A compter d’aujourd’hui et jusqu’à ce vendredi 8 septembre. Les candidats devront déposer leur liste à la préfecture. Le scrutin se déroulera le dimanche 24 septembre. Seuls les grands électeurs (élus communaux, régionaux et départementaux…) voteront pour élire les quatre sénateurs. Ils seront au nombre de 1 388. Le dépouillement se fera à partir de 18 heures le dimanche 24 et les résultats seront proclamés dans la foulée. Les (heureux) élus siègeront au Sénat (Palais du Luxembourg à Paris) durant 6 ans. Rappelons que jusqu’à ce 24 septembre, les quatre sénateurs de la Réunion, élus depuis 2017, sont : Viviane Malet (LR), Nassimah Dindar (UDI), Jean-Louis Lagourgue (DVD) et Michel Dennemont (ex centriste devenu Renaissance). Les deux derniers ne se présentent plus.
Voici un extrait du Ti Kozman de vendredi dernier, 1er septembre, pour comprendre l’enjeu ou plutôt les enjeux politiques de cette élection :
Comme j’ai eu l’occasion de vous l’annoncer plus d’une fois, les principaux partis politiques vont présenter une liste. Ericka Bareigts l’a officiellement fait dimanche dernier à Sainte-Suzanne. La patronne des socialistes, maire de Saint-Denis, a concocté une plateforme avec les maires de Saint-Benoit (Patrice Selly/Banian), Le Port (Olivier Hoarau/Ansam), Sainte-Suzanne (Maurice Gironcel/PCR) et Cilaos (Jacques Técher/PCR, normalement !). La liste co-construite par ces cinq maires se compose ainsi, dans l’ordre : Audrey Belim (conseillère municipale et départementale PS à Saint-Denis), Jean-Michel Vital (adjoint Banian de Selly à Saint-Benoit), Annie Hoarau (adjointe au maire de Cilaos), Armand Mouniata (adjoint au maire du Port), Geneviève Hoarau (secrétaire générale d’Europe Ecologie Les Verts/EELV) et Jean-Marcel Poïny (adjoint au maire de Sainte-Suzanne).
Une liste sera présentée par Huguette Bello avec à sa tête la conseillère régionale Evelyne Corbière (secrétaire de l’UFR/Union des Femmes Réunionnaises), suivie de Laurent Papaya (adjoint au maire de Saint-André). Concernant la composition de cette liste PLR/Progrès/LFI (La France Insoumise), je n’ai pas d’autres indiscrétions pour le moment si ce n’est que ce que je vous ai déjà révélées, à savoir l’éjection de Wilfrid Bertile (conseiller régional) qui avait été pressenti depuis 2021 pour être la tête de liste de la majorité régionale. Le temps d’une sénatoriale, ladite majorité régionale a quelque peu été mise entre parenthèses, comme on peut le constater avec le clan Bareigts d’un côté et celui de Bello de l’autre. Bareigts qui a avec elle un vice-président de Région en la personne de Jacques Técher. En sachant aussi que l’adjoint de Selly, Patrice Boulevart est également vice-président de Région. Au-delà de cette guéguerre d’influence ou de leadership à gauche, le plus grand cocu de ce scrutin reste incontestablement Wilfrid Bertile, élu pourtant loyal et fidèle à Bello qui, malgré tout, a été bordé comme une vieille chaussette alors que, même si j’ai beaucoup de respect pour les candidat.tes (pas tous), s’il y avait bien quelqu’un qui avait le profil idéal pour être sénateur (âge, bagage intellectuel, esprit d’ouverture etc…), c’était bien Bertile.
Mais la parole qui lui avait été donnée n’a pas été respectée. Patrick Lebreton (Ptogrès) a pensé pouvoir placer un de ses bonhommes en la personne d’Henri-Claude Morel, mais c’était sans compter Joé Bédier (UDSA), maire de Saint-André, qui a haussé le ton pour obtenir la seconde place en faveur de son adjoint Laurent Papaya. Saint-André, commune de près de 60 000 habitants et disposant d’un nombre plus important de grands électeurs par rapport à Saint-Joseph. Je l’ai déjà écrit aussi, à gauche, ces sénatoriales sont un avant-goût des régionales de 2028. C’est celle qui décrochera deux postes de sénateur.ces qui deviendra la patronne. Bareigts ou Bello ? Réponse le 24 septembre. La compétition est lancée. Le plus dur ce sera de maintenir la majorité régionale jusqu’en 2028.
