Patrice Selly, maire de Saint-Benoit, président de la Cirest et président du parti politique Banian, a été reçu ce jeudi matin, 16 janvier, à l’Elysée par Guillaume Vuilletet, conseiller Outre-mer auprès du Président de la République. L’occasion pour le maire de Saint-Benoit d’évoquer de vive voix avec le pouvoir parisien les sujets d’actualités relatifs aux violences et à la délinquance des mineurs.
Le maire de Saint-Benoit a tenu à réagir suite aux violences survenues dans la nuit du mardi 14 janvier à Saint-André où des mineurs ont (une fois de plus) « caillassé » les forces de l’ordre. « Je condamne fermement ces violences qui continuent malgré les mesures prises et notamment le couvre-feu imposé par le préfet. Il faut trouver d’autres mesures pour mettre fin à ces violences », dit-il.
Outre sa rencontre à l’Elysée ce jeudi, Patrice Selly va adresser très prochainement un courrier au Premier ministre François Bayrou, au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, au ministre de la Justice Gérald Darmanin ainsi qu’au ministre des Outre-mer Manuel Valls afin de demander au gouvernement de réagir très vite avant que cette situation ne dégénère car elle exaspère de plus en plus les Réunionnais qui se sentent quotidiennement agressés « gratuitement ».
Le maire de Saint-Benoit propose des pistes d’actions concrètes telle que la modification des modalités d’accueil des mineurs à la Réunion. Il faut savoir qu’à Mayotte, pour bénéficier des prestations sociales, les adultes (familles, oncles, tantes, sœurs, frères… ) qui accueillent des mineurs doivent présenter un jugement du tribunal, jugement émanant d’un juge des affaires familiales (JAF) afin de bénéficier des aides sociales.
« Redonner le pouvoir aux maires pour l’attribution des logements sociaux »
Or, à la Réunion, le système est tout simplement déclaratif. Si un membre de la famille accueille des mineurs qui arrivent de Mayotte, les adultes n’ont qu’à présenter une simple déclaration (attestation) pour bénéficier des allocations familiales. Ce qui fait que souvent, les familles accueillent de nombreux mineurs venant de Mayotte, puis perçoivent des allocations familiales pour ces marmailles, lesquels se retrouvent très vite dans la rue. C’est ce que l’on qualifie de « mineurs isolés », qui sont livrés à eux-mêmes.
Patrice Selly estime qu’il faut aller au-delà du stade des paroles, des incantations et qu’il faut très vite passer à l’action par des mesures rapides et concrètes. Il demande au gouvernement de modifier le Code de l’action sociale et d’exiger dorénavant un jugement d’un juge pour revendiquer l’autorité parentale d’un ou des mineurs et ainsi pouvoir prétendre à des allocations familiales.
« Je propose le même principe qu’à Mayotte », dit-il, en invitant le gouvernement ou les députés à faire une proposition de loi afin d’agir au plus vite. Un renforcement des sanctions qui pourrait, selon lui, intervenir dans le cadre du PLFSS (Projet de loi des finances de la Sécurité Sociale).
Autres mesures concrètes proposées par le maire de Saint-Benoit : « faciliter l’expulsion des familles qui posent problèmes dans leur logement. Les bailleurs sociaux doivent réagir en activant les procédures judiciaires d’expulsion des familles à problème ». Patrice Selly va également demander au gouvernement, à l’Etat, de « rendre la main » aux maires concernant les attributions de logements sociaux « pour que les familles réunionnaises soient prioritaires ». Rappelons que 40 000 dossiers sont actuellement en attente. « Les quotas de l’Etat ne favorisent pas toujours les familles réunionnaises. Elles sont mêmes souvent lésées par rapport aux familles venant de Mayotte qui, elles, sont prioritaires. Les maires n’ont plus la main aujourd’hui sur les attributions de ces logements. Il faudrait leur redonner ce pouvoir ».
Enfin, concernant une autre forme de délinquance qui va crescendo dans l’île, à savoir le narco-trafic, Patrice Selly demande au gouvernement l’installation d’une antenne de la PAF (Police de l’air et des frontières) au Port, où arrivent également des tonnes marchandises chaque jour. « Il faudrait que nous, les élus, mais surtout le gouvernement et les parlementaires, prennent à bras-le-corps ces problèmes de violences et de délinquance des mineurs », insiste le maire de Saint-Benoit.
Après l’Elysée le matin, Patrice Selly a été reçu l’après-midi au ministère des Outre-mer par Rachel Chane-See-Chu, conseillère auprès de Manuel Valls et en charge du logement, de l’énergie, des transports et de la recherche (voir photo ci-dessus).