L’Assemblée nationale a décidé d’augmenter l’avance de frais de mandat (AFM) des députés d’un peu plus de 300 euros par mois, en justifiant cette décision par l’inflation, selon des sources parlementaires citées par l’Agence France-Presse.
Cette décision, approuvée par le bureau, la plus haute instance de l’Assemblée nationale, a recueilli le soutien de tous les groupes politiques, à l’exception de LFI qui s’est abstenu.
En conséquence, l’AFM passe de 5 645 euros à 5 950 euros (+5,4 %) par mois.
De plus, les députés ont élargi l’AFM pour inclure la prise en charge des frais de garde d’enfants, à condition que les députés ne sollicitent pas de déductions d’impôts simultanément.
Réaction des députés Emeline K/BIDI, Karine LEBON et Frédéric MAILLOT à l’augmentation indécente des frais de mandat des députés
« LA POPULATION D’ABORD ! »
« C’est par voie de presse que nous avons appris mercredi soir l’augmentation des frais de mandat des députés. Précisons tout d’abord que cette décision a été prise par le Bureau de l’Assemblée nationale, soit 22 députés – en majorité macronistes – sans concertation préalable et sans vote en hémicycle.
Précisons également que cette augmentation concerne uniquement l’avance de frais de mandat (AFM) dont l’utilisation est contrôlée et qui permet de régler les coûts de fonctionnement des députés (location et fonctionnement de la permanence, déplacements, représentation, etc.).
Néanmoins, dans un contexte de forte inflation, alors que de nombreux Français et que davantage de Réunionnais peinent à se nourrir et se loger convenablement, cette augmentation est indécente.
Depuis notre élection, nous n’avons cessé de nous battre pour l’augmentation des salaires et pour le pouvoir de vivre des Réunionnaises et des Réunionnais, dont 36% vivent en dessous du seuil de pauvreté !
Augmentation du SMIC, création d’un revenu étudiant, plafonnement des loyers, encadrement des prix, etc. : nos demandes ont systématiquement été rejetées par le gouvernement Macron et ses députés, des élus hors-sol, au service de leurs propres intérêts.
Nous réaffirmons ici que la priorité doit d’abord et avant tout être donnée à la population, aux plus fragiles, aux plus pauvres, aux classes moyennes étranglées par les taxes et l’augmentation du coût de la vie. I fo soley i lev pou nout tout ! »
Jean Hugues RATENON : « une augmentation choquante »
« Cette décision, dans le contexte actuel d’inflation, de vie chère et de catastrophe naturelle à La Réunion est indécente, insensée, choquante. Une décision qui a été prise sans concertation, ni débats dans l’hémicycle ou en commission de l’Assemblée Nationale.
Cela a été décidé unilatéralement par le bureau de l’assemblée nationale. Seul mon groupe LFI s’est abstenu. Le bureau prétexte que c’est en raison de l’inflation que cette augmentation est nécessaire. Je m’élève contre cet argument. Car s’il y a inflation, il y a l’inflation pour tout le monde. En premier par les personnes âgées, les travailleurs au smic, les bénéficiaires de minimas sociaux, etc.
C’est d’autant plus indécent que cette augmentation s’ajoute aux 253 euros de plus appliqués au 1 er juillet 2022 qui découlent de l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires.
En 18 mois, ces augmentations représentent 553 euros de plus pour les députés !!! C’est à dire plus que le montant du RSA, plus que la plupart des retraites agricoles et presque que la moitié d’un smic ! Inadmissible.
Alors que des familles réunionnaises ont dû jeter de la nourriture, d’en racheter, qui doivent remplacer des matériels électroménagers grillés à cause des coupures de courant, qui ne savent comment payer le loyer et les différentes factures qui arrivent, et notamment celle d’EDF qui va augmenter de 10% au 1 er février ; que les agriculteurs ont beaucoup perdu et ne savent pas quand ils vont être indemnisés ; cette augmentation est immorale.
Ce bureau à la botte de Macron et des riches devrait plutôt accepter d’augmenter les salaires, les minimas sociaux, les retraites. »
Philippe Naillet : « une hausse indécente »
« J’ai appris avec stupéfaction que le Bureau de l’Assemblée nationale a pris la décision d’augmenter l’Avance de Frais de Mandat (qui règlent les coûts de fonctionnement des députés) de 300 euros par mois.
Cette décision n’a pas fait l’objet d’un vote des députés en séance. Cette hausse est indécente au moment où les Français comme les Réunionnais vivent depuis trop longtemps et durement la crise (cherté de la vie, chômage, entreprises en difficulté, absence de logements). Elle intervient après l’annonce du Gouvernement de la hausse du prix de l’électricité de près de 10 %.
Je précise que ni moi, ni le groupe socialiste auquel j’appartiens, n’avons demandé l’augmentation de cette avance de frais de mandat. Je m’engage à rendre cette somme à l’Assemblée nationale », écrit le député socialiste de la 1ère circonscription Philippe Naillet.