C’est également l’objectif de Michel Fontaine : s’imposer comme le véritable patron de la droite locale et l’interlocuteur privilégié du gouvernement. Il présentera la liste suivante : Viviane Malet (sénatrice sortante), Stéphane Fouassin (maire de Salazie), Nassimah Dindar (UDI et élue de la majorité municipale de Saint-Denis), Bruno Domen (qui jusqu’à la semaine dernière était l’un des fervents soutiens du candidat Jacques Tillier). Sur cette liste, il devrait y avoir également un élu de Saint-Philippe.
Pas besoin d’avoir d’être un stratège politique pour savoir que chaque « grosse écurie » aura un sénateur : Audrey Bellim pour la liste de Bareigts ; Evelyne Corbière pour la liste de Bello et Viviane Malet pour la liste Fontaine. Le maire de Saint-Pierre et président de la Civis a avec lui Cyrille Melchior, le président du Département, André-Thien-Ah-Koon (maire du Tampon et président de la Casud), sans oublier d’autres maires tels que Serge Hoareau (Petite-Ile), Jeannick Atchapa (Bras-Panon), Olivier Rivière (Saint-Philippe), Mathieu Hoarau (Etang-Salé), Bruno Domen (Saint-Leu) qui a été ramené dans le giron de la droite Fontainiste par son amie Juliana M’Doihoma (Saint-Louis).
D’ailleurs, à l’exception de la maire de Saint-Louis, tous les autres ont participé le mercredi 30 août dernier au Département, au déjeuner offert par Cyrille Melchior au ministre des Outremers Philippe Vigier.
Ça c’est pour les listes soutenues par les « grosses » écuries. Il y a également des « petits » candidats (avec des majorités ou oppositions municipales ne comptant pas beaucoup de grands électeurs) que sont : Michel Vergoz (Trait d’Union) ; Jean-Jacques Morel (centriste qui pense avoir le soutien des élus de l’opposition de Saint-Denis et celui de Jean-Marie Virapoullé, vice-président de Melchior); Mario Lechat (qui a le soutien des élus de la majorité municipale de Sainte-Marie ; Le communiqué de presse est tombé comme par hasard le jour de l’arrivée dans l’île du ministre des Outremers). Un brin filou ce Mario Lechat, pharmacien, homme d’affaires et élu municipal à Sainte-Marie qui, paraît-il, s’est invité mercredi 30 août, au soir, à un pot militant avec le ministre Philippe Vigier au Cinépalmes.
Autre « petit » candidat : Jacques Tillier, patron du JIR (Journal de l’île de la Réunion) dont le thème principal de campagne est « la défense des élus », un peu comme le bourreau qui défend les condamnés à la guillotine. C’est une image ! Jacques Tillier a le soutien d’Eric Ferrère (maire des Avirons), de Daniel Pausé (maire de Trois-Bassins) et de Bachil Valy (maire de l’Entre-Deux dont le directeur de cabinet est aussi le directeur de campagne de Tillier). Reste à savoir si ces quatre « petits » candidats iront jusqu’au bout. Toutes et tous pourront faire acte de candidature auprès de la préfecture du 4 au 8 septembre.
Précisons encore qu’il s’agit d’un scrutin très complexe dans le sens où tous les soutiens annoncés ne suivront peut-être pas forcément. En clair, les maires ont de moins en moins d’autorité sur leur équipe et il ne fait pas de doute que nombre d’entre eux vont « partager » les voix pour ne pas faire de jaloux et ne pas se griller définitivement avec les porteurs de chéquiers, c’est-à-dire soit avec le patron de la Civis, soit avec la présidente de Région, soit avec celle qui pourrait d’ici à 2028 se retrouver à la tête de la Région. Qui décrochera le deuxième poste (le quatrième sénateur après Belim, Corbière et Malet) ? C’est sûrement la liste qui arrivera en tête du scrutin aura plus de chance d’avoir un deuxième sénateur.