David Lorion, nouveau maire de Saint-Pierre : « je serai un maire sans indemnité » ; Réactions (Vidéos-Photos)

Dans un de mes « Ti Kozman » du vendredi, j’avais évoqué à l’époque cette affaire qui n’était pas encore au stade de l’instruction. L’affaire a suivi son cours. Deux ans plus tard, l’élu en question, Josian Acadine, appartenant au groupe majoritaire, a été condamné par la justice pour agression sexuelle.
Dans un communiqué qui tient en quelques lignes, la maire de la commune, Vanessa Miranville (notre photo de Une) explique que « conformément à la charte de valeurs de l’équipe municipale », l’élu va démissionner.
Dans le cadre du procès de M. ACADINE, la Justice a rendu son jugement et acté une condamnation.
Conformément aux engagements de notre équipe et notre charte de valeurs, j’ai donc demandé à M. Acadine de présenter à l’équipe municipale sa démission dans les prochains jours, ce qu’il a validé immédiatement. Nous procèderons donc à son remplacement au prochain conseil municipal et continuons le travail pour notre belle ville et nos citoyens ».

Gilles Hubert : “La Possession : une mairie en faillite morale »

Le groupe des « dissidents de la Possession » du conseil municipal composé de Gilles Hubert, Fabiola Lagourde, Edmée Dufour, Mireille Gerbith, Odile Abral, Marceau Julnon, Ahmed Houssamoudine, Frédérique Grondin se veut plus critique envers cet élu. Selon ce groupe, « La maire a couvert plutôt que protégé ». Voici le communiqué signé de Gilles Hubert et des autres élus du groupe.

Gilles Hubert, du groupe des « dissidents de la Possession »

« Il aura fallu plus de deux ans, une plainte pénale, des mois de souffrance psychologique, une demande de protection fonctionnelle contestée, l’omerta d’une majorité municipale, et enfin une décision de justice claire, pour que la maire de La Possession consente à demander la démission de Josian Acadine, élu de sa propre majorité, et tout cela par un simple post sur Facebook. Deux ans de silence, de dissimulation, de revictimisation. Deux ans de renoncements moraux.
La justice a condamné un élu de la majorité municipale pour des faits d’agression sexuelle à l’encontre d’une élue du conseil municipal. Des faits connus de la maire dès le départ, reconnus par leur auteur dans des échanges explicites, et pourtant… aucune mesure ferme n’a été prise.
Pire encore :
• la victime a été invitée à “laver le linge en famille”,
• un binôme de travail a été imposé entre elle et son agresseur,
• c’est elle qui a été privée de ses délégations,
• les membres du conseil ont été appelés à voter sans avoir eu accès aux preuves transmises à la maire,
• l’élue qui a eu le courage d’activer l’article 40 en signalant les faits au procureur était l’élue aux droits des femme de l’époque, et s’est vue évincée comme une malpropre
• d’autres ont été mises à l’écart pour avoir exprimé leur solidarité avec la victime.
Tout cela dans une mairie qui se réclame haut et fort de la “bienveillance”, de la “résilience” et du “participatif”.
Mais derrière ces mots, les actes ont manqué. La maire a couvert plutôt que protégé.
Elle a préservé des équilibres politiques au détriment des principes. Elle a trahi ce que des femmes, des militantes, des citoyennes espéraient : un engagement sincère en faveur des droits des femmes.
Car le féminisme n’est pas une posture.
Il ne peut pas être convoqué quand cela arrange, et balayé quand cela dérange. Il suppose des actes, du courage, et de la cohérence. Et dans cette affaire, aucun de ces trois éléments n’a été au rendez-vous. Nous, élus dissidents, dénonçons la perte de repères éthiques à laquelle nous assistons.
Et nous disons avec gravité : quand une majorité préfère le silence à la vérité, la protection des siens à celle des victimes, l’image à la justice, elle perd plus que du crédit politique – elle perd sa légitimité morale. La Possession mérite mieux.
Mieux que l’indifférence maquillée en neutralité. Mieux que la communication creuse en lieu et place d’une action courageuse. Mieux que la déception infligée à celles et ceux qui y croyaient sincèrement.
Aujourd’hui, la justice a reconnu les faits. Il appartient désormais à chacun – élu, citoyen, militant ou observateur – de regarder en face ce que cette affaire révèle : un système de pouvoir qui a failli là où il aurait dû protéger.

Philippe Robert : « condamnation d’un élu pour agression sexuelle: une honte confirmée, la justice a tranché »

Philippe Robert est conseiller municipal de l’opposition. Il condamne lui aussi l’attitude de la maire Vanessa Miranville dans le cadre de cette affaire qui était connue de tous les élus, majorité et opposition, depuis deux ans.
Philippe Robert (PCR), conseiller municipal de l’opposition
« Je prends acte de la condamnation de M. Acadine pour des faits d’une extrême gravité. Je l’avais dit dès le départ: les faits reprochés étaient inadmissibles, indignes de la fonction d’élu, et ne pouvaient en aucun cas bénéficier de la moindre complaisance, encore moins de la protection financière des contribuables possessionnais.
Aujourd’hui, la justice vient confirmer ce que nous étions peu nombreux à oser affirmer dès les premières heures: les faits étaient bel et bien d’une gravité absolue, et la responsabilité politique était pleinement engagée.
Cette condamnation est aussi celle du silence coupable de Mme MIRANVILLE et son équipe, de leurs tergiversations, de leur complicité tacite. Pendant que les faits étaient connus, ils ont choisi de gagner du temps, de minimiser, de détourner le regard, alors même qu’un signalement au procureur avait été fait.
Pendant ce temps, votre adjoint si bien protégé continuait de siéger, de porter des délibérations, de représenter La Possession, de parler au nom des Possessionnais, ou de faire votre quorum en péril… Bien arrangeant pour vos affaires mais insupportable pour les possessionnaises et possessionnais.
Cette affaire n’est pas qu’un fait divers judiciaire. Elle est un révélateur.
Un révélateur d’un double discours. D’un féminisme de façade, de postures sans actes. Mme MIRANVILLE parade dans les médias pour dénoncer le sexisme ici ou là, et dans le même temps, elle a abandonné à son sort une élue victime. Elle a protégé un agresseur condamné. Je renouvelle tout mon soutien à Madame Amandine Tavel, qui a eu le courage de parler. Je renouvelle tout mon soutien à toutes les femmes, élues ou non, qui sont confrontées à ce type de violences. J’espère que cette condamnation servira de leçon, à tous ceux qui pensent que la République peut tout excuser quand on est dans le bon camp politique. À ceux qui croient que leur mandat les place au-dessus des lois.
L’exemplarité ne se proclame pas. Elle se démontre. Et à La Possession, elle est à reconstruire ».

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