Nouvelle‑Calédonie : un projet d’accord institutionnel toujours fortement contesté

Le projet d’accord sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle‑Calédonie, conclu samedi dernier à Bougival entre l’État, des représentants indépendantistes et loyalistes, suscite de vives réserves dans l’archipel. Le texte — qualifié « d’historique » par ses promoteurs — propose notamment la création d’un État de la Nouvelle‑Calédonie au sein de la République française, l’instauration d’une nationalité calédonienne et un partage différencié de compétences. Il sera soumis à un référendum en février 2026, mais les critiques sont déjà nombreuses.

Une réponse jugée ambiguë et divisée

Pour la présidente du Medef local, l’accord offre “un espoir de paix et de stabilité”, deux conditions nécessaires à la relance économique. Elle juge cependant son volet économique trop léger et s’inquiète des capacités financières réelles de l’État  .

Côté politique, les critiques fusent. Joël Kasarerhou, leader du mouvement citoyen Construire autrement, qualifie l’accord de “mort‑né”, sans ambition ni vision nouvelle, et déplore que les jeunes soient “oubliés”  . Philippe Blaise, vice‑président de la province Sud (loyaliste), dénonce la création d’une “ligne rouge” à travers la reconnaissance de la nationalité calédonienne, qu’il juge incompatible avec l’unité républicaine.

Le FLNKS indépendantiste exprime aussi son rejet : Brenda Wanabo‑Ipeze déclare que le texte “n’engage pas la base”, et Mélanie Atapo affirme que les négociateurs ont cédé sur des points essentiels sans validation militante  . En métropole, le député RN Jean‑Philippe Tanguy et Marine Le Pen critiquent également la création d’une nationalité distincte, évoquant un texte “profondément ambigu” et soulignant sa fragilité économique.

Philippe Blaise dénonce une atteinte à l’unité nationale

Parmi les voix critiques, Philippe Blaise, vice-président de la province Sud et figure du camp loyaliste, a vivement réagi. Selon lui, ce projet marque une ligne rouge franchie avec la reconnaissance d’une nationalité calédonienne distincte. « En créant une nationalité calédonienne, on s’éloigne dangereusement de l’unité républicaine. C’est une rupture symbolique et politique inacceptable pour ceux qui croient encore à une Nouvelle-Calédonie pleinement française », a-t-il déclaré.

Il s’inquiète par ailleurs de la fragilité juridique et politique du texte, dénonçant une réforme institutionnelle qui, selon lui, « affaiblit l’État tout en donnant des gages à une minorité sans réel ancrage populaire ».

Un blocage confirmé par Valls

En mai, le ministre des Outre‑mer Manuel Valls avait reconnu l’impossibilité de parvenir à un accord lors d’un conclave à Nouméa, pointant l’absence de consensus notamment sur la composition du corps électoral et le droit à l’autodétermination  . Sans accord, l’avenir institutionnel de la Nouvelle‑Calédonie reste incertain.

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