Le président Emmanuel Macron a procédé à un changement à la tête de l’exécutif et a nommé François Bayrou comme nouveau Premier ministre ce 13 décembre.
Réactions
Pierrick ROBERT, Président de la CCI Réunion : « Félicitations à Monsieur François Bayrou, Premier Ministre de la République »
« En tant que Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’île de la Réunion, et Président de l’association des CCI d’Outre-Mer, je tiens à adresser mes plus sincères félicitations à Monsieur François Bayrou, nommé Premier Ministre.
Cette nomination suscite chez nous un espoir de stabilité pour notre pays, d’autant plus qu’il incarne une vision de réconciliation et d’unité, des valeurs indispensables pour rassembler les forces économiques et politiques de notre société à un moment où le pays connaît de grandes difficultés sociales et sociétales.
La situation économique de notre île et des Outre-Mer est préoccupante. Les entreprises, dans tous les secteurs d’activité, font face à des crises sans précédent. Le ralentissement économique et l’augmentation du chômage ont des conséquences graves pour le territoire et notre tissu économique. Il est impératif que le gouvernement porte une attention particulière aux réalités des outre-mer.
Face à ces défis, en ma qualité de Président de la CCI Réunion, je me tiens à la disposition des différents services de l’Etat
pour travailler sur les problèmes spécifiques rencontrés par les entreprises et collaborer à la recherche de solutions concrètes.
Je suis convaincu qu’une approche concertée, impliquant l’ensemble des acteurs économiques, des organisations professionnelles et les consulaires pourrait apporter des réponses efficaces.
Nous plaçons de grands espoirs dans cette nouvelle direction gouvernementale pour la revitalisation de notre économie et assurer un avenir meilleur pour nos entreprises. »
Pour La Réunion : « Emmanuel Macron insulte l’expression populaire démocratique ! »
« C’est avec une profonde indignation que le PLR réagit à la nomination de François Bayrou par Emmanuel Macron. Cette décision constitue une insulte à l’égard de la population française et réunionnaise et un affront direct à l’expression démocratique du 7 juillet dernier.
Il est évident que le Président de la République, Emmanuel Macron, n’a rien retenu des leçons de ses revers électoraux récents, ni de la motion de censure qui a été votée à l’Assemblée nationale. Cette nomination relève d’une provocation contre le peuple français et les aspirations légitimes qui se sont exprimées ces derniers mois.
Nous nous interrogeons sur la base et la légitimité de cette nomination. Quel est le fondement démocratique qui justifie la mise en avant de François Bayrou, dont le parti politique ne représente qu’une très faible portion des députés siégeant à l’Assemblée nationale ?
François Bayrou s’est toujours positionné comme un ardent défenseur d’une politique économique de droite, à rebours des attentes majoritaires de la population et des urgences sociales qui s’expriment avec force. La situation exige des réponses urgentes et immédiates en matière de justice sociale et d’égalité. Cette nomination est un retour à la case départ, ignorant totalement le message envoyé par les Français lors des dernières élections.
Face à cet acte irresponsable, Emmanuel Macron doit réévaluer ses choix et agir en homme d’État responsable, prenant en compte les véritables priorités du pays et respectant la voix des citoyens. Il est temps de renouer avec une politique qui place l’intérêt général et la justice sociale au centre de l’action gouvernementale. Le Général de Gaulle a su le faire au moment où cela était nécessaire ».
Philippe Naillet, député de La Réunion 1ère circonscription
« Le Président de la République a choisi une nouvelle fois de ne pas respecter le verdict des urnes qui a pourtant rejeté la politique libérale et de régression sociale conduite depuis 7 ans et qui a été sanctionnée lors des élections européennes, des élections législatives anticipées et tout récemment encore par la censure du gouvernement de Michel BARNIER. Le respect du résultat des urnes aurait du conduire le Président de la République à nommer un Premier ministre de gauche, ouvert aux compromis, puisqu’aucune coalition ne détient la majorité absolue mais que la coalition de gauche avait obtenu le plus grand nombre de députés.
En cohérence, les socialistes ne participeront pas à un prochain gouvernement et demeureront dans l’opposition au Parlement. Dans ce moment qui demande d’être responsable et à la hauteur de la fonction, j’attends du Premier ministre et du prochain gouvernement qu’ils prennent en compte les attentes des Français et plus particulièrement des Réunionnais.
Ma boussole restera la même à l’Assemblée nationale : des avancées telles que nous les avons défendues dans le programme du Nouveau Front Populaire. La justice sociale et fiscale doit primer pour la défense du pouvoir d’achat et des services publics, la préservation des petites retraites, la réussite de la transition écologique et enfin la lutte contre la vie chère. Je serai bien évidemment en pointe sur ce combat contre la vie chère et défendrai dans l’hémicycle le 23 janvier la proposition de loi du groupe socialistes et apparentés.
Pour ne pas risquer la censure, le Premier Ministre doit absolument construire des compromis utiles pour engager la réorientation de la politique gouvernementale. Un changement de méthode est aussi impératif : le Premier ministre doit renoncer à l’usage du 49.3 et apporter des garanties indispensables au bon fonctionnement de nos institutions. Nous lui demandons d’associer aux concertations les forces vives de la société civile en particulier les partenaires sociaux et les associations d’élus locaux. Il lui faut enfin amorcer un véritable changement de cap et se soustraire à la tentation de dépendre du Rassemblement National et de son programme xénophobe.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, toute poursuite d’une politique ou d’une méthode déjà censurée s’expose à la même sanction. La balle est dans le camp du Premier ministre ».
