Transitions de genre chez les mineurs : Audrey Bélim vote contre le texte

« Protégeons nos adolescents face à l’obscurantisme », explique la sénatrice socialiste dans un long communiqué de presse. « Hier, le Sénat a examiné une proposition de loi visant à encadrer les transitions de genre chez les mineurs. J’ai voté contre ce texte, comme l’intégralité du groupe socialiste. Je m’indigne d’un tel texte qui stigmatise les personnes parmi les plus vulnérables de notre société : les adolescents trans.
La Défenseure des droits, dans un avis sur ce texte en date du 6 mai dernier, rappelle des notions essentielles et pourtant largement ignorées : “l’identité de genre correspond à l’expérience intime et personnelle de son genre vécue par chacun et chacune, indépendamment de ses caractéristiques biologiques. Les personnes transgenres sont des personnes dont le genre ne correspond pas à celui qui leur a été assigné à la naissance. Elles peuvent, à tout moment au cours de leur vie, décider de s’engager dans un parcours de transition. Pour les mineurs, le fait de décider de s’engager dans un parcours de transition est soumis à l’autorité parentale.”
Le texte du groupe Les Républicains prévoit l’interdiction des bloqueurs de puberté, de traitements hormonaux et de la réalisation d’opérations chirurgicales de « réassignation sexuelle ». Regardons les faits. Lorsque des mineurs transgenres effectuent une transition, cela concerne avant tout le volet social, c’est-à-dire la reconnaissance par leur entourage de leur identité, avec par exemple l’utilisation d’un prénom différent de celui qui était précédemment utilisé. Les demandes de transition médicale, objet de la proposition de loi, demeurent extrêmement rares pour les mineurs : seulement 294 selon une étude de l’Inspection générale des Affaires Sociales. De plus, en France, il n’y a pas d’opérations génitales sur des personnes mineures transgenres. Les adolescents transgenres ont
davantage recours à des bloqueurs de puberté ou à un traitement hormonal féminisant ou masculinisant à condition, toujours, que leurs parents soient d’accord.
C’est ce que le texte adopté par le Sénat interdit. Je tiens à rappeler que la transition de genre est un processus encadré qui se fait sous le contrôle médical avec un accompagnement d’expert : pédopsychiatre, endocrinologue, psychologue. Je tiens également à souligner que les personnes transgenres ont en moyenne bien plus de troubles anxieux et un taux de suicide bien plus important que le reste de la population : la stigmatisation et le rejet conduisent à un taux de passage à l’acte effrayant se situant entre 30 % et 50 %. Plusieurs études soulignent les bénéfices des bloqueurs de puberté et des autres traitements hormonaux sur la santé mentale, l’insertion sociale et la qualité de vie des personnes transgenres. Il s’agit donc d’un enjeu de santé et de bien-être. Les trans souffrent déjà d’un grand mal-être. Ce texte vise à les empêcher de trouver le chemin de l’acceptation et du bonheur.
J’ai voté contre ce projet de loi rétrograde et transphobe. J’ai voté pour ces jeunes qui se sentent prisonniers d’un corps, pour ces jeunes qui souffrent et choisissent le suicide sans avoir pu vivre leur vie, pour ces jeunes qui rêvent d’un monde de tolérance et de bienveillance.
Ce texte a fait l’objet de l’opposition des groupes de gauche, du groupe de la majorité présidentielle et du Gouvernement : il n’aura donc que de faibles chances d’être adopté par l’Assemblée nationale. Il envoie cependant un signal désastreux à notre jeunesse et à l’ensemble de notre société.
C’est pourquoi je veux le rappeler : que ce soit en matière de transphobie, d’homophobie, de sexisme ou de racisme, ce ne seront jamais la haine et l’intolérance qui gagneront mais bien la liberté, l’égalité et la fraternité ».

Audrey
BÉLIM

Audrey BÉLIM
Sénatrice de La Réunion

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