C’est ce lundi 23 septembre que les ministres du gouvernement de Michel Barnier vont se réunir sous la houlette du président de la République Emmanuel Macron. Deux jours après avoir été nommé, cette première rencontre entre les membres du gouvernement et le chef de l’Etat va marquer le début de la mise en œuvre des priorités gouvernementales, notamment la préparation du budget 2025 dans un contexte économique tendu et une majorité parlementaire fragile. Michel Barnier doit faire face à d’importants défis, notamment la gestion des équilibres politiques et la réponse aux critiques venant de l’opposition qui a déjà brandi la menace d’une motion de censure. Notons que les passations de pouvoir vont se faire également durant cette journée de lundi.
Impôts, IVG et retraites
A la veille du conseil des ministres, lors de son interview sur France 2 ce dimanche 22 septembre, Michel Barnier a mis en avant plusieurs priorités de son gouvernement. Il a assuré qu’il n’augmenterait pas les impôts pour les classes moyennes, les travailleurs et les plus modestes, tout en envisageant des hausses ciblées pour les plus riches. Concernant les sujets sociétaux, il a affirmé que les lois de progrès social, comme le droit à l’IVG et la PMA, seraient protégées. Enfin, il a insisté sur l’importance de la cohésion politique et la responsabilité gouvernementale en période de crise économique
La liste du nouveau gouvernement a été annoncée ce samedi 21 septembre, à 19h40 (heure de Paris) par Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée. Un premier conseil des ministres se déroulera ce lundi 23 septembre sous la présidence d’Emmanuel Macron. Le « gouvernement de rassemblement » se dit « prêt à agir au service des Français ». Plus de trois mois après la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République, plus de deux après le second tour des législatives et plus de deux semaines de tractations entre le nouveau Premier ministre nommé le 5 septembre dernier et les partis politiques, notamment ceux de LR et du bloc central (Renaissance, MoDem, Horizons, UDI), Michel Barnier a pu enfin, en concertation avec Emmanuel Macron, boucler la composition du nouveau gouvernement tant attendu. Un gouvernement qui reste très fragile car la gauche, et surtout La France Insoumise, a déjà laissé entendre qu’elle présentera une motion de censure très rapidement. Rappelons que Michel Barnier tiendra son discours de politique générale devant les députés le 1er octobre prochain et que le premier projet de loi gouvernemental relatif précisément aux finances sera présenté au Parlement le 9 octobre.
19 ministres de plein exercice
- Didier Migaud, Garde des Sceaux, ministre de la Justice
- Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les Territoires et de la Décentralisation
- Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur
- Anne Genetet, ministre de l’Éducation nationale
- Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
- Rachida Dati, ministre de la Culture
- Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens combattants
- Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques
- Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie
- Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l’Accès aux Soins
- Paul Christophe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’égalité entre les femmes et les hommes
- Valérie Létard, ministre du Logement et de la Rénovation urbain
- Annie Genevard, ministre de l’Agriculture
- Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi
- Gil Avérous, ministre des Sports et de la Jeunesse et de la Vie associative
- Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
- Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique
- François-Noël Buffet, ministre auprès du Premier ministre chargé des Outre-mer
- Laurent Saint-Martin, ministre auprès du Premier ministre, chargé du budget et des comptes publics.
15 ministres délégués :
- Nathalie DELATTRE, chargée des relations avec le Parlement
- Maud BREGEON, porte-parole du Gouvernement
- Marie-Claire CARRÈRE-GÉE, chargée de la coordination gouvernementale
- Françoise GATEL, chargée de la ruralité, du commerce et de l’artisanat
- François DUROVRAY, chargé des transports
- Fabrice LOHER, chargé de la mer et de la pêche
- Nicolas DARAGON, chargé de la sécurité du quotidien
- Alexandre PORTIER, chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel
- Sophie PRIMAS, chargée du commerce extérieur et des Français de l’étranger
- Marc FERRACCI, chargé de l’industrie
- Marie-Agnès POUSSIER-WINSBACK, chargée de l’économie sociale et solidaire, de l’intéressement et de la participation
- Marina FERRARI, chargée de l’économie du tourisme
- Olga GIVERNET, chargée de l’énergie
- Agnès CANAYER, chargée de la famille et de la petite enfance.
5 secrétaires d’État :
- Laurence Garnier, secrétaire d’Etat à la Consommation
- Othman Nasrou, Citoyenneté
- Thani Mohamed Soilihi, Francophonie
- Salima Saa, Egalité
- Clara Chappaz, Intelligence artificielle et numérique
Réactions
Cyrille Melchior, président du Département
« Suite à l’annonce de la composition du nouveau Gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, je tiens à saluer la volonté de rassemblement avec des Ministres portés vers l’action et l’engagement. Je tiens surtout à saluer la création d’un ministère des Outre-mer de plein exercice, dirigé par François-Noël Buffet, à qui j’adresse toutes mes félicitations. Cela témoigne de la volonté du Premier ministre de consacrer les Outre-mer comme des territoires à forts enjeux, auxquels la Nation doit pleinement se consacrer.
