxation des dividendes. Aucune annonce claire à ce sujet.
Avec de telles décisions le Premier ministre déclare la guerre sociale et dévoile le fond de sa politique : tout faire pour que les ultrariches et les multinationales ne paient pas ce qu’ils et elles doivent. Quitte à affaiblir l’État et à liquider notre modèle social.
Aucune opposition sérieuse ne peut décemment laisser passer un tel budget aussi injuste que dangereux. Pour le pays, pour La Réunion nous devons censurer ce gouvernement au plus vite ».

Péi Agile : « année blanche budgétaire : pour des économies réelles, mettons aussi le Parlement au repos ?

Péi Agile, think tank réunionnais engagé pour des solutions durables, ne réagira passystématiquement à l’actualité politique. Mais le projet de loi de finances est un document structurant pour l’avenir de notre territoire. Les premières orientations dévoilées par le Premier ministre sont, à ce titre, particulièrement inquiétantes pour La Réunion. Le gouvernement annonce une « année blanche » budgétaire pour 2026 :

– Sans réformes structurelles, pas d’orientations ambitieuses, une reconduction quasi à l’identique des crédits existants, sans revalorisations significatives.

Une pause budgétaire décidée au nom de la rigueur, pendant que l’inflation continue d’éroder le pouvoir d’achat des ménages et la capacité d’action des territoires. Alors, si tout est figé d’avance, si les arbitrages sont verrouillés avant même le débat parlementaire… faut-il encore mobiliser l’Assemblée nationale et le Sénat ? Mettons-les aussi en pause : cela ferait des économies.

Derrière ce gel des masses budgétaires, se profile une forme d’austérité silencieuse, sans débat, qui étouffe les dynamiques locales, freine les porteurs de projets et bloque les transitions essentielles. À La Réunion, où les besoins sociaux, écologiques et économiques sont criants, cette stratégie d’inaction budgétaire est non seulement inefficace, elle est aussi risquée.

Pire encore, l’effort est inéquitablement réparti : salariés modestes, agents publics et bénéficiaires de prestations sociales porteront l’essentiel des sacrifices, sans que cela ne s’accompagne de mesures structurelles pour réduire les inégalités, relancer l’emploi ou transformer notre modèle économique. La mobilisation doit être collective ! Si les impulsions ne viennent pas de Paris, alors elles doivent émerger de nos territoires. Nous devons, dès maintenant, travailler ensemble à l’identification de solutions concrètes, locales et adaptées à nos réalités. L’heure n’est pas à l’attente, mais à la co-construction, avec toutes les forces vives de la Réunion »

Erick Fontaine de la CNL  et du Mouvement des Citoyens Engagés : « c’est une année noire qu’on nous promet »

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