C’est ce qu’a annoncé le député Jean-Hugues Ratenon (La France Insoumise), ce dimanche 23 mars, lors d’une conférence de presse tenue à sa permanence parlementaire à Saint-Benoit, entouré de sa suppléante Flavie Annette-Preto et de ses collaborateurs. Le député de la Réunion (5ème circonscription) a en effet annoncé qu’il va – en partant de l’expérience du cyclone Garance qui a frappé notre île le 28 février dernier – déposer une résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur le manque de préparation de La Réunion face aux risques naturels majeurs et les conséquences de l’inaction de l’État et des politiques publiques en matière climatique. « Lors de cette commission d’enquête, seront auditionnés les Collectivités, les EPCI, EDF, le Préfet, l’ARS, Météo France, les sociétés de distribution d’eau…etc, avec obligation de répondre aux convocations », dit-il.
Il constate que « plus de 3 semaines après le passage du cyclone Garance, des familles n’ont pas d’eau potable, pas de courant électrique, ni de réseau Internet, ni de réseaux de téléphonies mobiles stable. Et les foyers concernés se trouvent majoritairement dans l’Est de l’île ». Il ajoute : « si l’homme est à l’origine du réchauffement climatique et de son bouleversement, la négligence dans la mise aux normes, dans la prévention face à l’arrivée du cyclone, la négligence au niveau de l’aménagement du territoire, de la rénovation des bâtiments, le respect des règles de sécurité, la maintenance des sites de production et les phénomènes de corruption qui gangrènent notre société sont aussi pour quelque chose… Les difficultés de la Réunion sont connues et ne sont pas nouvelles. Elles avaient été évoquées dans la proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la gestion par l’État des risques naturels majeurs dans les territoires transocéaniques de France, dits d’Outre‑mer, présentée par mon collègue Jean-Philippe NILOR. A quand une réelle politique d’adaptation au changement climatique ? A quand un réel investissement de l’Etat, la mise en place de moyens financiers et humains pour prévenir ces destructions et les désastres à venir ? », s’interroge Jean-Hugues Ratenon.
Contre la cherté de la vie Outre-mer, Ratenon appelle « à une union sacrée »
D’autres sujets ont été abordés par le parlementaire lors de cette conférence de presse : le projet de loi contre la cherté de la vie annoncé par Manuel Valls, ministre des Outre-mer lors de son récent séjour aux Antilles. « Manuel Valls rappelait lors de son passage dans le JT de Martinique la 1ère en début de semaine, que la lutte contre la vie chère était sa priorité et a annoncé travailler sur un projet de loi sur le sujet et qui permettra de « limiter l’économie actuelle basée sur des monopoles ». Une loi pour, je cite : « améliorer la transparence, mieux condamner les entreprises qui ne publient pas les comptes, faire apparaitre les marges arrières, parce que c’est là qu’on voit les problèmes…Il faut davantage de contrôles, donner des moyens à l’autorité de concurrence, comme à la DGCRF, c’est à dire ces autorités indépendantes », a rappelé le député, avant de poursuivre : « cette loi serait concertée avec l’ensemble des élus, parlementaires, acteurs économiques et sociaux. Plus que jamais, nous devons jouer grouper et faire des propositions à Manuel VALLS. On ne joue plus, pas de compromis, nous voulons une vraie loi. J’invite à une union sacrée : élus, syndicats, associations, collectif de citoyens…etc ».
Il a rappelé également que « selon l’étude de l’Insee publiée, jeudi 20 mars, l’inflation progresse de 11% à La Réunion, entre 2017 et 2023. Cette étude a été réalisée en partenariat entre l’Insee et l’Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) de La Réunion. À La Réunion, la hausse des prix s’élève en 2022 à 3,6 % en moyenne sur l’année, un niveau jamais atteint en 30 ans. Les choses ne s’arrangent pas. L’énergie, qui représente 7 % du budget des ménages de l’île, contribue
pour plus d’un tiers à cette hausse. Les prix des produits alimentaires augmentent également nettement : +5,5 % à La Réunion. En 2023, la hausse reste élevée. L’inflation atteint 3,1 % en moyenne à La Réunion, en léger retrait par rapport à 2022. L’Insee note que les prix alimentaires croissent de 7,6 % sur l’île. Les plus âgés consacrent une part nettement plus importante de leur budget à l’alimentation, tout comme les ménages les plus modestes ». Il a par ailleurs précisé que « la lutte contre la pauvreté et contre la vie chère a toujours été mon combat », avant de citer quelques actions comme le Cospar de 2009, la manif des gilets jaunes en 2018…
« Dans l’Est, nou lé en retard dans tous les domaines »
Il s’est également fait l’avocat de l’Est en rappelant que « les Outre-Mer, dont la Réunion, sont les territoires de France où le taux de pauvreté est le plus élevé. Si nous regardons de plus près, et selon les dernières données de l’Observatoire des Inégalités (publication décembre 2024), 6 communes de la Réunion figurent parmi les 20 communes de plus de 20 000 habitants les plus pauvres du pays. Parmi ces communes : Saint-Benoit se place à la 2e position avec 46% de la population qui vie sous le seuil de pauvreté; Saint André à la 3e place qui affiche un taux de pauvreté de 44%. Sachant que les petites villes telles que Sainte-Rose et Salazie ont des taux de pauvreté plus élevés que Saint Benoit et Saint André, mais elles ne se trouvent pas dans le classement ».
D’où sa conclusion : « on peut donc dire que l’Est est véritablement le territoire le plus pauvre de France. Et la CIREST, sans tenir compte de la situation de Mayotte, est sûrement l’intercommunalité la plus pauvre de France. L’Est grandement en retard dans tous les domaines. Sur la base des droits fondamentaux, la région est en retard en matière : du droit au logement, à l’éducation, à la santé, à un niveau de vie suffisant, à l’égalité entre les hommes et les femmes, à l’eau, à l’emploi etc… Nou lé en retard.