Lors du débat animé sur le budget à l’Assemblée nationale, Frédéric Maillot, député réunionnais, a provoqué l’étonnement en proposant de remplacer l’expression « travail au noir » par « travail dissimulé ». Dans un discours à la fois audacieux et provocateur, il a remis en question l’usage d’une terminologie qu’il considère chargée de connotations négatives.
« Pourquoi associer exclusivement le terme « noir » à quelque chose de péjoratif ? » a-t-il entouré, évoquant la présence persistante de cette connotation dans le langage courant. À ses yeux, des expressions comme « liste noire » ou « mouton noir » véhiculent des jugements de valeur qui pourraient être évités.
️Le député de la Réunion Frédéric Maillot (GDR) a pris la parole dans l’hémicycle de l’Assemblée pour demander à ses collègues de cesser d’employer l’expression « travail au noir ».
« Pourquoi à chaque fois que c’est négatif, c’est le mot noir qui est employé ? »#DirectAN pic.twitter.com/BMGyKPe67o
— Maxime Trédan (@MaxTredan) October 24, 2024
Loin de simplement faire de la sémantique, Frédéric Maillot a voulu engager une réflexion plus profonde sur le langage et ses implications.
Sa sortie n’a pas manqué de provoquer des réactions dans l’hémicycle, certains députés ont affiché un agacement face à son approche jugée déroutante. Pourtant, en posant cette question sur le langage, Frédéric Maillot ouvre un débat sur les mots que nous avons choisis et leur impact sur nos perceptions.
Ainsi, la « provocation » du député Maillot pourrait-elle marquer le début d’un changement dans le discours politique ? Alors que la société évolue vers une prise de conscience croissante des questions de racisme et de discrimination, cette proposition pourrait bien faire office de catalyseur pour une réflexion plus large sur le langage que nous employons et les perceptions qu’il véhicule.
Au-delà du simple débat lexical, c’est un appel à une réévaluation véritable de nos pratiques langagières qui s’imposent, à l’Assemblée nationale comme dans la vie quotidienne. Qui sait, peut-être que cette discussion sur la sémantique contribuera à un changement plus profond dans notre rapport au langage ?
Les origines des expressions « travail au noir », « broyer du noir » et « mouton noir »
L’expression « travail au noir » trouve ses origines au Moyen Âge, où elle désigne un travail illégalement effectué de nuit, en raison de l’interdiction de travailler sans lumière du jour. Parallèlement, « broyer du noir » évoque les peintres qui utilisaient du charbon pour obtenir la couleur noire, souvent associés à la mélancolie. Quant au « mouton noir », il fait référence à la rareté des moutons de cette couleur dans un troupeau majoritairement composé d’animaux à laine blanche, symbolisant ainsi la singularité ou la marginalité. Ces expressions, bien que dépourvues de connotation raciale à l’origine, interrogent aujourd’hui sur leur impact et leur pertinence dans le langage contemporain.