Jean-Hugues Ratenon, député LFI/NFP : « Le dernier des Mohicans de la Macronie »
« Emmanuel Macron a choisi de nommer pour la 3e fois en un an un nouveau Premier
Ministre en la personne de François Bayrou. Finalement, les rencontres, les discussions organisées et les discours avec l’ensemble des partis politiques, à l’exception de LFI-NFP et du RN, étaient encore une fois un leurre. Quelle perte de temps !
Retour à la réalité probablement difficile pour ceux qui ont espéré et rêvé. Cela n’a absolument plus rien d’étonnant pour nous les Insoumis qui avions vu la réalité dès le départ. Loin d’incarner le changement ou une prise en compte des revendications populaires, cette énième nomination s’inscrit dans une logique autoritaire et déconnectée des réalités sociales et politiques.
La nomination de François Bayrou est ainsi la nouvelle ruse de Macron : changer pour que rien ne change ! Pour rappel, François Bayrou a défendu un budget d’austérité avec une baisse de 50 milliards de la dépense publique et une hausse de la TVA. Il a soutenu l’inscription d’une règle d’or dans la Constitution interdisant le déficit de l’Etat. Bayrou est aussi un fervent opposant à la retraite à 60 ans.
Ses idées défendues, notamment lors des présidentielles de 2012 sont les fondamentaux
idéologiques de la macronie. C’est le représentant d’une élite hypocrite et corrompue, solidaire à la politique de Macron et proche de l’extrême droite de Marine Le Pen, à qui il a donné son parrainage lors des présidentielles de 2022. Quelle honte pour la France !
Pour certains membres du NFP, il est maintenant temps de revenir à la maison comme nous
l’ont demandé les Français qui ont voté pour notre programme. Et pour pouvoir l’appliquer, ce Premier Ministre doit être censuré. La chute du gouvernement Bayrou sera aussi celle de Macron ».
Perceval Gaillard, député LFI-NFP de La Réunion : « le Président de la République n’entend pas la colère populaire… »
« La nomination de François Bayrou à Matignon est une preuve supplémentaire que le Président de la République ne comprend rien à la crise politique qu’il a lui-même créée ; n’entend pas la colère populaire ; s’enferme dans son palais élyséen.
Elle est la preuve également qu’il ne servait à rien de participer à la mascarade des « négociations » qui n’en ont jamais été, ni d’être prêt à renier une partie du programme du NFP comme certains de ses membres l’ont proposé. Le Président de la République ne compte pas respecter le résultat des élections et accepter une autre politique que la sienne.
Seul son départ peut régler la crise politique dont il est l’unique responsable. Seule la rupture avec cette 5ème République qui ne fonctionne plus peut empêcher que de telles forfaitures antidémocratiques se reproduisent dans l’avenir.
Nous censurerons ce gouvernement ultra-minoritaire à l’Assemblée et illégitime sur le plan démocratique dès la première occasion afin d’accentuer la pression sur le chef de l’État. Les Françaises et les Français, les Réunionnaises et les Réunionnais ont voté massivement pour l’abrogation de la réforme des retraites, le SMIC à 1600 euros, le blocage des prix ou le rétablissement de l’ISF. Le Président doit se soumettre au vote populaire ou s’en aller ».
Audrey Bélim, sénatrice PS : « la nécessité d’écouter enfin les Français »
« J’adresse mes salutations républicaines à François BAYROU, nommé Premier ministre. Par cette nomination Emmanuel MACRON a finalement désigné un membre du camp macroniste. Une nomination qui ne fait que confirmer l’aveuglement et la surdité de notre président. Sénèque disait : “l’erreur est humaine, persévérer est diabolique”. Notre République doit pourtant sortir d’une impasse causée par 7 années d’un macronisme déconnecté.
Le président de la République persiste à nier les messages que les électeurs lui ont adressés lors des élections européennes puis des législatives. Dernier message qu’il a lui-même souhaité après sa décision irréfléchie de dissoudre l’Assemblée nationale. Ces élections ont placé le Nouveau Front Populaire en tête – sans lui faire gagner les élections cependant – et auraient dû conduire à la nomination d’un ou d’une Première ministre de gauche.
Ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui. Issu du MODEM, le futur gouvernement de François BAYROU doit avoir conscience qu’il n’échappera pas à la remise en cause de la politique économique et sociale mise en œuvre depuis 2017. Les principales préoccupations des Français restent inchangées : pouvoir d’achat, petites retraites, services publics – notamment la santé, l’éducation, protection des citoyens… Elles sont encore plus vives pour les Réunionnais.
Le Parti Socialiste choisit le dialogue parce qu’il se veut responsable dans l’intérêt général. Nous avons fait des propositions constructives qui n’ont pas été entendues par Michel BARNIER.
Le Premier ministre François BAYROU, s’il veut répondre aux inquiétudes des Français, doit avoir une méthode différente. Il doit donc s’éloigner d’Emmanuel MACRON qui porte une lourde responsabilité dans la crise actuelle, recourir d’abord au dialogue et donc ne plus utiliser le 49.3. Il ne peut ignorer l’instabilité politique et l’ambiance anxiogène où nous a amené le président de la République. Et donc de persister dans l’erreur.
A l’image des Françaises et des Français, des Réunionnaises et des Réunionnais qui ont voté contre la politique macroniste, nous nous opposerons à toute tentative de continuité de celle-ci ».