Je voudrais par ailleurs réaffirmer les attentes fortes du Département sur des dossiers majeurs tels que le financement du rattrapage de l’offre en structures d’hébergement pour les personnes âgées et celles en situation de handicap. Sur cette même thématique, la question de l’augmentation des dépenses relatives aux allocations de solidarité (APA, PCH) qui pèse fortement sur les finances de la Collectivité départementale doit être traitée avec sérieux et pragmatisme.
Parmi les autres sujets importants, celui du logement, de la vie chère ou encore de l’emploi figurent parmi les priorités sur lesquelles nous souhaitons interpeler rapidement le Gouvernement afin qu’un travail soit mené, en étroite concertation avec les Collectivités territoriales. Je ne manquerai pas de sensibiliser les Ministres compétents sur ces sujets cruciaux pour l’avenir de notre île, tout en rappelant notre attachement à une nécessaire stabilité institutionnelle, gage d’un travail efficace dans un contexte apaisé. »
Audrey Bélim, sénatrice de La Réunion
Huguette BELLO, Présidente PLR
législatives.
sanctionnés par les urnes. Ni la droite, ni les macronistes n’ont reçu l’aval du peuple pour gouverner, et leur retour en force au sein de l’exécutif constitue un déni de démocratie inacceptable.
l’extrême droite, marque l’officialisation de l’entrée de cette mouvance au sein de l’appareil d’État. Cela représente une atteinte grave aux
valeurs républicaines et démocratiques du pays.
citoyens. Son existence même ne tient qu’à la complaisance de l’extrême droite, qui profite de cette situation pour accroître son influence sur les institutions de notre pays.
majorité issue des urnes peut prétendre gouverner avec légitimité. La voix du peuple ne peut être ignorée ni détournée. Nous resterons vigilants et déterminés à défendre une démocratie saine, respectueuse des choix exprimés par les électeurs. »
Jean Hugues RATENON, député de La Réunion
« L’annonce de ce gouvernement est la confirmation de l’ultra droitisation de l’exécutif et la poursuite de la politique néfaste de Macron.
Un gouvernement de perdants au pouvoir, du jamais vu, une première sous la 5ème République. C’est une insulte à la démocratie. Un comportement qui n’est pas pour redorer l’image déjà bien abimée de la classe politique. Ce gouvernement comporte de nombreux ministres macronistes et par conséquent c’est très loin d’une cohabitation mais plutôt un simple remaniement ministériel.
Par rapport aux votes des français, c’est une trahison de l’expression populaire, c’est un hold up du suffrage universel.
Macron et Barnier représente – de 40% dans l’hémicycle ; 6 dixièmes de l’Assemblée s’opposent à cette politique menée depuis 7 ans !!! Et donc, ce gouvernement de perdants ne peut pas passer le cap de la motion de motion de censure.
Dans le cas contraire les masques tomberont. Madame Le Pen et le RN, après avoir donné la bénédiction à la nomination de Barnier, donneront l’absolution à la poursuite de la politique de Macron. »
Michel Fontaine, président de la Fédération Les Républicains de La Réunion
« Au nom de la Fédération Les Républicains de La Réunion, je salue chaleureusement l’installation du nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier.
Dans un monde frappé par des crises d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, notre pays se trouve à un tournant décisif. La France souffre, et les Français attendent des réponses claires et fortes à leurs préoccupations quotidiennes.
Il est plus que jamais urgent d’agir : redonner du pouvoir d’achat, valoriser le travail, et restaurer le lien de confiance qui s’est distendu entre les élus et la population. Comme le disait si justement le général de Gaulle : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. »
L’heure n’est plus à la politique politicienne mais à la confiance et à la concorde en ayant une véritable vision gaulienne des politique publique avec la bonne volonté de toutes les forces vive de notre pays pour qu’ensemble nous réussissions à relever les défis de notre temps.
Nous avons toutes confiance dans notre famille politique, de veiller à ce que l’intérêt supérieur de la nation demeure notre priorité absolue. C’est ce message d’espoir que je perçois dans la nomination de figures éminentes de notre famille politique à des postes clés.
Je forme le vœu que ce nouveau gouvernement réussisse à relever les défis qui l’attendent, et adresse mes encouragements et félicitations à l’ensemble de la nouvelle équipe gouvernementale ».
La Fédération Réunionnaise du Parti Socialiste
« La nomination du gouvernement de Michel Barnier est la concrétisation du déni démocratique enclenché par le Président de la République au lendemain du 2nd tour des dernières législatives. Le changement de cap n’a pas eu lieu et nous craignons la poursuite d’une politique toujours plus injuste.
Pire, les choix opérés avec de nombreuses personnalités issues des rangs de l’ancienne UMP, parmi les plus conservatrices, confirment les priorités et orientations politiques qui seront prises dans les mois à venir. À peine nommé, il est déjà question de coupes budgétaires pour les Outre-mer ou la biodiversité.
Or, les crises que traversent notre pays exigent des réponses progressistes, notamment en matière de justice sociale et fiscale, en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, et de transition écologique.
