Florence Chane-Tune, avocate de profession, était la suppléante d’Alexandre Laï-Kane-Chéong (Alek) lors des législatives de juin 2022 dans la 6ème circonscription. Ce dernier a été déclaré « inéligible » pendant une durée d’un an par le Conseil Constitutionnel. Une décision qui est tombée la semaine dernière. « inéligibilité » suite à un problème de compte de campagne. Dans un communiqué intitulé « les banqsues et la démocratie en 2023″ et au nom du PCO (Parti Croire et Oser) –
« L’union Contestataire », Florence Chane-Tune réagit : » Malheur à ceux qui osent s’affronter aux politiques bien établis ! En politique, on n’aime pas les têtes nouvelles, surtout lorsqu’elles passent le premier tour et qu’elles totalisent plus de 47 % des suffrages au second.
Le monde politique est un petit monde bien fermé et tout est bon pour dissuader quiconque qui souhaiterait apporter du sang neuf en dehors des partis politiques traditionnels. Ainsi, les comptes de campagne des dernières élections législatives d’Alexandre Laï-Kane-Cheong ont été rejetés et il a été déclaré inéligible pendant un an par le Conseil constitutionnel. Pourquoi ?
Tout simplement parce-que, pour être candidat, il faut ouvrir un compte bancaire dédié à la campagne électorale. Bien évidemment, le compte sert à tracer les dépenses de campagne et pas une seule ne doit lui échapper. Sauf que lorsque vous ne faites pas partie du petit monde politique, toutes les banques refusent systématiquement d’ouvrir votre compte de campagne. Et c’est là où le bât blesse.
Car tous les candidats ne sont pas traités à la même enseigne : celui qui a « le bras long », celui qui a « du réseau », celui qui est déjà « connu sur la place »…aura un compte ouvert très rapidement à la Banque. Et puis, il y a celui qui n’est pas connu,
ou qui « dérange »…celui-là aura beaucoup de mal à obtenir l’ouverture de son compte!
Et sans compte de campagne, le candidat n’a aucun moyen pour la campagne. En effet, il faut pouvoir assumer du matériel électoral, notamment les impressions des tracts, des affiches… lesquelles obéissent à des règles très spécifiques et sont à
réaliser dans des délais très courts.
Si d’aventure ces délais ne sont pas respectés, le candidat ne pourra pas mener une campagne digne de ce nom. Ce qui est encore plus révoltant est que les Banques peuvent refuser d’ouvrir le compte sans se justifier, sans compter qu’elles
disposent d’un délai maximum de 15 jours pour répondre. Et, comme par hasard, elles le font toujours dans les derniers jours.
Jamais avant ! Et à chaque fois, voilà quinze jours de perdu.
Les pouvoirs publics cautionnent ouvertement cette situation puisque personne n’ose critiquer cette toute puissance bancaire, que beaucoup vivent au quotidien.
Mais en France, on ne touche pas aux Banques. Ou si peu…
Bien sûr, le candidat peut alors formaliser un recours auprès de la Banque de France à la suite de ces refus, laquelle contraint alors un établissement bancaire à ouvrir un compte.
Tout cela par courrier, bien évidemment, avec l’éloignement que l’on connaît car rien n’est prévu, comme d’habitude, pour les insulaires. Une illustration supplémentaire de la survivance bien connue du passé…
Dans le cas présent, ce qui a été pointé par le Conseil constitutionnel sont les paiements qui ont été réalisés directement au fournisseur avant l’ouverture du compte bancaire, ces paiements ayant été réintégrés une fois le compte de campagne ouvert. C’est tout. C’est juste cela.
Si Alek avait voulu bien faire les choses, il aurait dû attendre l’ouverture du compte bancaire et faire patienter son fournisseur pendant plusieurs semaines. Inadmissible ! Mais cette justification ne semble pas émouvoir le Conseil constitutionnel.
On ne s’appesantira pas sur les leçons de gestion de Paris qui n’est pas le meilleur des exemples en matière de paiement.
Chacun appréciera cette belle leçon de démocratie : en théorie, tous les candidats sont égaux mais, en pratique, certains sont plus égaux que d’autres… Egalité démocratique à 2 vitesses ».