Nous attendons des actes forts pour soutenir notre population et notre territoire parmi les plus touchés. Le gouvernement doit impérativement intégrer le réflexe Outre-mer et l’adaptation aux spécificités locales dans son action.
La Fédération Réunionnaise du Parti Socialiste demande à ce que les questions sociales et économiques de notre territoire soient placées au
centre des préoccupations nationales. Nous serons particulièrement attentifs aux mesures qui seront prises pour lutter contre la vie chère, soutenir les emplois locaux et renforcer les services publics, en particulier dans les secteurs de la santé et de l’éducation, au bord de la rupture.
Nous rappelons que les Outre-mer ne peuvent plus être la variable d’ajustement des politiques nationales. La solidarité nationale doit pleinement jouer et nous appelons Michel Barnier à ouvrir un dialogue respectueux et constructif avec nos élus locaux, afin de répondre aux aspirations légitimes des Réunionnaises et des Réunionnais. »
Philippe Naillet, député de la 1ère circonscription de La Réunion
« Après 61 jours d’attente et de luttes d’influence entre les Macronistes et les Républicains; et ces derniers jours entre le Président de la République Emmanuel Macron, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal et l’actuel Premier ministre Michel Barnier, nous connaissons depuis samedi soir la composition du gouvernement. C’est le gouvernement des battus du 7 juillet avec presque autant de ministres macronistes
que de ministres républicains. C’est le gouvernement le plus à droite depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. On continue la politique libérale qui fracture notre pays.
Pour le ministère des Outre-mer, François-Noël Buffet ne s’est pas particulièrement distingué dans le passé sur les questions ultramarines. Alors que dans le même temps, les plafonds de dépenses prévisionnels pour l’examen du Projet de loi de Finances prévoient une baisse de 200 millions d’euros pour la Mission Outre-mer, ce qui n’est pas acceptable. 200 millions d’euros, c’est moins de crédits pour le logement, moins de crédits pour les aides économiques aux entreprises, moins de crédits pour la continuité territoriale, moins de crédits pour les collectivités territoriales…
Les Réunionnais comme les Ultramarins ne sont pas responsables de la situation budgétaire. Les responsables sont le Président de la République Emmanuel Macron, ses différents Premiers ministres et Bruno Le Maire. Il est scandaleux que nous devions payer pour les cadeaux fiscaux faits aux grandes entreprises et aux plus riches alors même qu’ils n’en avaient pas besoin.
Rapporteur de la Mission Outre-mer pour avis, je serai au combat pour défendre les intérêts des Réunionnaises et des Réunionnais, m’opposer à toute baisse des crédits de la Mission Outre-mer et remettre au coeur du débat le sujet de la vie chère. »
Jean-Jacques Morel, conseiller régional du Rassemblement National
« Comme tous les Réunionnais, je suis très inquiet face aux immenses difficultés qui menacent la France et donc La Réunion. Je formule pour les Réunionnais, mes vœux de réussite afin d’atténuer leurs souffrances.
Cependant les soutiens locaux au gouvernement Barnier ne me rassurent pas. C’est la vieille droite qui a rejoint depuis longtemps la macronie. Et ceux sont les mêmes qui ont fait alliance avec le parti socialiste dionysien pour offrir, on s’en rappelle, la région à la gauche, bref, l’UMPS ».
Olivier HOARAU, Président de Ansanm
« HÉLAS, UN GOUVERNEMENT LOIN DU CHOIX DES FRANÇAIS ! Un gouvernement de droite, constitué avec l’autorisation du RN, a été nommé.
On constate que c’est, à peu de chose près, la même configuration d’avant les élections législatives, alors même que celles-ci ont fait arriver la gauche en tête du scrutin.
Il s’agit là d’un acte abject d’Emmanuel MACRON et de son 1er Ministre, exprimant un déni de démocratie. Nous sommes entrés en dictature sous l’emprise d’un tyran.
Nous avons tout à craindre de cette gouvernance, voire tout à perdre :
- Pouvoir d’achat ;
- Logement ;
- Immigration ;
- Impôts…
La politique du « On ne touche pas aux riches » au détriment des classes moyennes et des plus fragiles, va s’accentuer. Et les promesses de Michel Barnier ne présagent rien de bon, sinon que la casse sociale restera sa priorité.
L’indifférence de cette gouvernance à la situation dramatique de nos territoires s’affiche outrageusement quand, au lieu d’entendre et de prendre en compte les souffrances de nos frères antillais, on leur envoie des CRS !
L’annonce d’une baisse de 9% du budget des Outremers montre aussi la déconnexion de ce « nouveau » gouvernement avec nos réalités démographiques, socio-économiques, environnementales et institutionnelles. Ne s’agirait-il pas plutôt d’un préambule au largage des Outremers ? Il semble bien que le « dégagisme » soit en train de changer de camp.
Nous attendons du Ministre des Outremers qu’il vienne prendre la main que nous lui tendons. Pas celle du mendiant, mais celle du partenaire capable de traiter d’égal à égal avec lui pour co-construire un destin à la hauteur des défis qui se posent à nous.
Nous sommes prêts à défendre âprement notre avenir dans une République libre, solidaire et fraternelle. »